Quelque 250 personnes, selon les autorités locales, surtout des veuves de travailleurs au contact de l'amiante, ont manifesté ce mardi à Dunkerque (Nord) pour réclamer que soit mis "fin à l'impunité" des responsables du scandale de l'amiante en France.
De nombreuses ex-épouses de dockers et salariés des anciens chantiers navals de la Normed avaient pris place dans le cortège, le premier à Dunkerque depuis sept ans, qui était organisé par l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante (Ardeva). Elles tenaient entre leurs mains des portraits des disparus.
Cette association a fait appel le mois dernier à un ténor du barreau, Me Eric Dupond-Moretti, pour obtenir un procès pénal des responsables de ce scandale en Nord Pas-de-Calais. L'avocat a demandé une audience auprès de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. Une délégation a remis à la sous-préfecture une "lettre ouverte aux candidats à l'élection présidentielle" contenant "trois propositions pour mettre fin à l'impunité".
40 500 morts
L'Ardeva réclame la création d'une "infraction d'homicide délibéré" - et non plus seulement volontaire - qui serait selon elle "adaptée à la répression des catastrophes sanitaires et environnementales". Elle demande aussi "une procédure spécifique permettant de traiter des procès de masse", celle que forment les victimes de l'amiante, tout comme "un encadrement légal des délais d'instruction et de jugement" de ce type de dossiers.
Enfin, la loi devrait prévoir "des amendes dont le montant (soit) proportionnel aux bénéfices potentiellement induits par le non-respect de la réglementation". A Dunkerque, des centaines de dockers et salariés des chantiers navals avaient été contaminés en déchargeant pendant de longues années des sacs d'amiante sans aucune protection. Des épouses ont également été vaincues par la maladie pour avoir été en contact avec les vêtements portés par leurs époux au travail.
Depuis décembre 2004, 40.500 personnes sont mortes de l'amiante en France, estime l'Ardeva.