PORTRAIT. Juliane Laporte, dunkerquoise doublement championne d’Europe de baseball

Originaire de Dunkerque, Juliane Laporte a remporté pour la deuxième fois le championnat d’Europe de baseball féminin, avec l’équipe de France. Une étape cruciale dans la carrière sportive de cette joueuse de 31 ans, qui vise désormais les mondiaux féminins. Portrait de cette passionnée de baseball depuis l'adolescence.

Voilà quatre ans que le championnat d’Europe de baseball féminin a été créé, et deux éditions gagnées par la France. Parmi les championnes qui ont remporté ce deuxième titre le samedi 6 août, se trouvait Juliane Laporte, originaire de Dunkerque et joueuse du club Dunkerque Kovers. Face à la République Tchèque, à Montpellier, "on a fait un match quasiment parfait", raconte la numéro 7, également présente à la victoire française de 2019 : "J’ai ressenti la satisfaction du travail bien fait, d’avoir vu la progression de l’équipe jusqu’à ce match de référence. Et bien-sûr, la joie d’avoir un titre à la fin". 

À 31 ans, Juliane Laporte a déjà une longue carrière derrière elle. Comme Obélix et sa marmite du druide, la joueuse n'a plus jamais quitté celle du baseball après y être tombée. Alors adolescente, elle avait participé à des stages d’été et avait été tentée par ce sport "peu banal". Finalement, l’initiation a duré un mois, puis elle a rejoint, à l’âge de 13 ans, le club des Kovers de Dunkerque. 

Plus qu'un sport, un jeu

Ce qui lui a tant plu dans le baseball ? Le fait qu’il s’agit pour elle d’un "jeu" : "J’ai déjà fait de la natation plus jeune, mais avec le baseball, il y a de la stratégie et des tactiques différentes selon les situations. C’est aussi un sport où tout le monde peut jouer et où chacun peut apporter des choses. Selon le physique et les compétences qu’on a, on trouvera toujours une place sur le terrain, c’est vraiment ça qui me plaît", explique-t-elle, dévoilant un profond altruisme. 

C’est aussi un sport où tout le monde peut jouer et où chacun peut apporter des choses. Selon le physique et les compétences qu’on a, on trouvera toujours une place sur le terrain, c’est vraiment ça qui me plaît.

Juliane Laporte

Lorsqu’elle revient sur l’aventure du championnat d’Europe, c’est justement son intérêt pour autrui qui domine : "C’était un plaisir de retrouver toutes les personnes que je n’avais pas vues pendant un an. Le fait qu’on se croise pendant l’année en s’affrontant fait qu’on se connaît bien même sans jouer ensemble", indique-t-elle en parlant de ces adversaires devenues au fil des années des connaissances, voire des amies. Il faut dire que deux ans seulement après le début de sa pratique, Juliane Laporte jouait déjà en haut niveau, lors de championnats d’Europe junior, auxquelles elle a participé à plusieurs reprises jusqu’à ses 19 ans. 

Joueuse en équipe féminine et masculine

Pendant ses études, le baseball est redevenu un loisir, avant de finalement retrouver, en 2018, l’effervescence des compétitions qu’elle apprécie tant, en équipe féminine, mais également en équipe masculine, grâce à une dérogation à renouveler chaque année. "C’est la seule fille aujourd’hui en France à évoluer dans les deux premiers niveaux nationaux", précise Ludovic Godard, son entraîneur depuis ses débuts : "Je ne fais pas de différence, elle fait partie à part entière de mon effectif masculin et elle fait même partie des pièces maîtresses. Si on veut qu’elle progresse, il faut qu’elle joue à ce niveau là", défend-il.

L’objectif étant d’être sélectionnée, chaque année, pour faire partie de l’équipe de France en participant à des "détections". "J’en ai fait beaucoup, je ne pourrais pas vous dire combien", dit-elle en riant doucement. Mais cette fois, la prochaine détection sera organisée pour faire partie de l’équipe nationale qui jouera au championnat du monde de baseball féminin. En 2023, la France devrait ainsi affronter des équipes d’Asie et d’Afrique, puis la phase finale aura lieu en 2024. 

Nous l’avons vu prendre de l’espace et gagner en confiance, son caractère s’est forgé à travers les années d’entraînement qu’elle a pu avoir, mais elle est toujours discrète et humble.

