Pénurie de biens, frein des constructions… Le logement est en crise, certains parlent d’une bombe sociale. Alors comment sortir de l’impasse ? Le ministre délégué au logement, ancien maire de Dunkerque, Patrice Vergriete répond à nos questions dans Dimanche en Politique.
Sans parler de krach immobiliser comme l’évoquent certains, le ministre délégué partage le constat de crise : "la réalité aujourd’hui c’est que les prix immobiliers ont fortement grimpé au cours des 15 dernières années et comme les taux d’intérêt ont fortement augmenté comme le coût des matériaux a fortement augmenté, donc le coût de la construction et bien, on a un décalage entre le pouvoir d’achat immobilier des ménages et les prix", et d’ajouter "là-dessus, il faut travailler pour amortir le choc."
Face au manque de logement, les étudiants sont en première ligne, notamment dans la métropole lilloise où le syndicat "l’union étudiante" a dénombré au moins 60 étudiants sans solution d’hébergement. En France, ce sont 12% des étudiants qui renonceraient à leurs études en raison de problèmes de logements, d’après un sondage Opinionway. "C’est choquant" regrette le ministre qui dit avoir l’intention de prendre le problème à bras-le-corps tout en dénonçant : "Si on a un problème de logement étudiant aujourd’hui c’est parce qu’on n’a pas assez construit par le passé". "Il faut utiliser les terrains sur les campus universitaires pour construire" affirme l’élu dunkerquois qui souhaite aussi accélérer la transformation de bureaux vides en logement, pour les étudiants notamment.
Autre point noir, qui nuit aux étudiants et au marché locatif classique, la multiplication de logements meublés loués via des plateformes type Airbnb ou Booking, avec des prix prohibitifs, notamment lorsqu’on lieu des événements, comme récemment la Coupe du monde de rugby. "C’est un véritable problème", reconnaît Patrice Vergriete. "Il faut faire un alignement de la fiscalité", mais ça ne suffira pas, on travaille avec le gouvernement pour donner aux collectivités locales, la possibilité de plus réguler ce marché.
Rénovation thermique et Zéro artificialisation nette
Alors que 192 900 personnes étaient en attente d’un logement social l’an dernier, rien que dans la région. Le ministre s’est engagé lors du Congrès HLM à financer à hauteur de 1.2 milliard d’euros sur 3 ans, le coût de la rénovation thermique de ces logements, permettant ainsi aux bailleurs sociaux de continuer à construire pour faire face à une demande croissante.
Par ailleurs, le ministre délégué a maintenu l’ambition gouvernementale d’interdire les locations de passoires thermiques (logements classés G dès 2025). Des locations encore nombreuses dans notre région. "Il faut mieux isoler les logements" pour faire baisser les factures énergétiques. Contrairement aux demandes de certains élus, le calendrier sera maintenu avec un système d’accompagnement des propriétaires, qui ont le droit à des aides de rénovation.
Pas d’assouplissement prévu non plus pour le dispositif zéro artificialisation nette qui prévoit de diviser par 2 d'ici à 2030 les terres constructibles. "Il va falloir urbaniser autrement. Plutôt qu’étendre l’agglomération, essayer de reconquérir ces friches, ça coûte plus cher, c’est plus compliqué, mais l’État veut accompagner ces transformations", explique Patrice Vergriete. "On n’a pas le choix, la transition écologique, ce n’est pas une option". Pour le ministre, "à chaque fois qu’on retarde un calendrier de la transition écologique, c'est un fardeau de plus qu’on donne à nos enfants."