Le carnaval de Dunkerque, ses couleurs, sa fête, sa musique et ses bandes et bals bien connus. Mais derrière la fête et les événements comme les bals, il y a l'argent. Celui des 10 associations organisatrices de bals qui, chaque année, offrent des dizaines de milliers d'euros de dons de manière groupée ou pas. Des dons qui rendent utile cette fête qui dure jusqu'au printemps voire plus en avant dans l'année. Voici comment cela fonctionne.
Depuis une vingtaine d'années, l'ABCD, fédération des associations carnavalesques et philanthropiques existe. Sa présidence est tournante et change tous les ans. Elle est en général assurée par un président des 10 principales associations carnavalesques : les Quat'zarts, les Kakernesches, les Corsaires, les P'tits Louis, les Acharnés, les Chevaliers du XXe siècle, la Jeune France, l’Amicale des sapeurs-pompiers de Malo, le Sporting dunkerquois, les Snustreraers.
L'an dernier, le corsaire Jean-Louis Flour était le président de l'ABCD. Il explique comment fonctionnent les sociétés philanthropiques. "Chaque année, grâce aux 10 bals organisés sur un temps resserré d'un mois et demi (1), chacune des dix associations fait, disons, un bénéfice de 5 000 à 30 000 euros, qu'elle reverse en partie à l'ABCD et le reste aux causes qu'elle a choisi de défendre".
"Les dix associations philanthropiques font partie de l'ABCD pour louer du matériel en commun et avoir un prix, mais aussi pour avoir plus de poids sur une bonne œuvre commune. Du coup, grosso modo, tous les ans, chacune des dix associations reverse environ 10 000 euros à l'ABCD, pour faire potentiellement un don de 100 000 euros ou deux dons de 50 000 euros", appuie Willy Moreews, président des Quat'zarts qui organise le Bal du Chat noir, dont la commission d'une dizaine de personnes reçoit trente ou quarante demandes de dons par an.
"On a été très touchés par leur générosité"
Celui-ci reprend, "on suit un filleul, le jeune Hugo qui a une vingtaine d'années maintenant, on lui paye régulièrement un fauteuil roulant en fonction de sa taille. On a aussi acheté une tablette pour qu'un jeune puisse communiquer avec ses parents et ses proches", prend en exemple Willy Moreews.
Gaëlle Joly, maman de Sevan, 17 ans, avait jeté une bouteille à la mer sur les réseaux sociaux, il y a un an, un Corsaire a repéré l'appel à l'aide pour que Gaëlle puisse comprendre son fils atteint d'une maladie rare, et la tablette de 6 000 euros a été achetée. "On a été très touchés par leur générosité", confie aujourd'hui Gaëlle.
C'est assez variable, si le handicap et l'enfance sont aidés le plus souvent, d'autres causes peuvent toucher les associations
Willy Moreews, président des Quat'zarts
Quant aux Corsaires ils ont, ces dernières années, offert une voiture adaptée au handicap d'une personne, un chien guide d'aveugle, des fauteuils roulants, des rosalies pour les enfants hospitalisés, mais aussi ont contribué à financer la SNSM, des classes vertes ou l'association Ecoute ton cœur qui termine la construction d'une maison pour autistes à Dunkerque. "C'est assez variable, si le handicap et l'enfance sont aidés le plus souvent, d'autres causes peuvent toucher les associations, c'est ouvert", commente Willy Moreews.
Mais si, comme il y a un peu plus de 25 ans, 850 000 francs étaient donnés par an ; l'inflation notamment, mais aussi les charges, la Sacem (20 000 à 30 000 euros par bal selon la fréquentation), le dédommagement de la police nationale qui vient sécuriser l'événement viendraient faire baisser légèrement les dons ces dernières années. Par exemple, sur 300 000 euros de chiffre d'affaires en 2023 pour le Bal des Corsaires, il y a eu 260 000 euros de dépenses. Soit 40 000 de "bénéfices" reversés. À noter que chacun des bals du Kursaal de Dunkerque qui compte 8 000 à 10 000 personnes maximum a son entrée payante autour de 30 euros.
(1) du Bal du Chat noir par les Quat'zarts au Bal du printemps