Dans le Nord-Pas-de-Calais, le patrimoine historique est omniprésent. De l'industrie à la mine, de Fives Cail à la Cité des électriciens, la culture est une affaire sérieuse que l'Europe permet de conserver à travers des financements à plusieurs millions d'euros ou des projets artistiques.
Il y a encore quelques dizaines d'années, des milliers de salariés venaient travailler à Fives Cail, dans ce qui était une usine de mécanique. Aujourd'hui, cette ancienne friche de la région lilloise est devenue un lieu de vie, où restaurants et petits producteurs peuvent vendre leurs créations culinaires aux habitants du quartier.
Ce projet porte le nom de "Chaud Bouillon", une halle gourmande et festive habitée par sept restaurateurs différents, qui s'engagent dans la transition alimentaire avec leur cuisine solidaire et éthique. Parmi eux, Thomas Verhaeghe, cuisinier et gérant de Prarélo : "Ma cuisine met l'accent sur les producteurs locaux, les produits de saison et sur le partage entre voisins."
En tant qu'ancien habitant du quartier, Thomas reconnaît que ce tiers-lieu manquait cruellement au voisinage. "Je passais devant ces bâtiments totalement vides, tristes, où il ne se passait rien". Alors quand on voit ce lieu fourmiller de familles, de jeunes couples ou de groupes d'amis venus passer la soirée ensemble, le pari semble gagné.
Porter des projets locaux
Une renaissance rendue possible grâce aux fonds européens. Quelque 5 millions d'euros dépensés pour ce projet, soit un financement à plus de 80 % avancé par l'Europe, qui se cache une fois encore dans le quotidien de chacun. "L'Europe est un acteur très important pour une ville comme Lille parce qu'elle permet de faire naître ces projets qui créent de l'emploi, qui créent de l'attractivité."
L'Europe est un acteur très important pour une ville comme Lille parce qu'elle permet de faire naître ces projets qui créent de l'emploi, qui créent de l'attractivité.
Arnaud Deslandes, premier adjoint à la mairie de Lille (PS)
C'est en tout cas le message que souhaite diffuser Arnaud Deslandes, premier adjoint à la mairie de Lille (PS) : "Quand certains disent que l'Europe c'est un sommet de technocratie qui s'amuse plus à regarder le calibrage des bananes que de s'occuper de la vraie vie des gens, là on voit bien que des réalités concrètes sont aussi portées par des projets et des financements européens."
Mais évidemment, l'Europe ne déverse pas de si grosses sommes, sans assurer le suivi du projet dans lequel elle investit. Les bénéficiaires doivent répondre à plusieurs obligations, dont la première : que le projet existe, "parce que les fonds ne sont pas donnés à perte et que la Commission européenne doit vérifier que ses crédits soient bien utilisés."
Préserver le patrimoine historique
Offrir une seconde vie, préserver le patrimoine architectural emblématique d'une époque, c'est aussi le fil conducteur de la Cité des électriciens à Bruay-la-Buissière, connue partout en France pour avoir abrité le tournage du film Bienvenue chez les Ch'tis. Un lieu de choix pour les réalisateurs, qui ont pu tourner dans un habitat minier préservé, dont une partie des corons est encore habitée. Le reste est consacré à l'histoire des lieux et de ses anciens habitants.
Le projet a été financé par l'Europe à hauteur de 2 millions d'euros, mais obtenir ce fonds d'aides apporte plus que de l'argent : "C'est une labellisation un peu implicite, une reconnaissance de la qualité et de l'ambition du projet, de ses valeurs humanistes. Qui sont d'ailleurs particulièrement fortes dans les cités minières où il est question de solidarité, de respect de la diversité...", retrace avec fierté Olivier Thierry, directeur du lieu. "Je pense qu'on est tout à fait dans l'esprit des valeurs de l'Europe."
Aider les artistes à s'implanter
L'Union européenne soutient aussi les artistes, en résidence dans la Cité des électriciens. En ce moment c'est Rachel Rouzaud, jeune architecte en textile, qui occupe une partie des lieux. La créatrice travaille sur le projet "Pop the Vote !", une création artistique menée pour encourager les habitants à voter le 9 juin prochain.
Ce projet m'amène à parler aux gens, à collecter plein de petits bouts de personnes pour créer à la fin une grande étendue et montrer la force du collectif.
Rachel Rouzaud, artiste
Rachel a été sélectionnée pour rejoindre une équipe de 14 artistes issus de différents pays de l'Union européenne. Tous réalisent le même projet : coudre sur un drapeau européen à partir de fils troqués au fil de leurs rencontres quotidiennes. "N'importe qui dans l'espace public peut me donner un morceau de fil, ça m'amène à parler aux gens, à collecter plein de petits bouts de personnes pour créer à la fin une grande étendue et montrer la force du collectif", commente l'artiste.
Une manière de tisser du lien entre nations, pour continuer de faire flotter l'étendard des valeurs européennes.