Matt a 16 ans, Ely en a 14. Cet été, au lieu de profiter des vacances, ils ont préféré s’engager en tant que bénévoles au vaccinodrome de Douai. Entre accueil des patients et tâches administratives, portraits croisés de deux jeunes adolescents qui ont choisi d’aider les autres.
"Bonjour messieurs dames. C’est pour une seconde dose ?" Cette phrase, depuis un mois, Matt l’a répétée des centaines de fois. Au lieu d’aller à la mer ou de passer du bon temps entre amis, le jeune douaisien de 16 ans a préféré donner de son temps en tant que bénévole au vaccinodrome. "Je me suis dit qu’il fallait aider à développer la vaccination et donner envie aux gens de venir", raconte l’adolescent.
À 14 ans, Ely a fait le même choix. La collégienne qui entre en troisième au mois de septembre voulait donner de son temps pour aider à combattre le virus. "J’aime bien aider les autres, ça me fait plaisir. Au moins, je ne passe pas mes vacances à ne rien faire". Deux bénévoles et un même objectif à atteindre : se rendre utile.
"Je tourne sur tous les postes, dès que je vois que ça bloque"
Tous les jours, Matt se rend à pied au centre de vaccination, "c’est environ trente, quarante-cinq minutes de route". Rien d’insurmontable pour le jeune garçon, qui entre en terminale STMG (Sciences et technologie du management et de la gestion) au mois de septembre. Et Matt passe-partout comme l’appelle ses collègues est sur tous les fronts de 8 heures à 18 heures : gestion des flux, scan, enregistrement des patients… "Je tourne sur tous les postes, dès que je vois que ça bloque quelque part, je vais donner un coup de main", assure l’adolescent.
S’engager au service des autres ? Rien de plus naturel pour Matt, qui rêve d’intégrer l’armée lorsqu’il aura dix-huit ans. "Mon grand-père était à l’armée et j’ai eu envie de poursuivre cela, j’ai envie d’être comme lui, c’est un peu mon idole". Une histoire de famille et cette envie d’aider les autres chevillée au corps. "Je ne suis pas étonné, on est un peu comme ça dans la famille, sourit timidement le père de Matt. Je suis très fier."
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— Le Monde (@lemondefr) July 28, 2021
De l’autre côté du vaccinodrome, Ely est sur le pont depuis le début de l’après-midi. "Pour l’instant, je suis au chapiteau, je m’occupe de l’accueil des patients, mais après, je devrai gérer l’enregistrement des personnes qui ont pris rendez-vous", explique la collégienne de 14 ans. "Très vite, Ely a voulu venir avec moi. Je lui ai dit de penser d’abord à l’école en priorité", détaille la maman de la jeune fille, elle aussi bénévole. Et Ely n’a pas perdu de temps. Une fois son année de quatrième terminée, elle commence à venir dès le mois de juin, d’abord avec sa mère, puis toute seule à partir du mois d’août.
Si s’engager était aussi important pour la jeune fille, c’est notamment parce que sa famille est en première ligne face au virus. "Je suis moi-même dans le social, ses tantes sont infirmières toutes les deux dont une en réanimation Covid, donc c’est quelque chose qui l’a touchée très vite", confie la maman d’Ely.
Des bénévoles indispensables
Entre 100 et 150 bénévoles, c’est ce qu’il faut pour faire tourner le centre de vaccination de Douai. Parmi eux, une dizaine de mineurs comme Matt et Ely mais aussi des étudiants, des retraités…
"Chacun vaut un, que la personne ait 16 ans ou qu’elle ait fait douze ans d’études, on a tous une utilité pour faire fonctionner le dispositif de vaccination, affirme Saliha Grévin, directrice du vaccinodrome de Douai. C’est une bonne première expérience pour les jeunes, ils participent à la lutte contre la pandémie et ont le sentiment de faire partie de l’histoire".
Une histoire qui continue, puisque Saliha Grévin vient tout juste d’envoyer des dossiers à la SMLH (Société des membres de la légion d’honneur) pour que les mineurs volontaires du vaccinodrome de Douai soient récompensés lors d’une cérémonie au mois d’octobre. Après cette expérience bénévole réussie, Matt et Ely vont retrouver les bancs de l’école dès le 2 septembre, avant de réaliser leurs objectifs d’avenir. Matt aimerait s’installer aux Etats-Unis après l’armée et devenir une grande star du catch. Ely, elle, rêve de devenir kinésithérapeute.