Au procès de l'évasion de Redoine Faïd, les otages décrivent "un film de guerre piloté"

Les gardiens pris en otage par Redoine Faïd lors de son évasion de la prison de Sequedin le 13 avril 2013 ont décrit mercredi, devant les assises du Nord, un éprouvant
"film de guerre piloté" par le médiatique braqueur.

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L'ambiance était plus émue et grave que mardi, le traumatisme raconté par ces surveillants succédant à la sorte de "Grande évasion" décrite mardi avec passion et moults détails par Faïd. Celui-ci s'est évadé en moins d'une demi-heure de la prison où il attendait son procès pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet en 2010, à l'issue duquel il sera condamné à 18 ans de réclusion en 2016.

"J'ai vu la mort en face, surtout avec l'usage des explosifs. On était comme dans un film de guerre sauf que là on était piloté", a témoigné mercredi Sébastien. Il est l'un des quatre surveillants pris en otage, ensuite utilisés comme bouclier humain face au mirador après l'explosion au plastic de plusieurs portes. Anne était responsable du parloir, là où tout a commencé: "Il sort son pistolet, me braque, tire dans le bas à côté de moi. Je sens l'odeur de la poudre, vois mes collègues figés. (...) J'ai servi de hors d'oeuvre, pour qu'on voie que c'étaient pas des smarties qui sortaient du pistolet!"

Jean-Luc, otage, raconte la violence des explosions provoquées par une substance plus puissante que la TNT : "Il scotche à la porte son pain de plastic, tranquillement, nous dit "Quand je vous dis de sortir vous sortez, pas avant". J'entends une grosse détonation, c'était très impressionnant, j'étais complètement perdu, tout était par terre, arraché." Sébastien renchérit: "Tous mes organes sont remontés, j'ai tout de suite pensé à mes enfants, je me suis dit: "On va y rester.""



Faïd finit par tomber sur un os, lorsqu'il doit faire exploser les barreaux d'une fenêtre et que ses otages ne passent pas. "C'est la première fois que je l'ai vu paniquer. Il me fait me déshabiller pour mieux me faire passer, mais je ne passe toujours pas, pareil pour Jean-Luc", relate André. Un élément dont se saisit justement l'avocat de Faïd, Me Christian Saint-Palais, pour clamer, sous le regard approbateur de son client, que celui-ci n'avait nullement l'intention "d'humilier" les gardiens.

Professionnalisme et impuissance

En filigrane, la méthode de domination psychologique de Redoine Faïd, décrite dans son autobiographie, apparaît dans les mots des surveillants, finissant par espérer qu'il réussisse son évasion : "Quand la porte s'ouvre c'est une sorte de délivrance!" s'exclame Sébastien. "Notre but c'était qu'il sorte, parce que nous on se disait qu'on allait mourir sinon", explique Jean-Luc.

De son côté, Faïd employait la veille les mots "on" et "nous", comme si les otages faisaient partie de ses compagnons d'aventure. Olivier, le quatrième otage, note cependant: "Faïd nous a quand-même poussés dans les autres salles pour qu'on ne soit pas dans les explosions, sinon on ne serait pas ici." La présidente de la Cour demande à Sébastien: "Vous avez le sentiment qu'il a voulu vous préserver?" "Me préserver avec des explosifs je ne pense pas", répond-il du tac au tac. "Sa maîtrise a évité le pire ?", insiste plus tard la présidente. "Oui, avec n'importe qui d'autre, ça aurait été un carnage", reconnaît une greffière témoin d'une partie de l'évasion, Alexandra.



Le thème traverse tout le procès : la dangerosité de l'évasion n'avait d'égal, paradoxalement, que la maîtrise de Faïd, qui a évité le pire. Les surveillants ont aussi longuement évoqué leurs graves traumatismes, certains confiant que leur vie avait été définitivement "détruite". "Le pire c'est l'impuissance, c'était pas le bon film", lâche Alexandra. "Nous, surveillants, on est là pour garder les prisonniers, pas les laisser s'échapper avec des collègues."

 

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