Depuis une semaine, une dizaine de compagnons de l'antenne Emmaüs de Grande-Synthe ont rejoint le mouvement de grève initié début juillet par les compagnons de la Halte Saint-Jean de Saint-André-lez-Lille. Dans un communiqué de presse, la direction d'Emmaüs Dunkerque rejette les accusations des compagnons et les appelle à mettre fin au mouvement.
La moitié des travailleurs d'Emmaüs Grande-Synthe sont en grève depuis une semaine. Ils dénoncent des conditions de travail indignes, et des cas de harcèlement. "Ils nous parlent mal, ils nous disent 'on va vous mettre dehors', ils nous menacent", explique Amara Lamine Soumah, compagnon chez Emmaüs Grande-Synthe depuis 2 ans.
Comme lui, la plupart des compagnons sont étrangers en situation irrégulière, et travaillent pour le magasin d’Emmaüs en échange du gîte, du couvert et de 350 euros par mois. Une somme insuffisante pour les grévistes, qui réclament également une régularisation de leur situation : "ce sont des hommes et des femmes qui travaillent jour et nuit pour maintenir ces structures, et pour avoir quoi en retour ? Des intimidations, des injures, des expulsions ?", demande Alixe Kombila, compagnon Emmaüs à Saint-André depuis 2 ans et demi, venue en soutien de ses camarades du Dunkerquois.
"Prise d'otage"
Des accusations que réfute la direction d'Emmaüs Dunkerque : "la communauté Emmaüs Dunkerque est une communauté ordinairement soudée d'une dizaine de salariés, d'une quarantaine de compagnons et d'une centaine de bénévoles", explique-t-elle dans un communiqué, déplorant "qu'une minorité agissante, sans porte-parole connu, menace les autres compagnons de violences et prenne en otage la centaine d'autres membres de la communauté en bloquant toutes les entrées d'accès et de travail."
La direction rappelle que ses compagnons bénéficient d'une allocation identique à celle pratiquée dans 95 % des communautés Emmaüs en France. Et que seule la Préfecture du Nord peut décider d'attribuer des titres de séjour aux ressortissants étrangers. Elle appelle donc à la fin du mouvement :
"Notre crainte pour demain est que le blocage du dépôt entraîne la paralysie de la distribution de centaines de repas à des personnes dans le besoin. Si ces voies de fait se poursuivent, c'est l'existence de la communauté qui sera rapidement en péril."
Direction d'Emmaüs DunkerqueFrance Télévisions
De leurs côtés, les syndicats qui soutiennent ces actions, comme la CGT, assurent que d'autres mouvements de grève pourraient émerger dans d'autres communautés Emmaüs en France.