Mobilisation ce jeudi après-midi devant le siège des Papillons Blancs à Sin-Le-Noble, près de Douai. Des salariés de l’association au service des enfants et adultes déficients intellectuels se sont réunis pour défendre l’un des leurs, convoqué avant une sanction injustifiée selon eux. Ils dénoncent un climat de menaces et de pressions depuis l’arrivée il y a deux ans d’un nouveau directeur.
Une convocation disciplinaire qui met le feu aux poudres. Christophe, agent technique depuis une dizaine d’années, et élu au CSE des Papillons Blancs de Douai, était convoqué ce jeudi après-midi pour un entretien préalable avant sanction « pour avoir eu le courage de dénoncer en réunion les abus de pouvoir et le mépris envers les représentants du personnel », selon les termes du communiqué de presse envoyé par les élus du personnel.
Climat de tension
À 15h, ils étaient donc une quarantaine à se mobiliser en soutien à leur collègue devant le siège des Papillons blancs à Sin-Le-Noble.
Plus généralement, ils dénoncent un management brutal mis en place depuis l’arrivée en octobre 2022 d’un nouveau directeur à la tête de la structure. Lequel est aussi président du CSE, l’instance représentative du personnel.
« Il se défoule sur nous en réunion. Christophe l’a interpellé de façon virulente, c'est vrai, mais après qu’il m’a hurlé dessus dernièrement », raconte Céline Micelli, secrétaire CFDT du CSE. « Christophe a pas mal pris la parole ces derniers temps pour dénoncer certaines incohérences du projet de restructuration du service des agents techniques. Il parle trop fort. Aujourd’hui, il est convoqué.», s’indigne la représentante du personnel. Qui dénonce avec ses collègues les intimidations, les pressions, les menaces, les atteintes aux droits des salariés, bref « une gestion par la peur » subie depuis deux ans.
Avec pour preuve le bilan social des Papillons Blancs du Douaisis. Sur un total de 900 salariés, l’association est passée de 35 départs en 2021, à 72 en 2022, puis 67 en 2023. Soit un doublement des sorties pour démission, licenciement ou rupture conventionnelle.
La direction dément
Sollicité, Christian Hilaire, directeur général des Papillons Blancs du Douaisis, s’est dit étonné de cette mobilisation qu’il qualifie « d’épiphénomène », et qu’il balaye « Dix personnes qui sont venues siffler sous nos fenêtres pour soutenir leur collègue syndiqué convoqué pour un recadrage, dans l’indifférence des 1200 autres salariés ». (Le directeur ajoute les personnels en CDD).
« Nous venons de signer quatre accords d’entreprises sur les rémunérations, l’égalité hommes-femmes, les conditions de travail, le télétravail. Si le climat était si délétère, ces accords n’auraient pas été signés », se défend le directeur qui conteste en bloc les accusations des élus syndicaux.
Nous venons de signer quatre accords d’entreprises sur les rémunérations, l’égalité hommes-femmes, les conditions de travail, le télétravail. Si le climat était si délétère, ces accords n’auraient pas été signés.
Christian Hilaire, directeur général des Papillons Blancs du Douaisis
Un discours à rebours de celui porté par ces derniers donc. « Les droits d’alerte se multiplient », poursuit Céline Micelli, élue de la CFDT, le syndicat majoritaire. « La médecine du travail est sans arrêt sollicitée, les inaptitudes sont en hausse, les salariés viennent travailler la boule au ventre ».
« Nous avons tous fait ce métier par conviction, au nom des valeurs humaines qui nous animent pour accompagner les plus fragiles. Comment peut-on continuer de travailler si nous-mêmes sommes malmenés par nos dirigeants ? Si les salariés ne peuvent plus interpeler leurs élus du personnel sans risquer des représailles ? », poursuit-elle.
Nous avons tous fait ce métier par conviction, au nom des valeurs humaines qui nous animent pour accompagner les plus fragiles. Comment peut-on continuer de travailler si nous-mêmes sommes malmenés par nos dirigeants ?
Céline Micelli, élue CFDT, Papillons Blancs de Douai
La déléguée syndicale pointe aussi un effet miroir avec les difficultés de ses collègues des Papillons Blancs de Denain, qui ont, eux aussi, récemment dénoncé de nouvelles méthodes de gestion des équipes depuis un changement de direction dans les colonnes de la Voix du Nord.
Comme à Denain, les représentants du personnel douaisien demandent un management respectueux des salariés et des valeurs de l’association, et une réelle prise en compte du bien-être des équipes, indispensable disent-ils à l’accompagnement des personnes handicapées accueillies. La direction affirme garantir tout cela.