Grève de la fonction publique : les enseignants sur le front des moyens pédagogiques

Ce mardi 19 mars 2024, l’intersyndicale de la fonction publique appelle l’ensemble des agents de l’État à débrayer pour demander des hausses de salaires. Les enseignants seront dans les cortèges. Ils réclament une meilleure rémunération et davantage de moyens pour l'Education nationale. L'occasion également de dénoncer les récentes annonces gouvernementales sur les groupes de niveau.

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Une nouvelle fois, les syndicats ont décidé de se serrer les coudes pour peser plus lourd face au gouvernement. CGT, CFDT, FO, UNSA ou encore Solidaires demandent "des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice". Dans son communiqué, l'Intersyndicale dit "refuser de subir une année blanche en matière salariale".

Et c'est dans l'éducation que la grogne est la plus forte. En cause, l'annonce récente de coupes budgétaires de 700 millions d’euros par le gouvernement. Pour comprendre les raisons de la colère, nous nous sommes entretenus avec Alain Talleu, cosecrétaire départemental FSU-SNUIPP du Nord.

Dans quel contexte s'inscrit la mobilisation de ce mardi ?

La mobilisation est nationale. Elle fait suite à l'alerte sociale qui avait été déposée au mois de novembre. Une première mobilisation a été particulièrement suivie le 1er février. On a l'impression de ne pas avoir été entendus par le ministère. Les annonces, notamment celles du ministre du Budget avec des coupes supplémentaires pour la rentrée, ont toutes les raisons de nous inquiéter.

Que demandez-vous au niveau salarial et sur les budgets ?

Il y a deux choses. La première, c'est 300 euros tout de suite pour toutes et pour tous. Sans contrepartie, sans conditions supplémentaires.

Deuxième point. On demande davantage de moyens pour l'école, pour l’école inclusive, pour améliorer l'accueil des élèves en situation de handicap et besoin éducatif particulier. On ne peut pas nier la baisse démographique, mais elle ne doit pas être la seule explication, la seule justification pour baisser le nombre de postes dans le 1er degré et dans le 2nd degré.

Dans le département du Nord, on perd 130 postes à la rentrée en septembre 2024 parce qu'il y a une baisse démographique. Mais la situation du remplacement n'est pas satisfaisante, la formation des enseignants n'est pas satisfaisante. Ça aurait été l'occasion d'améliorer les conditions du remplacement, les conditions de la formation continue, les conditions d'accueil de l'école inclusive. Ce n'est pas le cas et nous le déplorons.

Quel est l'état d'esprit des enseignants ?

On a beaucoup de sollicitations de collègues qui nous écrivent, qui nous décrivent leur situation de travail dégradée. La grève, c'est une manière de dire : "ça suffit, on n'y arrive plus".

On n'y arrive plus parce que nos conditions de salaires ne se sont pas améliorées. Et puis surtout, les conditions d'accueil ne se sont pas améliorées. L'accueil des situations de handicap et des élèves à besoin éducatif particulier n'est pas satisfaisant. L'inclusion se fait sans moyen. Ça a des conséquences pour les familles et pour les enfants.

À la FSU-SNUIPP, on a déposé 102 alertes sociales en novembre parce que, déjà à ce moment-là, ça débordait. On n'est pas entendu par nos ministres. "Nos" ministres parce que l'Education Nationale est en train de les collectionner. On est à notre quatrième en un an. On a l'impression que Nicole Belloubet est là parce qu'on lui a demandé mais que ça se décide clairement au-dessus. Gabriel Attal, Emmanuel Macron… On a l'impression qu'ils jettent de l'huile sur le feu et que ça se dégrade encore.

Il y a eu des annonces sur les groupes de niveau dans le 2nd degré. Cela a attisé la colère ?

Ces annonces "choc" des groupes de savoir, des groupes de niveau dans le second degré ne vont pas dans le sens de ce qui est pédagogiquement utile et efficace pour nos élèves.

Je représente les enseignants du 1er degré, mais pour en discuter avec les collègues du SNES, ces groupes vont à l'encontre de la liberté pédagogique et de l'expertise des enseignants. Les professeurs savent comment prendre en charge la différence et la difficulté scolaire.

Cette façon d'imposer, c'est aussi une manière de stigmatiser et de discriminer les élèves qui seraient le plus en difficulté. Si on se retrouve avec des élèves jugés "nuls" - parce que c'est comme ça que les autres élèves pourraient les appeler – alors, ils seront stigmatisés, discriminés et peut-être victimes de harcèlement.

On s'oppose aussi aux évaluations nationales standardisées des élèves. Il y a une pétition à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales qui tourne aujourd'hui. On ne souhaite pas se voir imposer ce type d'évaluations encore, encore et encore.

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