Le Nordiste Lucas Pouille s'est qualifié dimanche pour le deuxième tour de Roland-Garros en battant l'Autrichien Jurij Rodionov (134e mondial) 6-2, 6-4, 6-3, une performance qu'il n'avait plus accomplie depuis près de quatre ans dans un tournoi du Grand Chelem, à l'US Open 2019.
Après avoir remporté la balle de match, il a levé les bras en l'air et serré les poings en tirant la langue et en écarquillant les yeux tel un All Black pendant le haka. Puis après avoir serré la main à Rodionov, il est revenu chanter la Marseillaise avec le public, au centre du court 14 qui lui réussit si bien. "C'était un moment que j'avais envie de partager avec eux, quand ils se sont mis à chanter la Marseillaise à la fin du match, et envie de rester sur le court le plus longtemps possible, pour vivre ces émotions, et profiter de chaque minute à leur côté. C'était juste dingue", a-t-il expliqué en espérant continuer de jouer sur le 14.
Il y a en effet remporté quatre matches en une semaine alors qu'il n'avait plus gagné sur le circuit ATP depuis sa défaite au deuxième tour du Masters 1000 de Madrid en mai 2022. Et cette année, il avait joué jusque-là uniquement sur le circuit Challenger où il n'a remporté que trois matches pour quatre défaites.
"Contrôler de A à Z"
"Dans tout ce que j'ai réussi à produire aujourd'hui, c'était le match le plus accompli, très solide du début jusqu'à la fin (...) J'ai réussi à contrôler de A à Z tout ce match. Ça, c'est génial", a-t-il analysé. Alors qu'à 29 ans il tente de retrouver son meilleur niveau après des années noires (blessures et dépression) qui l'ont vu plonger dans les profondeurs du classement (675e actuellement alors qu'il a été N.10), il s'est débarrassé de Rodionov (134e)... pour la seconde fois en trois jours.
Après l'avoir battu au troisième et dernier tour des qualifications jeudi, il l'a une nouvelle fois surclassé dimanche au premier tour du tableau principal, l'Autrichien ayant été repêché.
"C'est la première fois que je jouais contre le même adversaire en trois jours dans le même tournoi. J'étais assez nerveux en voyant le tirage au sort, mais j'ai réalisé que c'était finalement un bon tirage quand on voit qu'Alcaraz et Medvedev jouaient aussi contre des qualifiés...", a commenté Pouille.
Il tentera donc de se hisser au troisième tour, un stade qu'il n'a plus atteint en Majeur depuis Wimbledon 2019, année où il avait joué la demi-finale en Australie. Pour cela, il affrontera mercredi son compatriote Benoît Paire (149e et bénéficiaire d'une invitation) ou le Britannique Cameron Norrie (13e).
"Allez Lucas"
Dimanche pour le Pouille-Rodionov 2, le court 14 débordait de supporteurs, parmi lesquels une poignée en faveur de l'Autrichien ont tenté de faire entendre leur voix.
Mais la voix la plus forte a été celle de la raquette de Pouille qui n'a jamais été menacé par son adversaire. En qualifications, le Français avait perdu le premier set avant de remporter les deux suivants. Dans le tableau principal, c'est trois sets qu'il fallait gagner et Pouille n'a pas eu besoin d'en jouer un de plus.
Alors que le match et le public ronronnaient dans la deuxième manche, Pouille a senti son adversaire reprendre du poil de la bête. Alors sur un magnifique passing qui lui a offert deux balles de break à 3-2, il a harangué le public qui lui a répondu au quart de tour en chantant des "Allez Lucas" comme dans un stade de foot. Insuffisant ce coup-là puisque Rodionov est revenu à 3-3.
Mais avec désormais le public bruyamment derrière lui, il a réussi le break sur le dernier jeu de la manche avant de sortir se changer. Pendant ce temps, le public a entonné une première Marseillaise.
A son retour, Pouille a immédiatement pris le dessus pour se détacher 3-0 et servir pour le match à 5-3. Une seule balle de match lui a suffi.
Avant de quitter le court, il a longuement pausé pour des selfies et signé des autographes.
Avec AFP