Bourbourg : un ex-animateur de centre aéré jugé pour de multiples viols sur des mineurs

Un ex-animateur de centre aéré de Bourbourg est jugé pour de multiples viols sur des mineurs.

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Considéré pendant vingt-cinq ans comme un "référent", un "grand frère", il est aujourd'hui accusé d'abus sexuels: un ancien animateur de centre aéré comparaît jeudi à Douai (Nord) pour des dizaines de viols et agressions sexuelles sur des enfants et adolescents, s'étant parfois poursuivis après leur
majorité.

Sylvain Dubois, 52 ans, est accusé d'avoir violé et agressé sexuellement six mineurs, âgés de 6 à 17 ans au moment des premiers faits, de manière répétée et régulière entre 1990 et 2015 à Bourbourg, près de Dunkerque (Nord). Il est également accusé d'agression sexuelle sur un septième jeune.

Il était alors employé par la mairie de Bourbourg, notamment en tant qu'animateur dans un centre de loisirs pour adolescents situé dans un quartier défavorisé. Dans son logement de fonction près du centre aéré, il recevait selon plaignants et témoins de nombreux enfants rencontrés dans le cadre de ses fonctions. Les faits sont donc pour beaucoup assortis de circonstances aggravantes, puisque commis par une personne "faisant autorité" sur les victimes.

Plusieurs plaignants l'accusent d'avoir poursuivi ces abus après leur majorité. Ils ont raconté aux enquêteurs avoir continué à voir M. Dubois, parfois de leur propre initiative, décrivant une forme d'engrenage, de relation "d'emprise" ou de "dépendance" dont ils ne parvenaient pas à s'extraire. Le mis en cause a toujours contesté les faits, reconnaissant seulement "avoir eu des relations sexuelles consenties" avec "certains" et "uniquement après leur
majorité
", selon son avocate Me Alice Cohen-Sabban. 

Il a par ailleurs affirmé aux gendarmes que s'il recevait bien des jeunes chez lui occasionnellement, c'était dans un cadre "amical".
 

Adolescents "sous emprise"


L'affaire éclate en avril 2015 lorsqu'un homme de 29 ans se présente à la gendarmerie, affirmant avoir subi dès l'âge de six ans des attouchements, fellations et pénétrations, à la piscine et lors d'une sortie au cirque, puis chaque semaine au domicile de M. Dubois pendant son adolescence et régulièrement jusqu'en février 2015. Ce plaignant "a construit sa sexualité avec ce genre de repères, développé une dépendance" à son agresseur qui "l'a conduit à continuer cette relation adulte, alors qu'il était marié", analyse son avocat Me David Brouwer.

Mais un jour, "son épouse, rentrant de l'école" lui indique que leur fils de six ans a parlé à M. Dubois. "Cela a provoqué un électrochoc, qui l'a poussé à déposer plainte".

Après les auditions de deux autres hommes s'affirmant victimes, une information judiciaire permettra d'en identifier encore quatre (l'un d'eux n'est pas partie civile, ndlr). Selon leurs expertises psychologiques, les plaignants étaient généralement des enfants aux situations difficiles, présentant des "carences affectives", un manque de "repères", et parfois marqués par "l'absence de père"

La plupart racontent la même histoire: l'accusé assurait les aimer, les complimentait,leur o ffrait des sucreries et cadeaux comme des places de cinéma ou d'évènements sportifs, les invitait à faire un tour de moto, boire un verre ou regarder la télévision. A son domicile, il leur servait parfois de l'alcool avant d'abuser d'eux, et donnait à certains de l'argent. 

"C'était un référent, quelqu'un qui aide, partage des moments de détente (...) qui devient le +grand frère+ au fur et à mesure que la confiance s'installe, et qui finalement, devient le prédateur", résume Me François Rosseel, avocat de l'un des plaignants. Certains sont devenus toxicomanes pendant leur adolescence. Quatre ont par ailleurs été condamnés et incarcérés une fois adultes, dont deux au moins pour des violences sexuelles.  

Décrit par son entourage comme un homme discret, serviable, réfléchi, Sylvain Dubois était apprécié de ses collègues qui n'ont jamais remarqué de comportements déviants. Devant les enquêteurs, il a estimé être victime d'un complot imaginé par le premier plaignant pour "sauver son couple" alors qu'il était bisexuel. Prévu jusqu'au 13 septembre, ce procès permettra au principal plaignant "d'affronter son agresseur", juge son avocat Me Brouwer, le trentenaire abordant l'audience "avec beaucoup de souffrance et de colère, mais la tête haute".
 
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