L'établissement Français du Sang alerte ce vendredi 5 juillet sur le manque de donateurs dans la région des Hauts-de-France. À l'heure actuelle, le niveau des réserves ne permet pas de soigner correctement les patients nécessitant une transfusion. Un scénario d'autant plus inquiétant à l'approche des Jeux Olympiques.
14 500. C’est le nombre de poches de sang manquantes dans les réserves de l’Etablissement Français du Sang (EFS) dans les Hauts-de-France. À quelques semaines du lancement des Jeux Olympiques, la maison du don de Lille s'inquiète du faible niveau de ses réserves.
Le chronomètre des athlètes olympiens n’est pas le seul à être lancé. Annick Rémy, responsable du bassin de prélèvement de Lille à l'EFS, a bien conscience du défi qui s'impose à elle. Réussir à convaincre plus de 14 000 personnes d'aller donner leur sang avant la mi-juillet ne sera pas facile. “ Les donneurs sont généreux quand ils sont bien dans leur vie, explique la responsable résignée, or, en ce moment le contexte socio-économique est très anxiogène ".
Le mauvais temps, l'arrivée des vacances, la recrudescence de contaminations covid ou encore la population mobilisée pour préparer les JO... autant de raisons qui ne donnent pas envie aux gens de donner leur sang. Sans compter sur les élections législatives, qui affectent le moral des donneurs mais aussi la logistique de l'EFS.
Des salles de mairies réquisitionnées pour les élections
"Des salles de mairies que l'on devait occuper ont été réquisitionnées en urgence pour en faire des bureaux de vote. Heureusement les mairies nous ont beaucoup aidées à trouver des solutions, mais on a parfois été obligé d'annuler la collecte ", explique Annick Rémy. Celle de ce vendredi 5 juillet sera maintenue mais plus modeste que prévu, le nouveau lieu ne pouvant accueillir que six lits au lieu des neuf attendus initialement.
La situation est inquiétante pour l'établissement de santé, qui doit récolter encore plus de sang qu'à l'accoutumée en prévision des JO, "au cas où". "Il y a encore 140 000 rendez-vous libres dans toute la France, c’est énorme !", s'alarme Annick Rémy. Des réserves trop faibles font courir le risque de soins de moins bonne qualité car elles ne permettent pas de donner le bon sang aux patients dans le besoin.
"Il y a encore 140 000 rendez-vous libres dans toute la France, c’est énorme !"
Annick Rémy, responsable du bassin de prélèvement de Lille à l'EFS
L'espoir subsiste malgré tout dans la voix de la responsable. Les maisons du don peuvent compter sur la solidarité entre les régions. Celle de Lille fournit d'ores et déjà des plaquettes pour Paris, dans le besoin.
Les Nordistes parmi les plus généreux
Et puis, l'EFS est mobilisé sur tous les fronts pour appâter les donateurs grâce aux bénévoles dans la rue ou sur les marchés, aux posts sur les réseaux sociaux, et aux SMS et e-mails de relance. Annick Rémy compte aussi sur la générosité historique des Hauts-de-France, qui comptabilise avec la Normandie et le Grand-Est environ 10% des dons du sang en France.
"Le taux de générosité est important ici, ce qui veut dire qu’on a des habitués et beaucoup de jeunes primo donneurs", se réjouit-elle. C’est le cas d'Hyppolite, 18 ans, venu donner son sang pour la première fois jeudi 4 juillet dans le centre de collecte de Lille. Ce qui l'a motivé ? “Toute ma famille donne son sang et je sais que c'est important, en plus je suis donneur universel ", précise-t-il dans le fauteuil incliné.
Lui qui appréhendait la douleur de la piqûre, il assure dix minutes plus tard n'avoir "pas eu trop mal". Voilà une poche de sang remplie et trois vies potentiellement sauvées. Hippolyte fait partie des jeunes qu’Annick Rémy espère fidéliser : “s’ils venaient seulement deux fois par an, on ne serait pas en crise”.
Le pari est réussi pour Hippolyte, qui a déjà promis de revenir. Plus que 14 499 personnes à trouver.