Le médiatique braqueur Redoine Faïd a confié lundi devant les assises du Nord que "l'appel de la liberté" avait été le "plus fort" lors de son évasion spectaculaire de la prison de Sequedin le 13 avril 2013.
En juillet 2011, Faïd, pro des braquages plusieurs fois condamné et auteur d'une autobiographie où il se disait repenti du grand banditisme, est transféré de Fresnes en région parisienne à Sequedin, en banlieue de Lille. "J'étais une patate chaude, une cocotte-minute, dans tous mes états", scande-t-il lundi au premier jour d'audience, avec son éloquence et sa gouaille caractéristiques.
Mais le grand gaillard au crâne rasé, polo bleu clair sur les épaules, l'assure : il ne prévoyait alors pas de s'évader, avant son passage à l'acte près de deux ans plus tard. Modus operandi: prise en otage de quatre gardiens, pistolet à la main, explosion de plusieurs portes de prison et cavale de plusieurs semaines.
Procès de Redoine Faïd : Jour 1Premier jour de procès dans le cadre de l'évasion de Redoine Faïd : "L'appel de la liberté". Voici ce qu'il a dit aujourd'hui à l'audience ►http://bit.ly/procès-J1
Publié par France 3 Nord Pas-de-Calais sur lundi 6 mars 2017
"L'intégrité, la correction, le respect des anciens.."
A la barre, il raconte qu'il vivait déjà mal l'attente de son procès pour le meurtre en mai 2010 de la policière Aurélie Fouquet lors d'un braquage, niant toute implication. Cerveau présumé de cette attaque, il a finalement été condamné, en 2016, à 18 ans de réclusion criminelle. Mais avec le transfert à Sequedin, "on m'a envoyé à 200 km de chez moi, mes proches devaient se lever à 04H00 du matin pour me voir lors de parloirs de quelques minutes. On m'a envoyé là pour bousiller ma famille, pour que je m'allonge", dénonce-t-il, trémolos dans la voix."La mise en isolement, j'en ai pas compris le sens, ma femme non plus", explique-t-il encore. "Il s'avère que je me suis évadé, on m'a remis à l'isolement et là ça va vous paraitre bizarre mais je trouve ça normal, parce qu'il y a risque d'évasion." Le véritable déclic survient lorsque son père est dans un état critique, en 2013.
"Il était en fin de vie, je devais aller le voir mais ce n'était pas possible car j'étais incarcéré", relate Faïd. "L'appel de la liberté a été plus fort".
"Et le respect des règles, ce n'est pas fort ? Les valeurs de votre famille dont vous nous parliez tout à l'heure ?" cingle la présidente de la cour. "Oui, l'intégrité, la correction, le respect des anciens..." répond Faïd, acculé.
"Dans ma vie, j'ai connu pas mal de drames, je vais pas faire de misérabilisme gratuit, mais tous ces proches que j'ai perdus, ça m'a donné envie d'aimer, d'embrasser, de respecter la vie", déroule-t-il avec conviction.
"Je bluffais"
A sa sortie en liberté conditionnelle, en 2009, Redoine Faïd a tenté de refaire sa vie, avec succès selon certains témoignages. Sa seconde femme l'a cru quand il a nié son implication dans l'affaire Fouquet, mais condamne à la barre son évasion. "Là c'était un autre contexte, le fait qu'il y ait eu des explosifs..." balbutie-t-elle.Faïd admet : "C'est vrai que j'ai traumatisé des gardiens, car je les ai pris en otage. Mais mon état d'esprit c'est que jamais je ne les ai touchés. Je les ai menacés, mais je bluffais pour que la personne qui avait le commandement ouvre la porte. C'est vrai, il y avait des explosifs pour casser les portes, mais de là à dire que pour moi, les otages, tant pis..."
La présidente lui arrache même des regrets, qu'il nuance aussitôt : "J'ai fait une connerie de m'être évadé. Mais on m'aurait mis en détention normale à la prison de Nanterre, près de chez ma femme et mon fils, jamais je serais ici." La présidente ironise : "Vous voulez dire que là, il n'y aurait pas eu d'+appel de la liberté+?"