La nouvelle de sa disparition a ému les réseaux sociaux et la sphère politique. Après la publication d’articles dans la presse régionale, les collectivités ont décidé d'agir pour tenter de sauver le blockhaus-miroir, oeuvre de l’artiste Anonyme. Des discussions sont en cours.
Les articles parus dans la presse régionale ont semble-t-il fait bouger les choses. Nous vous annoncions hier, sur notre site internet, que l’artiste Anonyme - à l’origine de l’oeuvre d’art Réfléchir constituée de milliers d’éclats de miroirs collés sur les parois du blockhaus de la plage de Leffrinckoucke - avait entamé le démontage de son oeuvre, faute de moyens pour l’entretenir. Après plusieurs rebondissements, des discussions sont en cours avec les collectivités et le démontage a été stoppé.
Démontage progressif stoppé
Entamée clandestinement en 2014, la pose des éclats de miroir a demandé beaucoup de temps à Anonyme. Achevée début 2015, l’oeuvre d’art nécessite néanmoins un entretien colossal annuel, entièrement financé par l’artiste : environ 500 heures de travail et quasiment autant de cartouches de colles chaque année. Faute de financements, l'artiste annonçait alors en début de semaie sur les réseaux sociaux la disparition de son oeuvre, comme un dernier appel à l’aide aux différentes collectivités.
Sa démarche a porté ses fruits. Dans un précédent article, nous avions contacté les trois candidats en lice pour le second tour des municipales afin de connaître leur avis sur la disparition du blockhaus-miroir. Tous nous ont confié leur admiration pour cette oeuvre d’art, qualifiée de "remarquable" par l’un ou encore de "lumière de la ville" par l’autre. Tous affirmaient ainsi vouloir "faire quelque chose" pour conserver le blockhaus-miroir, devenu attraction touristique à part entière.
Engagement de la région
Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s’est aussi ému de la possible disparition de cette oeuvre d’art, qualifiant de folie le fait de laisser cette oeuvre disparaitre nous rapporte son entourage. "La région s’engagera" a-t-il affirmé sur twitter.
Ce #patrimoine populaire est le miroir de notre Histoire et honore la mémoire de tous ceux qui ont combattu pour notre liberté lors de la 2nde guerre mondiale. Le blockhaus-miroir de #Leffrinckouke ne doit pas disparaitre, la Région s’engagera ! https://t.co/E0uhT9lYp8
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) June 25, 2020
L’entourage de Xavier Bertrand nous confirme qu’un contact a été pris avec l’artiste Anonyme, qui devrait rendre un dossier complet sur son oeuvre la semaine prochaine. Des échanges auront par la suite lieu avec la commune de Leffrinckoucke et la Communauté Urbaine de Dunkerque pour discuter des modalités d’entretien et de financement du blockhaus-miroir.
Soulagement pour l’artiste
L’artiste Anonyme accueille cette nouvelle avec beaucoup d’espoir et d’optimisme. "Je suis tellement heureux, tout va très vite" explique-t-il, surpris par le nombre d’appels qu’il reçoit. Il planche actuellement sur le dossier qu’il est en train de constituer pour la région, composé des détails sur l’oeuvre mais également de la manière dont celle-ci doit être entretenue. "Je vais m’y atteler très rapidement, affirme-t-il. J’ai 9 devis d’entreprises dunkerquoises que j’avais déjà envoyé à la CUD, restés sans réponse. Dans ce dossier, je vais apporter des éléments concrets par rapport à tout le financement nécessaire."
Dans le dossier qu’il enverra aux services de la région, Anonyme demande un renouvellement total de la mosaïque, trop abimée par l’érosion et les années, ainsi qu’une pose de joint qu’il n’a pas pu réaliser seul.
"Jamais je ne lâcherai ce projet, même si je pense que j’ai fait ma part en collage de miroir. Sur ce point, je passerai le relai."
Ces échanges avec les collectivités seront également l’occasion pour l’artiste d’exposer ses projets futurs. "Je voudrais qu’il n’y ait pas une seule oeuvre sur cette plage qui a un potentiel énorme. J’aimerais pouvoir travailler avec d’autres artistes et promouvoir l’art dans l’espace public" conclut celui qui ne revient toujours pas de l’engouement suscité par la disparition de son blockhaus-miroir.