3 raisons de lire à tout âge les "Drôles de petites bêtes" du dessinateur du Nord Antoon Krings

Mireille l'abeille, Marie la fourmi, Simon le bourdon, Loulou le pou... Les "Drôles de petites bêtes" nées de l'imagination du nordiste Antoon Krings sont inspirées d'un jardin de Douai, où le dessinateur puise toutes ses idées. Et si vous retombiez en enfance en admirant des dessins qui ont le sens du détail ? Pour ça, il vous suffit, quel que soit votre âge, de vous plonger dans la collection, qui fête en cette année 2024 ses 30 ans d'existence.

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Le dernier album signé Antoon Krings, L'Alphabet des drôles de petites bêtes, est sorti en août 2024 pour célébrer les 30 ans de l'univers créé par l'auteur jeunesse du Nord. Depuis la parution du premier tome en 1995, Mireille l'abeille, Belle la coccinelle, Margot l'escargot et 70 autres insectes ont conquis plus de 21 millions de lecteurs et leurs aventures ont été traduites en vingt langues. Des livres pour les petits et pour les grands, aussi, qui trouveront ici trois raisons d'apprécier ces histoires aussi cocasses que poétiques.

1 - Pour l'inspiration du Nord

Antoon Krings est né en 1962 à Fourmies et la médiathèque de la ville porte son nom. De là à imaginer que Marie la fourmi est née en hommage à la commune du Nord, il n'y a qu'un pas, que je franchis allègrement mais qu'Antoon Krings balaie d'un coup de pinceau. "Ça amuse tout le monde cette coïncidence, sourit le dessinateur. La légende serait belle, mais non, j'avais deux ou trois ans quand mes parents ont quitté Fourmies et je n'en ai aucun souvenir. Juste, ma mère me racontait que je caressais les fleurs en les appelant mes « sleurs », contraction de fleurs et sœurs."

Les sleurs, ça me va, ça fera une jolie légende. Et puis Fourmies ou pas, l'influence du Nord existe bel et bien, en témoigne l'orthographe de son nom, qu'il doit à un père belge, ingénieur textile dans les filatures de la région. "J'ai plusieurs origines : chti, flamande, allemande et même suédoise et danoise par ma grand-mère, liste-t-il. Très vite, on a déménagé à Douai, où j'ai vraiment grandi. C'est là que j'ai découvert le monde."

Pour ses livres, Antoon Krings avoue s'inspirer des jardins de son enfance. "Celui de mes parents à Douai, et celui de mes grands-parents en Belgique. Ils m'ont permis d'observer, découvrir et recueillir leurs habitants ou les animaux de passage. Un jardin est un lieu clos, mais toujours ouvert aux insectes, mammifères, oiseaux et rongeurs. Dans ma construction, tout repose sur ces deux jardins."

L'auteur a sans cesse besoin de retrouver la nature pour stimuler son imagination. Et si ses parents ne sont "plus de ce monde", il a toujours accès à leur jardin et s'y rend régulièrement. "J'en ai des centaines de photos. Des racines, des troncs d'arbres, des champignons, une branche de lierre, une rose fanée précocement. J'y vais pour puiser l'inspiration. Les fleurs de ce jardin ne sont pas des fleurs de fleuristes  !"

"Il faut imaginer, précise Antoon, que mes parents laissaient pousser, plutôt que de tondre ou tailler. Moi-même, aujourd'hui, je suis pour les tailles chirurgicales. C'est simple, je fais ça avec des ciseaux à moustaches. [Rires].  Tout cela a créé en moi un jardin imaginaire. Le plus fort, le plus intense. C'est celui que je développe le plus."

À Paris, où il vit, il déplore que les jardins soient "très entretenus, apprivoisés, fréquentés, bruyants". "Moi, j'aime quand ils sont en fouillis, abandonnés. Je veux en profiter seul, vivre des émotions, des rencontres avec des animaux, des plantes. Je n'ai pas envie de partager ça, sauf à travers mes histoires."

2 - Pour la beauté et la précision des dessins

Tout petit, Antoon Krings dessinait, "comme tous les enfants dessinent". Mais à un âge où les enfants quittent le dessin pour d'autres activités, lui a continué, "parce que le dessin était comme un refuge". Dès l'âge de onze ans, il a compris qu'il en vivrait. À quatorze, il était déjà un "artiste douaisien", réalisant sa première exposition, avec ses professeurs et des artistes locaux.

"J'étais le petit dans la cour des grands, s'amuse-t-il. J'ai vendu mes premiers originaux et pour un adolescent, c'était très gratifiant et encourageant. J'ai continué, persévéré et j'ai très vite eu l'idée de faire des livres." Après un passage par l'école d'illustration de Penninghen à Paris, il passe cinq ans comme designer textile chez le styliste Emanuel Ungaro ("Je peignais des imprimés pour accessoires, des collections parallèles.") et en parallèle, dessine ses premiers albums. Des animaux, évidemment.

