Le préfet du Nord Jean-François Cordet a qualifié le bidonville de Grande-Synthe de "camp de la honte" vendredi, affirmant cependant que l'Etat offre des solutions pour accueillir "dignement" les 1500 migrants qui y survivent.
Alors que la municipalité écologiste du maire Damien Carême de cette ville située près de Dunkerque entend déménager début mars le camp actuel, établi sur une zone inondable, le préfet a réaffirmé son désaccord avec la création d'un nouveau campement. "Oui, c'est le camp de la honte mais nous avons les moyens pour éviter que ce soit le camp de la honte. La République offre d'autres solutions qui permettent d'accueillir dignement les 1500 personnes actuellement sur le camp", a déclaré le préfet, lors d'un point de presse à Lille.
"Solutions individuelles"
Selon lui, "la politique de l'Etat n'est pas de reconstituer un camp à Grande-Synthe mais bien de le faire disparaître" pour offrir des "solutions individuelles" aux migrants en leur proposant de déposer une demande d'asile ou en rejoignant l'un des centres d'accueil et orientation (CAO) de France. Depuis le 1er octobre 2015, 232 migrants de Grande-Synthe ont effectué une demande d'asile, selon la préfecture. En parallèle, depuis mi-janvier, grâce aux maraudes sociales mises en place par l'Etat, le nombre de départs volontaires pour des CAO a fortement augmenté avec quelque 40 départs par semaine.La population du camp, composé majoritairement de Kurdes, atteignait encore près de 2900 personnes début décembre, selon la préfecture. "Je suis beaucoup plus optimiste aujourd'hui qu'il y a 4 mois où la réponse était quasi nulle pour les demandes d'asile et de CAO", a dit M. Cordet. Autre raison de son opposition à la mise en place d'un nouveau camp : la lutte contre les passeurs. Les migrants sont "tenus par la barbichette par les passeurs qui les tiennent en dépendance car ils ont déjà payé leur voyage". Rappelant "qu'on ne passe pratiquement plus à Dunkerque vers l'Angleterre" suite aux mesures de sécurisation mises en place, il s'est félicité que "la justice les punisse sévèrement". Le nouveau camp, installé par la municipalité avec l'aide de Médecins sans frontières (MSF), sera aménagé selon des normes internationales puis géré uniquement par la mairie.