Plus de 200 communes ont été reclassées en zone tendue avec une évolution de leur catégorie, dont 17 villes des Hauts-de-France qui ont intégré les échelons les plus élevés, à savoir A ou B1. Une décision qui a pour but de faciliter le développement de l’accession à la propriété et du logement intermédiaire.
17 villes des Hauts-de-France ont intégré les échelons les plus élevés des zones tendues (A ou B1), mardi 3 octobre par un arrêté du ministre chargé du Logement, Patrice Vergriete, et du ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave. Dans le Nord les villes concernées sont Coudekerque-Branche, Dunkerque, Grande-Synthe, Gravelines, Hazebrouck, Mouvaux, Sin-le-Noble et dans le Pas-de-Calais, Arras, Berck, Cucq, Etaples, Le Touquet-Paris-Plage, Merlimont, Neufchâtel-Hardelot, Saint-Martin Boulogne. On trouve également Château-Thierry, dans l'Aisne, et Senlis, dans l’Oise.
Au total, ce sont plus de 200 communes qui ont été reclassées, ce qui concerne 4.5 millions d’habitants. Une appellation qui correspond au zonage ABC du gouvernement, qui effectue un classement des communes “en fonction du déséquilibre entre l’offre et la demande de logements”, selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le déséquilibre, principal critère, se définit à travers différentes dynamiques, comme l’évolution de la démographie, les prix immobiliers et le niveau des loyers d’habitation.
Solution d'urgence
“Une très bonne solution qui répond à l’urgence de la situation dans ces villes”, a réagi Franck Dhersin, sénateur du Nord et conseiller régional des Hauts-de-France contacté. Une aide notamment bienvenue pour Dunkerque, comme évoqué par le ministre chargé du Logement, Patrice Vergriete, sur le plateau de France 3 pour l’émission Dimanche en politique. En tant qu’ancien maire de Dunkerque, celui qui est toujours président de la communauté urbaine de Dunkerque se réjouit de ce reclassement pour “permettre d’améliorer les dispositifs et accélérer la production de logement.”
Surtout dans un contexte où, il le rappelle, le dunkerquois doit accueillir 20.000 emplois, notamment avec l’arrivée de deux gigafactories : “Il faut construire du logement client et du logement social, à peu près la moitié. Actuellement, nous avons du foncier disponible et nous essayons de trouver des opérateurs pour construire”, indique-t-il. L’objectif ? La construction de 11.000 logements, soit 1.200 logements par an au lieu des 700 initialement prévus.
Soutien aux logements abordables
Des projets qui devraient être facilités par ce reclassement puisque la zone définit le revenu maximum pour avoir accès à un logement social, au prêt à taux zéro et au prêt d’accession sociale. Dans ces villes, le préavis passe de 3 mois à 1 mois. Les bailleurs peuvent également prétendre à une réduction d’impôts et être soumis à des plafonds de loyers. Pour les 154 communes qui intègrent les catégories les plus élevées, A ou B1, l’accueil de logements locatifs intermédiaires, destinés aux classes moyennes, sera facilité et plus globalement, la construction de logements doit également être intensifiée.
L’ancien vice-président du conseil régional des Hauts-de-France, Franck Dhersin, considère toutefois que ce reclassement “ne sera pas suffisant” : “Il faut trouver d’autres axes, c’est une réponse partielle urgente mais ce n’est pas suffisant, ce n’est pas cela qui va permettre de combler les 150.000 logements qui manquent chaque année”, déplore-t-il.
Quid du budget ?
Face à des listes d’attente “énormes” pour des logements sociaux, des prix de l’immobilier qui grimpent en flèche, des coûts de construction en augmentation d’au moins 20%, il appelle à un budget du logement supplémentaire de 500 millions à 1 milliard d’euros et à une réaction de la part du président de la République et du Premier ministre. Quant à Patrice Vergriete, il reconnaît à l’échelle nationale un “décalage entre le pouvoir d’achat des ménages et les prix” sur lequel il “faut travailler pour amortir le choc”.
Face à ce constat, le gouvernement annonce dans son communiqué que les évolutions des zonages devraient se prolonger en 2024 avec une “refonte plus large du zonage ABC permettant à la fois une amélioration de la cohérence territoriale du zonage et une place plus grande pour les échanges locaux.”