Ludovic Godard, entraîneur de Juliane

Et lorsqu’on lui demande si elle est confiante quant à sa sélection en équipe de France, Juliane répond : "Oui, parce que je vais tout faire pour. Je vais m’entraîner encore plus dur. Mais je sais que c’est le jeu de la sélection", tempère-t-elle, comme en écho aux paroles de  Ludovic Godard, également manager du club : "Nous l’avons vu prendre de l’espace et gagner en confiance, son caractère s’est forgé à travers les années d’entraînement qu’elle a pu avoir, mais elle est toujours discrète et humble". Fin du suspense autour des mondiaux au printemps 2023, lorsqu’un mois avant la compétition, les noms des 17 joueuses seront connus. En attendant, avec cette consécration en ligne de mire, nul doute qu’elle donnera le meilleur d’elle-même, comme à son habitude.  

"Une organisation presque militaire"

Car se fixer des objectifs, c'est ce qui la fait tenir dans le rythme effréné de sa vie quotidienne : 37 heures de travail hebdomadaire en tant que chargée de mobilité internationale à Sciences Po Lille, deux à trois entraînements de baseball de plusieurs heures, et deux matchs tous les dimanches, tel est la semaine type de Juliane Laporte. "Je fais mes entraînements après ma journée de travail et sur le week-end. Ça me prend beaucoup de temps. Je n’ai pas d’autres loisirs si ce n’est voir ma famille et mes amis, mais ça va ! J'ai une organisation presque militaire", ironise-t-elle. 

La dunkerquoise doit aussi veiller à travailler son cardio dans des séances de préparation. Elle joue en effet au poste de champs extérieur, une position de défense où "il faut beaucoup courir" puisqu’elle doit rattraper la balle à la lancée. "Je n'ai pas beaucoup de temps mais j'ai la chance d’avoir de très bon entraîneurs présents au niveau national et qui ont déjà accompagné des équipes de France", souligne-t-elle à propos du club Dunkerque Korvers.

J’aurais pu partir dans un autre club mais je suis plus à l’aise en gardant la même équipe. J’ai une affinité avec ce club depuis toujours, c’est un peu comme ma famille.

Juliane Laporte

Désireuse de rester dans le club qui la fait évoluer, Juliane Laporte n’imagine pas un instant en changer, malgré la route à parcourir depuis Lille, où elle habite, pour aller s’entraîner, à Dunkerque : "Moins d’une heure, c’est faisable !", minimise-t-elle. "J’aurais pu partir dans un autre club mais je suis plus à l’aise en gardant la même équipe. J’ai une affinité avec ce club depuis toujours, c’est un peu comme ma famille. Donc tant que j’arrive à m’organiser pour y rester c’est parfait". Un temps de trajet qu’elle met à profit en écoutant des podcasts sur le sport, notamment liés au développement personnel : "Ils peuvent m’aider à me concentrer et à me mettre dans mon objectif", explique-t-elle. Par contre, le retour se fait plutôt en musique, histoire de décompresser. 

Féminiser le baseball

Une force mentale que souligne son entraîneur : "Elle a entendu de nombreuses personnes lui dire que ce n’était qu’une fille et qu’elle n’y arriverait pas. Mais aujourd’hui, Juliane est bien meilleure que la moitié des gens qui évoluent dans notre championnat", dit-il avec fierté. De son côté, la joueuse dunkerquoise est ravie de voir que le baseball féminin prend de l’ampleur, avec une augmentation des licenciées, et la tenue des championnats d’Europe (où cinq équipes féminines étaient inscrites) et mondiaux. 

Elle a entendu de nombreuses personnes lui dire que ce n’était qu’une fille et qu’elle n’y arriverait pas. Mais aujourd’hui, Juliane est bien meilleure que la moitié des gens qui évoluent dans notre championnat.

Ludovic Godard

En 2021, la part des licenciées - au féminin - dépassait pour la première fois les 20%, pour 13 670 personnes inscrites en club au total, selon les chiffres de la Fédération française de baseball et softball. "Ça reste un petit sport pour l’instant. Le baseball masculin se développe depuis plus longtemps, il y a plus de joueurs donc forcément les équipes ont plus de dotations pour l’organisation de leurs championnats, plus de visibilité et donc un niveau plus élevé. Mais je pense que ça va arriver aussi dans le féminin", assène-t-elle. 

La joueuse aguerrie souligne également l’implication de plus en plus élevée des fédérations nationales, européennes et internationales, qui apportent notamment une visibilité importante et nécessaire au changement. Un point de vue que corrobore Ludovic Godard, désireux de voir plus de femmes battes et gants de baseball en main : "Le sexe ne doit en aucun cas être un facteur dans une carrière, donc nous essayons de bouger les lignes en profitant du fait qu’il s’agit d’un sport qui n’est pas figé, avec une notoriété qui fait qu’on peut encore changer les choses."

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