Lever l'obligation du port du masque dans les transports en commun n'est pas judicieux selon le chercheur au CHU de Lille Philippe Froguel. Il conseille aux personnes vulnérables de continuer de se protéger au mieux.
Le gouvernement a annoncé que le port du masque ne serait plus obligatoire à partir du lundi 16 mai. "La situation épidémique s’améliore, s'est justifié le ministre de la Santé Olivier Véran. La pandémie n’est pas terminée, mais le nombre de nouveaux diagnostics au quotidien diminue et nous considérons qu’il n’est plus adapté de maintenir cette obligation." Mais est-ce bien raisonnable ?
Les indicateurs du Covid en baisse
Dans les Hauts-de-France, les chiffres sont effectivement en baisse. Le taux d'incidence, soit le nombre de cas positifs sur 7 jours pour 100 000 habitants, est passé de 1552,3 début avril à 446,4 sur la semaine du 2 au 8 mai dernier.
Au 11 mai dernier, 1003 personnes diagnostiquées positives au Covid-19 étaient hospitalisées dans les Hauts-de-France. Parmi elles, 139 étaient en réanimation. Des chiffres en baisse par rapport à la semaine précédente, où l'ont comptait 1952 hospitalisation pour Covid-19 dont 152 en réanimation.
Mais le Covid continue de faire des morts chaque jour
Le nombre de morts lié au Covid-19 continue également de diminuer, de manière lente mais durable. À son pic, le Covid a fait 125 décès dans les Hauts-de-France, la semaine du 2 novembre 2020. Selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, 24 décès liés au Covid ont été recensés pendant la semaine du 5 mai 2022.
Philippe Froguel, médecin, enseignant-chercheur au CHU de Lille et professeur à l’Impérial College de Londres, n'est pas favorable à l'idée de ne plus mettre de masque dans les transports : "le nombre de cas diminue, certes, mais le Covid continue de faire des morts chaque jour." La France n'étant pas débarrassée du virus.
"L'émetteur du virus et le receveur doivent porter un masque, c'est prouvé"
Pour lui, "le meilleur moyen de s'en sortir, c'est d'éviter la circulation directe du virus. Or, dans les transports, on est tout près les uns des autres. La ventilation est variable. Il y a de moins en moins d'isolement, donc forcément, des personnes positives prennent les transports. Et on sait, maintenant que les deux parties doivent porter un masque pour qu'une protection soit assurée : l'émetteur et le receveur".
Philippe Froguel conseille alors aux personnes vulnérables (âgées, immunodéprimées ou non-vaccinées), de porter un masque FFP2 : "il protège beaucoup mieux que le masque chirurgical", ainsi que d'éviter les heures de pointe.
Dans le métro lillois, certains usagers ne sont pas près de retirer leur masque. "On n'oublie pas les risques, on n'oublie pas qu'on a dû le porter tous les jours pendant deux ans", "je continuerai de le mettre, on est trop serrés", "le Covid, c'est pas fini", nous confiaient-ils, jeudi 12 mai.