Une employée périscolaire de 21 ans mise en examen pour corruption de mineurs et atteintes sexuelles sur plusieurs fillettes dans une école du Nord

Les faits supposés se sont déroulés entre le 19 septembre 2023 et le 23 novembre 2023 à l'école primaire Joliot Curie de Cuincy, près de Douai (Nord). Au moins 11 victimes, âgées de 7 à 10 ans, ont été recensées. L'accusée, placée en détention provisoire, nie les faits en bloc.

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Les victimes sont des enfants. Des jeunes filles, âgées de 7 à 10 ans à peine, pour la majorité scolarisée en classe de CE2, à l’école élémentaire publique Joliot Curie de Cuincy (Nord).  

Jeudi 23 novembre 2023, ces élèves ont dénoncé les agissements perpétrés par une employée périscolaire pendant l’heure du midi au sein de la cantine.

Une semaine après les signalements, Coralie B., âgée de 21 ans, a été mise en examen pour atteintes sexuelles sur mineur de 15 ans et corruption de mineur de 15 ans avec la circonstance que les faits ont été commis dans un établissement scolaire.

Placée en détention provisoire à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, l’accusée nie les faits en bloc. Elle encourt 10 années de prison et 100 000 euros d’amende.

Bisous forcés, caresses sur le sexe et menaces 

Lorsque nous rencontrons Stéphanie*, la trentenaire est toujours sous le choc. "Je suis maman d’une victime", raconte-t-elle, d’une voix tremblante mais déterminée.  

Il y a deux semaines, Léa*, sa fille âgée de 8 ans, décide de parler à un animateur après avoir déjeuné à la cantine. "Les enfants ont commencé à parler lorsque la jeune fille leur a demandé de lui toucher les seins et la pépette en répétant que c’était rigolo et que s’ils ne le faisaient pas, elle tuerait leurs parents", témoigne Stéphanie.

Les enfants ont commencé à parler lorsque la jeune fille leur a demandé de lui toucher les seins et la pépette en répétant que c’était rigolo et que s’ils ne le faisaient pas, elle tuerait leurs parents.

Stéphanie, maman d'une élève de CE2 à l'école Joliot Curie de Cuincy

Des faits qui ont duré au moins six semainesraconte la mère de famille dévastée. À l’heure du déjeuner, Coralie B. "demandait aux filles de lui caresser les seins et les fesses. Elle les forçait à lui faire des bisous, avec ou sans la langue. Elle leur a montré des vidéos d’actes sexuels : « comment on met le zizi dans la pépette », « comment on met un préservatif »", liste la mère de Léa, qui s’excuse d’être "un peu crue" dans son récit.  

"Elle a aussi pris des photos des enfants sur les toilettes", poursuit Stéphanie. Selon sa fille et plusieurs enfants, ces agissements avaient lieu à l’abri des regards. 

Au moins 11 victimes recensées 

Dès le lendemain des révélations, une réunion est organisée avec le directeur de l’école, le maire de Cuincy et le service éducation et jeunesse de la commune. La psychologue scolaire est également dépêchée sur place par le rectorat. 

Les parents sont invités à déposer plainte auprès de la brigade des mineurs de Douai, tandis que le maire saisi le procureur via l’article 40. Par mesure de précaution, Coralie B. est "immédiatement écartée et n’effectue pas ses heures en accueil périscolaire le soir même", assure le premier édile de Cuincy. 

Onze petites filles, âgées de 7 à 10 ans, sont auditionnées entre le vendredi 24 et le lundi 27 novembre 2023 dans l’enceinte du commissariat de Douai. Parallèlement, une perquisition est menée au domicile de l’employée périscolaire de 21 ans.  

Mardi 28 novembre à 9h15, Coralie B. est placée en garde à vue. Pendant deux jours, la jeune femme de 21 ans est interrogée par les enquêteurs. Au terme des auditions, la jeune femme est déférée devant un juge d’instruction qui ordonne sa mise en examen pour atteintes sexuelles sur mineur de 15 ans et corruption de mineur de 15 ans.

Jeudi 30 novembre 2023, Coralie B. est placée en détention provisoire à la prison de Lille-Sequedin. 

Qui est Coralie B., incarcérée depuis le 30 novembre ? 

La jeune femme, habitante de la ville, a été embauchée par la mairie de Cuincy à la rentrée de septembre 2023 pour "du nettoyage", indique le maire.  

Pendant les vacances de la Toussaint, Coralie B., dépourvue de diplôme, est sélectionnée par la ville "avec d’autres" pour assurer l’animation dans les centres aérés. "Nous avons fait les déclarations auprès de la sous-préfecture et des services jeunesse et sports pour s’assurer qu’elle et les autres n’avaient pas d’antécédents judiciaires comme c’est la procédure", précise Claude Hégo. 

La mise en examen nie les faits qui lui sont reprochés (...). Le principe de la présomption d’innocence s'applique.

Frédéric Fourtoy, procureur de la République de Douai

Quelques jours plus tard, l’aval est donné pour embaucher Coralie B. comme animatrice pendant les vacances. "Dans la foulée, comme nous avions du personnel absent et malade à l’école Joliot Curie, nous avons prolongé son contrat pour des activités d’animation dans la mesure où il n’y avait pas de souci particulier", détaille le maire. 

C’est alors que Coralie B. débute son travail à l’école Joliot Curie comme employée périscolaire et intervient auprès des enfants sur le temps du midi et à la fin de cours.

"Combien de filles traumatisées ?"

Lors de l’enquête préliminaire, les policiers ont entendu les enfants, les parents, mais également des collègues de Coralie B. Une seconde personne – une autre femme employée de la mairie qui aurait assisté à certains agissements sans les dénoncer - a été "déplacée dans d’autres fonctions de nettoyage", précise la mairie. 

"La règle est claire : quand un animateur voit des choses, on lui demande de remonter l’information, lance Claude Hégo. Cette personne n’a pas jugé bon de remonter ces faits, nous l’avons donc écarté". 

Des mesures insuffisantes pour Stéphanie, qui a rédigé plusieurs courriers au service jeunesse et sports, au procureur de la République de Douai ainsi qu’au préfet du Nord. "Suite au passage de la psychologue scolaire vendredi, plus rien, dénonce-t-elle. Pour ma fille, le sommeil est très perturbé, elle est apeurée. Il faut que ça bouge, il faut tout remettre à plat".

Avant de conclure. "Nos filles ont parlé, donc elles ont relâché une certaine pression qu’elles subissaient, mais pour combien d’autres traumatisées ?" Selon nos informations, d’autres plaintes devraient être déposées dans les jours à venir.

 *Les prénoms ont été modifiés.

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