Suite à une action non-violente menée à Westfield Euralille le samedi 20 janvier 2024, qui visait à répandre une mauvaise odeur dans le centre commercial pour dénoncer l'impact des soldes sur l'environnement, un militant d'Extinction Rebellion a été violenté par les vigiles. Il souffre depuis d'une fracture du doigt.
Tout part d'une action non-violente. Alors que les soldes d'hiver battent leur plein depuis déjà une semaine, les membres lillois du mouvement écologiste Extinction Rebellion (XR) entament une campagne de dénonciation pacifiste intitulée "Extinction des Soldes" dans le centre commercial Westfield Euralille.
Le but de cette action, menée le samedi 20 janvier 2024 dans la matinée, était logiquement de pointer du doigt l'engouement que provoquent les soldes chaque année, devenus avec le temps une "véritable folie consumériste" qui engendre un "lourd bilan écologique et humain" pour la planète, selon les termes de XR.
Une odeur nauséabonde
Une campagne certes pacifiste, mais qui n'en reste pas moins coup de poing... Notamment pour l'odorat : le mouvement de désobéissance civile prévoyait de diffuser une odeur nauséabonde, très proche de celle du vomi, dans les allées du centre commercial afin d'en vider les boutiques.
Sur Facebook, Extinction Rebellion explique avoir eu recours à "un composé utilisé dans la fabrication du fromage et présent dans notre estomac, rien de bien dangereux mais très répugnant." C'est justement la diffusion de cette mauvaise odeur qui va provoquer les évènements qui suivent.
"J'étais dehors avec une autre activiste quand j'ai vu débouler des vigiles, qui m'ont choppé et traîné pour rentrer dans Euralille." Stéphane* a 24 ans, il participait à l'action d'Extinction Rebellion de ce samedi. L'étudiant se trouvait déjà hors du centre commercial lorsqu'il a été arrêté et emmené par deux agents de sécurité de Westfield. Tentant de s'accrocher aux portes qui donnent sur l'avenue le Corbusier, le jeune homme se fait finalement emporter "dans un couloir sombre à l'écart de tout".
Appel à témoignages
"Là-bas j'ai été roué de coups plusieurs fois. Les vigiles m'ont insulté et ont tenté de m'intimider, en me forçant à rester allongé par terre pendant près de 40 minutes." Profitant d'un moment d'inattention des agents de sécurité, Stéphane est parvenu à s'échapper du lieu en passant par une porte qui donnait sur l'avenue Willy Brandt, face au Tripostal. Souffrant d'une blessure au genou, il a cependant été rapidement rattrapé par les vigiles.
J'ai été roué de coups plusieurs fois. Les vigiles m'ont insulté et ont tenté de m'intimider, en me forçant à rester allongé par terre pendant près de 40 minutes.
Stéphane, étudiant et activiste XR
"Je me suis accroché à un poteau pour ne pas être ramené à l'intérieur. J'ai appelé les passants à l'aide en leur demandant de filmer." Pour le forcer à lâcher prise, Stéphane explique que les agents de sécurité lui ont tapé sur la main, lui causant une fracture à l'un des doigts. Avant d'être de nouveau traîné dans Euralille, Stéphane affirme "avoir vu deux filles, dont une qui filmait la scène depuis la passerelle" qui mène à l'Aéronef.
Un appel à témoignages a été lancé par Extinction Rebellion ce lundi 22 janvier, pour tenter de retrouver la personne et d'obtenir de nouvelles preuves.
"Séquestration" et "coups et blessures"
Une fois la police arrivée sur place, Stéphane est emmené au commissariat de police d'Euralille. "Ça se voyait qu'ils ne comprenaient pas trop pourquoi la situation avait autant escaladé. Ils m'ont donné une amende pour 'dépôt d'ordures sur la voie publique', que j'ai refusé de signer, et je suis parti." L'étudiant s'est alors rendu au CHU de Lille, où un médecin légiste a pu attester de la fracture et de multiples contusions. Celui-ci lui aurait également donné trois semaines d'ITT, toujours selon l'activiste.
Le mouvement XR de Lille expliquait ce dimanche 21 janvier 2024 que le militant était allé déposer "une plainte contre la sécurité du centre commercial pour séquestration en réunion, détention arbitraire, et coups et blessures attestés par un médecin légiste" dans la foulée.
Le service communication d'Euralille faisait savoir ce mardi qu'une enquête est actuellement menée par le siège et le centre de Westfield Euralille pour retracer les évènements, aucune déclaration ne peut être donc faite pour le moment. La direction "tient tout de même à souligner" que le jeune homme se serait "montré récalcitrant", ce qui "aurait mené à l'altercation".
*Le prénom a été modifié