"Ça a toujours été les animaux. Déjà enfant, c'est ce que je représentais." Avec le souci du détail. "J'essaie de ne jamais rien négliger dans l'écriture de mes textes, détaille le nordiste, perfectionniste. Et je ne veux pas que mes illustrations soient simplifiées ou appauvries."

"Le velouté d'une aile de papillon, la fourrure d'un bourdon, toutes ces petites choses extraordinaires que l'on observe dans l'environnement, je les soigne. J'aimerais que les enfants admirent la nature et la respectent, puis la protègent."

Dessins comme histoires ont toujours été validés par Lila, la fille d'Antoon, qui a 27 ans aujourd'hui. "Elle était ma première lectrice, se souvient-il, mon premier juge. Je les testais sur elle. Quand elle décrochait, je simplifiais. Pas pour édulcorer, mais pour aller à l'essentiel de l'écriture, au service de l'histoire."

Pour célébrer les trente ans de la collection, Antoon Krings a sorti chez Gallimard jeunesse un Alphabet de ses petites bêtes à prénoms et costumes. "C'est un livre cadeau autour des lettres. Je fais au mieux pour revisiter mon univers."

Sa lettrine préférée ? Le V, comme voyage. "J'ai dessiné un rouge-gorge et la petite souris Amélie qui s'envolent dans un paysage de neige. Ça m'a toujours fait rêver, la neige fait partie de mes souvenirs d'enfance à Douai."

3 - Pour se replonger en enfance

Parlons-en, de l'enfance. Lorsqu'il écrit, l'auteur recherche les émotions qu'il ressentait quand il était enfant, et on peut, nous aussi, les retrouver rien qu'en le lisant. "C'est ce qui crée le lien très fort avec la littérature jeunesse. J'ai toujours puisé dans mes souvenirs d'enfance. C'est naturel pour un petit de s'identifier à un chat, un oiseau..."

"Quand je peins, explique-t-il encore, ce n'est pas la représentation d'un personnage dans une situation, mais une image dans laquelle le lecteur peut se laisser emporter, entrer dans le rêve et la poésie."

Chacun porte en lui une part d'enfance. La mienne, je l'ai cultivée et je la protège. 

Antoon Krings

Auteur des "Drôles de petites bêtes"

"C'est tellement fragile de préserver sa créativité, il y a des moments de grâce, des difficultés, des douleurs... Faire vivre un personnage demande beaucoup de travail pour finir par faire une histoire qui dure et à laquelle les gens peuvent s'attacher. Chacun porte en lui une part d'enfance. La mienne, je l'ai cultivée et je la protège. "

Et lorsqu'il est invité dans des salons littéraires, il prend la mesure de toute la dimension affective qu'il a créée et du lien très fort qui unit parents et enfants pendant la lecture du soir. "Un livre pour un enfant, ce n'est pas seulement une histoire, c'est un objet sentimental, constate-t-il, un peu ému. Mes premiers lecteurs sont aujourd'hui en âge de fonder une famille. Ils me font signer des livres pour leurs prochains enfants. C'est touchant et pour moi, c'est une réussite. Je ne parlerais pas de fierté, plutôt du sentiment fort d'avoir accompli quelque chose de pas trop mal."

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Un prochain livre en préparation

Si tout ça vous a donné envie de vous lancer, c'est le moment ! Le prochain livre est prévu pour 2025 et raconte l'histoire d'un lutin qui s'introduit dans un jardin et va entrer en concurrence avec celui qui y vit déjà.

En attendant la sortie de ce nouvel opus, le domaine national de Saint-Cloud, près de Paris, où une petite forêt côtoie un jardin anglais et un autre à la française, propose un espace consacré à ce bestiaire enfantin devenu culte. Antoon Krings y a travaillé avec le paysagiste du potager du roi à Versailles pour recomposer l'habitat des Drôles de petites bêtes. "Il a été planté dans le parc au printemps dernier. Il était magnifique cet été et là, il a pris ses couleurs automnales."

Des coffrets, des jeux de société, des peluches, un film pour le cinéma... Antoon Krings reconnaît que lorsqu'il s'est lancé dans cette collection, qui fait 73 titres aujourd'hui, il n'imaginait pas qu'elle prendrait cette ampleur. "Heureusement, elle n'est pas trop structurée, elle n'obéit à aucun code et je ne m'ennuie jamais en créant mes personnages."

Et de conclure, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, nés ou naître : "Quand on développe un imaginaire, c'est infini."

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