Jean-Claude Macrez s'est construit aux USA où il était parti il y a 30 ans avec un premier contrat de 18 mois en poche. Aujourd'hui, avec son salon, ses neuf coiffeurs et sa gentillesse lui, le jeune coiffeur dunkerquois, parti de rien estime avoir réussi plus que son objectif de départ : devenir manager d'un salon.
En ce 1er mars, 10h00 du matin à Washington, Jean-Claude roule en direction de son salon à bord de sa grosse voiture. Propriétaire d'un salon dans l'un des deux hôtels Ritz-Carlton de Washington, notre homme, 52 ans, n'a pas toujours roulé sur l'or. Des premières coupes de cheveux à la reconnaissance de ses pairs et de sa clientèle, il s'en est passé du temps...
"À 23 ans, avec une courte expérience, je voulais devenir manager d'un salon. Mais en France, je ne faisais que de me heurter à mon manque d'expérience. J'entendais tout le temps : 'trop jeune' ou 'manque d'expérience'. Ça m'a énervé d'être ainsi freiné alors que j'étais jeune et ambitieux", explique sans sourciller Jean-Claude, lunettes de soleil sur les yeux, au volant de son américaine, dans un français légèrement teinté de l'accent outre-atlantique.
Jean-Claude reste simple, humble et généreux. Il se qualifie ainsi d'ailleurs. Pas de fausse modestie. "Ce sont des qualités qui m'ont porté et, qui, avec le travail, m'ont permis de réussir. Je sais d'où je viens, je ne l'oublie pas". L'homme lâche aussi des mots comme "ténacité" et "gentillesse" et précise, que le service qu'il rend est hyper concurrentiel... "S'il n'y a pas, en plus quelque chose de gentil ou généreux comme la volonté de faire plaisir c'est mort, vous n'y parviendrez pas".
Mais revenons à l'histoire de Jean-Claude. Celle sur laquelle il revient aujourd'hui. CAP et brevet professionnel en poche, notre jeune coiffeur se plaint effectivement du froid et de la météo dunkerquoise en cet hiver 1993. "Nous pourrions être en Italie, sur la Côte d'Azur", se souvient-il dire à ses amis. Pour rêver, il commence alors à consulter les annonces internationales dans un magazine professionnel et se rappelle avoir un peu été provoqué, par une amie qui, le trouvant trop râleur, lui avait asséné : "Tais-toi ! Tu fais chi... ! Appelle-les !".
Il s'en est fallu d'un cheveu, mais le jeune homme appelle tout de même, en y croyant à moitié. La preuve : la veille il fait encore la fête au bal des Acharnés et se pointe en ayant dormi quelques heures à l'entretien à Paris. Mais là-bas, il comprend qu'une chance peut lui être donnée, même s'il ne parle pas anglais. Premier contrat d'un an et demi, le temps d'apprendre l'anglais, notamment. Obtention de la carte verte, changement d'employeur entretemps, et obtention de la carte verte à nouveau, Jean-Claude fait son petit bonhomme de chemin jusqu'à l'obtenir pendant plus de 5 ans, ce qui lui permet aujourd'hui d'avoir la double nationalité.
Discret sur les personnalités qu'il coiffe, Jean-Claude confie tout de même avoir coiffé John Kerry, ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine, Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'Etat des Etats-Unis ou Christine Lagarde, ex-directrice du FMI.
Jean-Claude coiffe ainsi des politiciens à Washington et se souvient qu'avant cela, il a fallu montrer patte blanche : "il fallait être réactif pour aller coiffer des gouverneurs à leurs hôtels dès 7h00 du matin". Mais cela c'était il y a bien longtemps... Son histoire s'est écrite depuis.