Le procès de six braqueurs présumés se poursuit devant les assises de Douai. Ils sont accusés de l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Ce jeudi, le directeur de l'enquête a reconnu la grande sophistication du braquage, "un modèle du genre" selon lui.
Le braquage d'un fourgon blindé en 2011 dans le Pas-de-Calais, dont sont accusés Redoine Faïd et cinq autres hommes, était une "attaque très bien menée", voire "un modèle du genre", a témoigné jeudi le directeur d'enquête devant la cour d'assises du Nord.
"Cette attaque est très complexe, très bien menée. C'est un modèle du genre", a assuré le commandant Jean-Yves Boulard, de la police judiciaire de Lille. "Elle n'a pas tout à fait les codes des attaques habituelles".
"Elle a été très bien pensée. Il y a eu un repérage au millimètre (...) C'est le fruit d'une réflexion. On ne peut pas improviser une attaque comme ça", a-t-il ajouté.
Selon les enquêteurs, le 17 mars 2011, sur une route nationale au nord d'Arras, trois hommes montent un faux balisage de rétrécissement de route grâce à un camion-benne préalablement immobilisé dont le conducteur vient d'être séquestré.
Une embuscade tendue au fourgon blindé
Ils tendent une embuscade aux transporteurs de fonds. Le fourgon se retrouve bloqué par le camion-benne, les malfaiteurs, tous armés, disposent des charges explosives sur le pare-brise et la porte arrière, emportent plus de deux millions d'euros et s'enfuient à bord de deux voitures volées.Selon l'instruction, l'un des malfaiteurs tire quatre coups de feu pour intimider un gendarme de passage, qui pensait intervenir sur les lieux d'un accident. Il n'avait pas été blessé.
"Le gendarme a été leurré", a souligné Jean-Yves Boulard, qui a détaillé pendant plus de quatre heures l'attaque et le déroulé de l'enquête. "Les malfaiteurs portaient des chasubles fluorescentes, comme des officiels de voirie".
Aucune erreur commise
"Il faut mesurer les très longues semaines de préparation", a-t-il encore insisté. "Sur les lieux, les malfaiteurs n'ont commis aucune erreur. Ni ADN, ni autres traces. Ils n'ont pas perdu leur sang-froid."Selon le récit du commandant, après un "renseignement anonyme", les enquêteurs remontent la piste de Redoine Faïd, Said Agouni, "le logisticien", et Fabrice Hornec jusqu'à l'interpellation des deux premiers et d'un autre suspect le 28 juin, dans un snack à Villeneuve-d'Ascq, près de Lille.
"Nous avions le sentiment que quelque chose se préparait. Nous savions qu'ils cherchaient six gilets pare-balles", a expliqué le directeur d'enquête. "Nous sommes passés à l'action même si les éléments de preuves étaient ténus".
Jugés pour ce braquage jusqu'au 20 octobre, Faïd, Hornec, Agouni et les trois autres accusés, considérés comme des seconds couteaux, affirment être innocents.