Le ministre de la Santé belge s'attaque au tabagisme et va fortement taxer les cigarettes (même électroniques) à partir du 1er janvier 2024. Ce qui n'est pas sans inquiéter les buralistes dépendants de la clientèle française...
Aujourd'hui, la Belgique fait figure de bureau de tabac des fumeurs nordistes. Le paquet de cigarettes est 3 à 4 euros moins cher qu'en France. De quoi réaliser d'importantes économies pour les consommateurs réguliers. Mais ce ne sera bientôt plus le cas.
À partir du 1er janvier 2024, les taxes gouvernementales sur le tabac vont fortement augmenter, comme l'a annoncé le ministre de la Santé publique belge, Frank Vandenbroucke, le 24 octobre dernier. Une mesure parmi dix autres qui s'inscrit dans le cadre d'un plan national de lutte contre le tabagisme.
+2€ par paquet dès 2024
Concrètement, le prix d'un paquet de cigarettes augmentera d'environ 2 euros, soit une hausse moyenne de 25% par rapport au tarif actuel. Plus précisément, le ministère chiffre cette revalorisation à 52 euros par 1000 cigarettes et de 42,6 euros par kilo de tabac à fumer.
Actuellement, un paquet de Malboro est vendu 8,20€ en Belgique contre 11,50€ en France, soit un avantage de 3,30€ pour le fumeur hexagonal. L'année prochaine, il ne sera plus que de 1,30€. Un avantage suffisant pour motiver les Nordistes à traverser la frontière ?
Cet écart de prix pourrait bien sûr fluctuer dans les prochaines années, puisque le gouvernement français poursuit sa politique de hausse des prix également. D'ailleurs, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a annoncé, le 28 novembre, que le paquet passerait à un montant de 12€ en 2025 et de 13€ en 2026.
L'avenir en pointillé des buralistes
Pour les buralistes belges que nous avons contactés, la réponse est plutôt non. "Il n'y aura plus de grosse différence de prix, donc on va perdre notre clientèle (à 80% française), craint Nir Raisini, propriétaire de deux bureaux de tabac à Mouscron, à deux pas du Nord, employant une dizaine d'employés. La fermeture ? On l'envisage l'année prochaine."
Même inquiétude pour Ghulam Ahad, gérant de trois enseignes à la frontière, avec huit salariés. "Les gens ne feront plus le déplacement pour un euro, réagit-il. Désormais on se dit qu'on a un compte à rebours et qu'il nous reste plus que quelques mois à travailler." Le buraliste dit n'avoir pas remplacé une employée sur le départ pour cette raison.
Toutefois, une décision du Conseil d'État, attendu dans les prochains mois, pourrait relativiser les pertes à venir des commerçants belges. En effet, ce dernier a demandé au gouvernement français de s’aligner sur le droit européen qui fixe à 800 le nombre de cigarettes qu’il est possible de rapporter au sein de l’Union Européenne. Soit 4 cartouches, contre 1 autorisée à l'heure actuelle.
D'autres mesures contre le tabagisme
En 2025, une autre mesure (la 1ère de la série) devrait aussi ralentir la vente du tabac en Belgique. Les magasins ne seront plus autorisés à exposer en rayons des produits contenant du tabac. "Ils devront être placés dans une pièce séparée ou rangés dans un tiroir ou une armoire", précise le ministère de la Santé. Comme c'est déjà le cas en France, avec le présentoir disposé derrière la caisse.
Pour justifier cette campagne anti-tabac, le ministre de la Santé a rappelé les dangers inhérents. "Le tabagisme est la principale cause évitable de cancer, explique-t-il. Chaque jour, près de 40 Belges (14 000 personnes par an) meurent du tabagisme." Pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), "l'augmentation des taxes sur le tabac est la solution la plus efficace et la plus rentable pour réduire le tabagisme".