Grève de la faim : le cri de détresse de Mickaël Colmant, en situation de handicap, pour “être libre”

En situation de handicap depuis sa naissance, le nordiste Mickaël Colmant annonce avoir débuté une grève de la faim il y a plus de 60 jours. L’enjeu de cet ultime appel à l’aide ? Obtenir un véhicule aménagé qui lui redonnerait, à 29 ans, son indépendance.

C’est aujourd’hui le 62ème jour durant lequel Mickaël Colmant ne mangera pas. À 29 ans, il annonce s'être lancé dans une grève de la faim pour appeler à l’aide. Depuis la naissance, il est porteur d’une maladie orpheline (une vingtaine de cas en France), qui lui a causé, dès l’âge de 12 ans, des complications au niveau des jambes : "Du jour au lendemain, je suis passé de quelqu’un qui marchait et courait peu à quelqu’un qui ne pouvait plus marcher". Depuis, les douleurs font partie de sa vie quotidienne et il n’a jamais vécu plus de dix jours sans séance de kinésithérapie, sans quoi il ne peut plus même se lever de son lit.

Un problème mécanique probablement dû aux nerfs ou aux muscles qui rend Mickaël Colmant dépendant. Son seul espoir pour retrouver un semblant de vie normal ? Le fait de posséder un véhicule aménagé au poste de conduite, grâce auquel il pourrait "faire des courses, aller chez le kiné, déménager, vivre, tout simplement…", souffle-t-il. 

Invalidité à 80%

Autant de choses de la vie qu’il ne peut aujourd’hui pas faire de manière autonome, puisqu’il ne possède pas de voiture, et qu’il ne peut marcher que 200 à 300 mètres par jour. "J’ai la vie d’une personne grabataire. Je passe mes journées enfermées. Ma mère doit s’organiser quinze jours à l’avance pour le moindre transport, alors qu’elle a 62 ans et qu’elle habite à 40 kilomètres. Tout n’est que source de frustration", déplore le jeune homme qui vit à La Bassée, dans le Nord. 

J’ai la vie d’une personne grabataire. Je passe mes journées enfermées.

Mickaël Colmant

Mais avec ses 900 euros d’allocation adulte handicapé (AAH) par mois, impossible d’atteindre le budget nécessaire à l’achat d’une voiture d’occasion aménagée, qu’il estime à près de 20 000 euros. Même le système d'autopartage - 1 590 euros le mois de location du véhicule - est hors de sa portée. "En 2016, j’ai mis toutes mes économies dans mon permis, et concernant les aides, soit elles n’existent pas, soit je ne correspond pas, soit on me les a refusées", précise-t-il. 

Il explique également avoir mené 14 recours différents, contacté des associations à plusieurs reprises et interpellé via des lettres des personnalités politiques. Le tout pour demander de l’aide, sans succès. "Il n'existe pas de financement pour l'acquisition d'un véhicule", lui confirmait par exemple l’association APF France handicap dans un mail.

Dernier espoir

"J’en suis arrivé à un point où je me suis dit ‘soit je me laisse pourrir dans un coin, soit je tente le tout pour le tout’. Il n’y a plus d’autres solutions", explique Mickaël, bien décidé à aller au bout de sa grève de la faim pour que les associations acceptent de visibiliser sa cagnotte et pour que l’État s’engage, par exemple en mettant en place une aide exceptionnelle, un micro-crédit, voire une loi pour ce type de situation. 

Et ce, malgré son état de santé qui se "dégrade assez vite" : nausées, vertiges, pertes de concentration, difficulté à parler, pertes de mémoires, fortes douleurs abdominales, douleurs dans les jambes accentuées… Des symptômes de plus en plus prégnants. "Les personnes en surpoids pourraient aller jusqu’à environ cent jours sans manger, j’espère qu’on trouvera avant", indique-t-il. 

Je vis une privation de liberté à cause de mon propre corps. Mais la pire chose inventée c’est justement la privation de liberté.

Mickaël Colmant

Il compte pour cela sur la mise en lumière de sa situation personnelle, comme ce fut le cas sur Fun radio ou sur les réseaux sociaux, avec Enora Malagré qui a réagit à son appel à l’aide. "Tout ce que je souhaite c’est être libre. Actuellement, une journée par mois, je suis réparateur bénévole dan un repair café. Avec un véhicule je pourrai y aller seul plusieurs fois par semaine et même aller au resto du cœur d’Arras !",  explique-t-il avec excitation. 

Son ton se durcit toutefois au moment de parler de sa situation actuelle : "Parce que j’ai la malchance d’être dans une situation complexe, je vis une privation de liberté à cause de mon propre corps. Mais la pire chose inventée c’est justement la privation de liberté", dénonce-t-il avant de répéter : "Tout ce que je souhaite c’est être libre, c’est tout."



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