Les employés de l'Etat fédéral belge ne pourront plus utiliser Tiktok sur leurs téléphones de fonction pendant au mois 6 mois. Les annonces du Premier ministre font suite à des soupçons de coopération avec le renseignement chinois. Des allégations vivement démenties par le réseau social.
"Nous ne devons pas être naïfs: TikTok est une entreprise chinoise qui est aujourd'hui obligée de coopérer avec les services de renseignement chinois. C'est la réalité", a affirmé le Premier ministre belge, Alexander De Croo, craignant le détournement de données sensibles.
Ce 10 mars, la Belgique a banni l'application des téléphones et tablettes de fonction fournis par l'Etat fédéral, avec l'interdiction pour les agents de la télécharger ou de l'utiliser. Les ministres, les membres de cabinet mais aussi l'ensemble des fonctionnaires sont concernés par ces restrictions.
La Belgique n'a pas interdit l'usage de Tiktok sur les appareils personnels des fonctionnaires d'Etat, mais recommande de ne pas les installer si l'appareil est occasionnellement utilisé à des fins professionnelles.
La Belgique, une "cible très attirante" pour l'espionnage
L'interdiction décidée par le gouvernement belge est prévue pour six mois, délai au terme duquel elle sera réévaluée. Elle a été décidée sur la base d'une analyse conjointe du Centre national pour la Cybersécurité et de la Sûreté de l'Etat, qui évalue les risques d'espionnage. La Flandre, la région la plus peuplée du pays, avait déjà pris sa décision le 9 mars, bientôt imitée par la région de Bruxelles-Capitale.
Pour les activités d'espionnage, la Belgique est une cible "très attirante pour l'espionnage et les activités d'influence chinois" estimait la Sûreté de l'Etat en janvier 2023. Le pays abrite en effet le siège de l'Otan, du Parlement Européen ou encore du Comité économique et social de l'UE.
Le texte mentionnait ainsi la situation "particulièrement problématique" des employés ou lobbyistes liés à des intérêts chinois, qui "souvent ne réalisent pas à quel point l'entreprise ou l'institution pour laquelle ils travaillent est liée aux objectifs géopolitiques stratégiques de la Chine".
Ces dernières semaines, la Commission Européenne, le Parlement européen mais également le Parlement danois ont également banni Tiktok des appareils de leurs salariés.
Tiktok inquiet pour son marché européen
Tiktok, propriété du géant chinois a nié toute accusation de corrélation avec le renseignement chinois. "Nous sommes déçus de cette suspension, basée sur des informations erronées", a réagi TikTok auprès de l'AFP.
Depuis 2020, Tiktok travaille à l'implantation d'un siège social hors de Chine et affirme être aujourd'hui "majoritairement détenue par des investisseurs institutionnels internationaux", avec des données hébergées aux Etats-Unis et à Singapour. "Le gouvernement chinois ne peut pas obliger un autre pays souverain à fournir des données conservées sur son territoire", a fait valoir un porte-parole de l'application mobile.
Le 8 mars, pour rassuré le marché européen, Tiktok avait déjà annoncé que, dès 2023, les données des utilisateurs européens seraient stockées dans des centres situés en Irlande et en Norvège.
Avec AFP.