“En France, les cigarettes sont soit chères soit empoisonnées", les fumeurs frontaliers hésitent entre la Belgique et la contrebande

À la sortie de la bouche de métro ou via Snapchat, la revente de cigarettes de contrebande se développe à Lille. Certains fumeurs préfèrent continuer à profiter de la proximité avec la Belgique - et de la fin de la limitation des seuils - pour s'approvisionner. Un choix avant tout motivé par des questions financières et de temps.

Plus une mais quatre. Depuis le vendredi 29 mars 2024, les fumeurs peuvent ramener davantage de cartouches de cigarettes provenant d’un autre pays de l’Union Européenne. “On le faisait déjà, mais là on sera plus sereins”, reconnaît Silem, lillois de 28 ans. En rentrant du travail à Tourcoing, l’éducateur fait, “un détour en Belgique une fois par mois”, pour s’approvisionner en tabac.

Lui, mais aussi ses amis. “On mutualise et rentabilise”, poursuit-il. De l’autre côté de la frontière, d’autres comme Lucille, profitent de ceux qui en ramènent. Trop loin, trop d’organisation et trop de temps : voilà ce qui la retient de mener cette excursion. L’étudiante lilloise reconnaît avoir “la flemme de faire une heure de métro” pour des cigarettes et s’adapte au rythme de ses amis.

Pas de contrebande,  question de qualité

Quand elle vient à bout de sa réserve, Lucille réduit sa consommation et finit par franchir à nouveau le pas d’un bureau de tabac conventionnel. L’achat de contrebande, elle s’y refuse. Pas faute d’avoir vu passer les annonces  de cigarettes à moindre coût vendu par des particuliers sur Snapchat. À sec, Alice, une autre étudiante, préfère se tourner vers des solutions de proximité comme la vente à l’unité dans des supérettes ou de paquets à la sortie du métro.

Une solution “pas envisageable” pour Lucille, qui “ne [se] voit pas [s]’arrêter” et acheter ses cigarettes à la sauvette. Sans parler de la qualité du tabac. Elle se rassure avec le système belge de contrôles et d’autorisation des produits, semblable à celui appliqué en France. Un argument qu’Alice balaie du revers de la main : “Fondamentalement, ça reste du tabac qui te détruit la santé, peu importe la qualité.” Depuis huit mois, elle parcourt une grande majorité de la ligne 2 du métro pour acheter son pot en Belgique.

400€ de cigarettes

Une habitude qu’elle risque de perdre au vu de l’augmentation des prix survenue en 2024. “C’est bien de pouvoir ramener quatre cartouches, mais il faut être en mesure de sortir 400€ d’un coup”, argue l’étudiante boursière qui préfère prendre peu mais revenir souvent. Cette nouvelle tolérance sur l’achat de tabac, les consommateurs la doivent à une décision du Conseil d’Etat rendue en septembre 2023. Il imposait à la France “d'aligner ses quotas légaux d'importation de tabac sur les règles communautaires”, comprenez celles de l'Union Européenne, détaille Les Echos.

Une bonne chose” pour Silem, qui profite de la frontière belge pour faire son plein d’essence, de tabac et d'alcool. “En France, les cigarettes sont soit chères soit empoisonnées”, s’agace-t-il, “au moins, en Belgique, je fais un stock.” Un avantage frontalier qui a un effet pervers selon Lucille, “ça m’incite à fumer plus”, reconnaît-elle.

Tant qu’il s’agit d’une “consommation personnelle”, aucun risque pour ces fumeurs qui font tourner l’économie belge. Désormais, les douaniers seront chargés de vérifier si le tabac est acheté pour ses besoins propres, soit évincer tout soupçon de présomption de commerce, de fait illégal. “Quel que soit le seuil, si c’est pour la revente, ce n’est pas bon”, arguent les services ministériels cités par l’AFP.

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