Procès en appel de Willy Bardon à Douai - L'enregistrement de l'appel au secours d'Elodie Kulik divise les témoins

10e jour du procès en appel de Willy Bardon dans l’affaire Elodie Kulik, à Douai dans le Nord. 11 témoins se sont succédé sur 2 jours. A l’écoute de la bande sonore, les avis divergent. Est-ce bien la voix de l'accusé que l’on entend durant l’appel au secours de la victime ?

Une témoin "reconnaît" l'accusé. Son frère, seulement "des intonations ressemblantes". Le dernier a des doutes sur la "bande sonore". Au procès en appel de Willy Bardon à Douai dans le Nord, ses proches, principalement des membres du club de 4x4 de Jussy, où l’accusé avait ses habitudes, ont témoigné jeudi et vendredi. Interrogés sur l’enregistrement de l’appel au secours d’Elodie Kulik, les versions sont contradictoires.

Cinq témoins reconnaissent la voix de Willy Bardon

Cinq d’entre eux sont formels, c’est bien la voix de Willy Bardon qu’on reconnaît derrière l’appel au secours d’Elodie Kulik. Ils l’entendent dire "éteignez la batterie, coupez les feux".

"Oui, je reconnais les voix (...) Les voix de Wiart, et de M. Bardon", assure fermement, à la barre, la première témoin, Katy D., l'ex-compagne de Grégory Wiart, auteur présumé du viol et du meurtre d'Elodie Kulik en janvier 2002, confondu dix ans après les faits par son ADN retrouvé sur la scène de crime, mais décédé en 2003.

"L'autre", dit-elle en évoquant son ancien conjoint, "il dit "Hein". Willy Bardon dit "coupe la batterie", il parle de phares. (...) J'en suis sûre !", affirme avec détermination, celle dont l’ADN a également été retrouvé sur la scène du crime.

La même intonation… Mais pas la même voix

À l’inverse, 4 témoins disent qu’ils ne reconnaissent pas la voix de Willy Bardon ou qu’ils ne la reconnaissent plus, qu’ils s’étaient trompés en 2012.

"C'est une intonation qui ressemble à celle de mon frère, (...) mais je ne le reconnais pas", a lâché jeudi à la barre René Bardon, le frère de l’accusé. "Moi, je n'ai rien reconnu ! (...) C'est inaudible", a ensuite dit Jessica N., la compagne du neveu de Willy Bardon.

Vendredi, en sortie de salle d’audience, René Bardon a réitéré ses propos : "Comme je l’ai dit à la cour et comme je l’ai dit tout au long de l’enquête, pour l’instant, je ne reconnais pas la voix de mon frère".

Le neveu et "frère de lait" de l’accusé, Romuald J. a, quant à lui, maintenu sa version de 2019, en affirmant à nouveau que ce n’était pas la voix de Willy Bardon. Pour rappel, au deuxième jour de sa garde à vue en 2013, il soutenait une toute autre version et disait reconnaître la voix de son oncle. Un revirement qu’il justifie par la pression qu’il aurait subie à l'époque par les gendarmes.

Des témoins influencés ?

Justement, pour les avocats de la défense, les gendarmes ont définitivement influencé les témoins en focalisant toutes les questions sur Willy Bardon pendant les auditions.
"On le dit depuis le début qu’il y a eu des pressions, que si les gens qui ont pu reconnaître la voix de Willy Bardon c’était parce que notamment, on leur a mis la pression et parce qu’on leur avait dit que c’était Willy Bardon et qu’il était le suspect numéro 1", a fustigé Me Gabriel Dumesnil qui assure la défense de l'intéressé avec Me Stéphane Daquo et Me Marc Bailly. Les avocats de la défense ont également noté la "mauvaise qualité" de l'enregistrement et sa "courte durée", 26 secondes.

Du côté des parties civiles, Me Corinne Herrmann envisage le souhait de la part des témoins de protéger l’accusé : "Il risque la prison et la prison sur une très longue période, donc une condamnation lourde. Donc, évidemment, ça pèse sur la personne qui a reconnu la voix et qui va commencer à douter ou à mentir pour protéger un proche".

Cet enregistrement est une pièce maîtresse dans l’affaire. Pour rappel, la nuit de sa mort, victime d'un accident sur une départementale, Elodie Kulik avait passé un appel glaçant aux pompiers. Dans l'enregistrement de 26 secondes, on entend les cris tétanisés de la victime, mêlés à deux voix d'hommes, audibles mais lointaines. La jeune femme de 24 ans avait été retrouvée le lendemain, violée, étranglée et partiellement calcinée à Tertry dans la Somme.

La présence éventuelle d’un troisième agresseur sur le lieu du crime est également l’une des interrogations qui subsiste. Certains témoins entendent une troisième voix, fluette et puis il y a ce vouvoiement "éteignez la batterie, coupez les feux". Sauf révélation, on ne le saura jamais. Si le procès Bardon dure encore 8 jours, l'enquête Elodie Kulik, elle, est close.

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