La filière du lin se réinvente dans le Nord : hier utilisée pour le textile, la matière servira à l'isolation demain

La production de lin est en bonne santé. Dans le Nord plusieurs entreprises s'activent à trouver de nouveaux débouchés pour la filière. Il ne se cantonne plus seulement à l'industrie textile, aux chemises et autres vêtements, mais on le trouve sous forme de gobelets ou dans l'isolation des maisons.

De grosses briques d'un mélange d'anas de lin et de chaux, d'environ 10 kilos, commencent à remplir les réserves. C'est la dernière innovation de la coopérative L.A Linière, basée à Bourbourg (Nord) depuis 1952. Le produit, appelé "Bâtilin", est un bloc isolant pour les maisons et appartements. Il se distingue grâce à trois propriétés : le stockage de la chaleur, la gestion de l'humidité mais surtout des propriétés écologiques. "L'objectif c'est d'approcher le 0% d'émission carbonne de la production du produit jusqu'à sa fin de vie" explique Julien Gilliot, ingénieur produit chez LA Linière, "on récupère la paille, la fibre et l'anas de lin pour la production."

Le matériau est encore dans sa phase d'expérimentation. Des chantiers tests de rénovation de logements devraient être réalisés à Dunkerque et Lens. Et la coopérative espère une commercialisation "dans le courant de l'année prochaine." Pour produire le "bâtilin", les équipes "recherche et developpement" de la coopérative ont réfléchi autour d'une problématique : comment mieux valoriser la production d'anas de lin? Habituellement, cette matière première sert à la fabrication de litières pour chevaux. Désormais, la production trouvera un débouché dans le bâtiment. "Chaque année, nous produisons environ 15 000 tonnes d'anas de lin sur notre site. On s'est dit que le produit serait mieux valorisé avec cette idée" explique Julien Gilliot.

Le Nord, terre de lin 

En récupérant les "déchets" du lin pour les valorises, la coopérative entend créer un cercle vertueux, de la production à la commercialisation de son produit. "Si les maisons sont mieux isolées, il y a aussi un impact positif en terme d'écologie" explique Julien Gilliot. Et pour trouver le lin, la matière première, il n'y a qu'à se baisser. "On a l'habitude de dire que la production mondiale se concentre entre Caen et Amsterdam, à 85%" note le chargé de projet. Une matière première locale et made in Hauts-de-France. "Nous sommes dans le bassin de production de lin, c'était assez logique de se servir de cette matière, c'est une ressource de la région" explique Julien Gilliot. 

"On a l'habitude de dire que la production mondiale se concentre entre Caen et Amsterdam, à 85%"

Julien Gilliot, chef de projet

 

Ces dernières années, ces initiatives pour requalifier la filière du lin se développent. La matière est surtout connue dans le secteur textile. Désormais, de nombreux industriels dans la région cherchent de nouveaux débouchés. "Il y a même une start-up qui fabrique des gobelets en lin, créée il y a trois ans" note Sophie Jarczynka, directrice des grands projets pour la communauté de communes des Hauts-de-Flandres.

Depuis quelques années, elle constate de plus en plus d'initiatives autour de la filière, et le nombre de demandes de subventions augmentent aussi. "C'est clair qu'il y a un engouement, car le lin est une plante locale et ces dernières années les consommateurs sont à la recherches de produits locaux, dans tous les secteurs. Alors les industriels de la région surfent sur la vague" analyse Sophie Jarczynka. Et cette dynamique permet d'innover. "Avec le lin, il y a peu de déchets, tout est exploitable alors les entreprises cherchent à utiliser toutes les composantes de la matière." De nouveau, cette matière-ressource des Hauts-de-France revient au goût du jour, le lin n'a pas fini de pousser dans le Nord. 

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