Le maire de Tourcoing Gérald Darmanin, nommé ministre du Budget, des comptes de la Sécurité sociale, de la Fonction Publique et de la Réforme de l'Etat, ex-porte parole de Sarkozy, est un jeune loup soucieux que sa famille politique continue de parler "aux classes populaires".
A 34 ans, le maire de Tourcoing est d'abord un proche de Xavier Bertrand. Elu député du Nord en 2012, il entre très vite dans le vif du sujet et n'hésite pas à ferrailler avec le gouvernement, faisant preuve d'une certaine dextérité oratoire. En 2014, il devient porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy qui fait son grand retour par la case présidence de l'UMP. Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer qu'il est pour Xavier Bertrand si celui était candidat à la primaire de la droite, ce qui ne fut finalement pas le cas. Il quitte son mandat de député en décembre 2015 lorsqu'il devient vice-président du conseil régional des Hauts-de-France précisément lorsque que Xavier Bertrand remporte la région dans un rude combat face au FN.
Rebelote en 2016, il devient le coordinateur de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite, à l'issue de laquelle l'ex-chef de l'Etat se fait balayer au premier tour. Celui-ci dit de M. Darmanin, nouveau poids lourd du gouvernement, qu'il est un "grand talent". Après la primaire, Gérald Darmanin regrettait dans une tribune que "la droite française n'intéresse plus les classes populaires", qui ne sont pas venues voter et déplorait une droite "recroquevillée". Il a abandonné la campagne de François Fillon en même temps que les partisans d'Alain Juppé et ceux de Bruno Le Maire, et quitté début mars son poste de secrétaire général adjoint du parti LR.
Origines modestes
"Je préfère toujours mon pays à mon parti", a-t-il dit ce mercredi lors de la passation de pouvoirs avec Annick Girardin au ministère de la Fonction Publique. Natif de Valenciennes, ce jeune homme brun au sourire franc a des origines modestes : père retraité "connu pour être le tenancier du bar" face au stade du VAFC, mère femme de ménage à la Banque de France.Il a "fait son lycée à Paris", avant Sciences Po Lille, puis a travaillé au cabinet de Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, et ensuite au ministère des Affaires Etrangères et à celui des Sports.
Lors de sa dernière question au gouvernement à l'Assemblée, il lance: "Arrêtez les exercices comptables et aidez vraiment l'égalité des chances et les enfants des quartiers populaires" dans une question sur la baisse des dotations aux collectivités. Attaché au "Sarkozy de 2007", il regrette que celui-ci se soit "un peu fait embarquer pendant son quinquennat" vers la droite et avait en 2013 demandé un "inventaire" du mandat de M. Sarkozy. Début 2016, il conseillait à Sarkozy de changer d'"entourage et de méthode". Parmi ses convictions, l'assimilation des Français de confession musulmane, lui dont le grand-père maternel était algérien.
En juin 2016, dans "Plaidoyer pour un islam français", un texte d'une soixantaine de pages, il appelle à une "concorde" et fait une vingtaine de propositions à destination des prétendants à l'Elysée. "Entre les Français non musulmans et l'islam, le fossé devient un canyon. On ne se comprend plus. Chacun croit que l'autre veut le détruire. On s'excommunie mutuellement", écrit-il craignant la "rupture" entre "les millions de musulmans vivant en France et la République".
Il fut longtemps proche collaborateur de Christian Vanneste, exclu en 2012 de l'UMP après des propos considérés comme homophobes, et lui avait ravi sa circonscription du Nord. Il est très proche d'un autre jeune loup de la droite, Sébastien Lecornu, un des soutiens de Bruno Le Maire, président du département de l'Eure. Qui a salué immédiatement l'arrivée de son ami au gouvernement.