Le bal du chat noir qui sonne normalement le début de la saison des carnavals à Dunkerque a été annulé. A la place, on pouvait assister, dans la nuit de samedi à dimanche, à une version virtuelle sur les réseaux sociaux. L'occasion de se remémorer cet événement particulier pour les Nordistes.
“Nous étions encore dans l'insouciance". En visionnant les images du bal du chat noir des années précédentes, Laëtitia soupire devant son écran d’ordinateur. “Les douze coups de minuit, les cris, les chansons, tant de choses qui sont, pour nous, comme une bulle d’oxygène que nous ne respirerons pas cette année”, déplore la bénévole de Quart’z’Arts.
Le bal, qui devait avoir lieu ce samedi 23 janvier, a été annulé en raison de la crise sanitaire. A la place, une version numérique de l'événement était diffusée sur les réseaux sociaux.
Un bal qui donne le top départ de la saison des carnavals
A Dunkerque, le bal du chat noir marque normalement le début de la saison des carnavals qui ont lieu tous les weekends pendant trois mois. 10 000 Carnavaleux s’y pressent pour participer à ce moment particulier du patrimoine nordiste.
Et c'est justement le mari de cette trentenaire, Florent, qui lance le fameux “Bonsoir Dunkerque”, précédé, tous les ans, de la même chanson des Sardines de Patrick Sébastien.
Quand papa rentre à la maison, il n’a plus de voix.
“Ça va me manquer, explique le membre de l'association organisatrice, qui ne se lasse pas de raconter "son" bal. “Une fois que c’est parti, on peut faire la fête avec les Carnavaleux, les servir, les rendre heureux, et les faire danser jusqu’à 5h du matin”, explique-t-il, un large sourire derrière son masque. Son fils Noah renchérit : “Quand papa rentre à la maison, il n’a plus de voix”.
Quelques minutes avant, la famille avait choisi de se mettre dans l’ambiance en revêtant le “clet’che”, un déguisement constitué, pour ces derniers, d’une large veste noire sur laquelle sont accrochés plusieurs badges, et d'un grand chapeau noir où trônent des fleurs aux couleurs criardes. Le strict minimum, puisqu’”il manque presque tout l’attirail”, explique le père de famille, “le maquillage, l’ambiance, les gens, la musique, enfin tout”.
Car cette année, le bal n’a pas lieu en raison de la crise sanitaire. Mais comme ce samedi 23 janvier, Quart’z’Arts fêtait ses 100 ans, “nous ne pouvions pas nous permettre de ne rien faire”, explique Willy Moreews, son président. L’association décide alors de retransmettre une rétrospective de ce bal sur les réseaux sociaux.
Un carnaval virtuel qui, il espère, ne se renouvelera pas l'année prochaine car "trop calme et sans contact fraternel”.
Un événement qui permet de récolter 50 000 euros
Pour Arnaud Blanc, bénévole de cette association dont la devise est Plaisir et Charité, ne pas faire ce bal, c’est aussi renoncer à des dons. “L’objectif à travers cet événement, c’est aussi de récolter de l’argent. Dans le Nord, nous avons le cœur sur la main, nous sommes toujours prêts à aider l’autre”, explique le quinquagénaire. “Or, quand nous faisons salle comble, nous savons que nous recevrons les dons qu’il faut, dons que nous pourrons reverser. Annuler cet événement, c’est renoncer à 50 000 euros que nous ne pourrons pas redistribuer."
Il n'y a plus de statut social
Florent, quant à lui, ne se lasse pas de nous parler de l’état d’esprit du carnaval pendant lequel ”il n’y a ni médecin ni ouvrier. Il n’y a plus de statut social”. “Il faut être dunkerquois pour comprendre”, ajoute sa femme. “Nous avons besoin de ça, de cette saison qui commence, de s’amuser en famille ou entre amis, d’oublier le quotidien.“
Leurs deux enfants ont aussi envie de nous décrire l'événement.
“Ce qui me plait dans le carnaval de Dunkerque, explique leur fils, ce sont les chansons et les copains. On oublie tout, on s’amuse !” Sa soeur ajoute : “Le carnaval, c’est comme ma vie. C’est joyeux”.
En attendant des jours meilleurs, ils étaient plusieurs milliers à suivre, hier soir, la rétrospective en ligne, un ersatz bien terne, mais une occasion de se remémorer de bons souvenirs.
Tous espèrent que la prochaine édition, déjà prévue le 5 février 2022, ne sera pas virtuelle. Tous ont hâte de revêtir, pour quelques heures, leurs costumes, mais cette fois, avec le maquillage, et tout le reste. 2022 leur permettra-t-il de retrouver cet état léger et diffus d'une insouciance disparue ?
Ce soir nous aurions dû vibrer, chanter, sauter, danser, chahuter, pleurer, rire. Ce soir nous aurions dû entendre les 12 coups de minuit du bal du chat noir. Ce soir, nous aurions dû retrouver l'ivresse et la légèreté du #Carnaval. Tu nous manques affreusement #Dunkerque ... pic.twitter.com/Vyix55ClzY
— Florent Caffery (@flocaffery) January 23, 2021