Transat Jacques Vabre 2023. "La clé du succès, une belle complicité avec Morgan", entretien avec Thomas Ruyant, skipper dunkerquois

Dimanche 29 octobre 2023, s'élanceront 190 skippers et co-skippers sur 95 voiliers en direction de la Martinique, pour la Transat Jacques Vabre 2023. Entretien avec Thomas Ruyant, skipper de For People, un class Imoca, qui partira à 13h29 dimanche.

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Au Havre, à trois jours du départ de la transat Jacques Vabre, Thomas Ruyant revient, sur son class Imoca, serein, sur la course et se prête volontiers aux questions sur la voile en général et sur lui en particulier. Entretien réalisé par France 3 Normandie. 

Ta plus belle rencontre en mer ?

Je dirais les baleines près du Cap Vert, les albatros dans l'Océan Indien ou dans le Pacifique.

Le plus grand danger au large ?  

C'est de casser notre bateau. C'est notre abri, notre maison, donc il faut en prendre soin. 

Déjà eu peur de mourir en mer ? 

Non, j'ai pas eu cette peur de mourir (sourire). J'ai déjà cassé un peu mes bateaux mais on a toujours des solutions et puis on est préparés pour ça. On n'a pas vraiment le temps d'avoir peur en mer. On peut avoir peur après coup, mais sur le moment, on est dans l'action. 

Ce qui te fait vibrer dans ce sport ? 

Il y a la partie nautique mais il y a la partie en amont en équipe pour préparer les projets. Préparer les bateaux techniquement. C'est cet ensemble qui m'anime, qui me passionne et qui me fait avancer dans ce sport.

À quoi on pense au milieu de rien ?

C'est sûr qu'il y a plein de moments où on a le temps de cogiter, de réfléchir à plein de choses. On a du temps pour faire tourner le cerveau et réfléchir. Peut-être plus qu'à terre. 

On se dispute parfois avec son coéquipier ? 

Quand on part en double comme sur une transat Jacques Vabre, faut bien s'entendre car on vit dans quelques mètres carrés. Il y a la fatigue par-dessus mais avec Morgan on s'entend super bien et on ne s'est pas disputés pour l'instant à bord. Pourvu que ça dure. 

Une anecdote à bord ? 

J'ai tellement de souvenirs marquants... Des arrivées de courses en tête. Le départ du Vendée Globe 2016, mon premier. Mon arrivée en Nouvelle-Zélande en 2016, après la casse de mon bateau. 

Comment dort-on à bord ? 

On dort comme on peut. On a des espaces prévus. C'est une des clés de la performance aussi de réussir à bien dormir, d'être en forme, de bien se reposer. L'exercice est un peu différent sur une course en double comme on va faire là. Mais dans le cas d'une course en solitaire, c'est quelque chose qu'on essaie de bien anticiper, bien travailler.

As-tu constaté au large les effets du changement climatique ? 

Oui. On voit des choses qui évoluent. Par exemple on peut parler des sargasses (algues). Clairement depuis quelques années on voit que ça se multiplie. Ça s'étend. Il y a des zones où il n'y en avait pas du tout, et tous les ans je fais des transats et je vois le truc évoluer. C'est un vrai marqueur de la pollution et du réchauffement. 

C'est quoi le plus dur à supporter à bord ? 

C'est peut-être le bruit. On a des bateaux qui vont tellement vite avec les foils. Et ces appendices sifflent beaucoup. C'est vrai que le son et le bruit sont assez présents à bord donc on a des petites boules dans les oreilles. Mais des fois, ça ne suffit pas. 

La qualité qui pourrait te faire gagner ? 

La complicité avec Morgan. C'est une course en double et il va falloir qu'on s'entende bien pour être devant. 

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