De nombreux enseignants et surveillants des épreuves du bac sont en grève lundi 20 et mardi 21 mars 2023. Ils dénoncent à la fois la réforme des retraites et celle du bac qui impose la tenue d'une partie des examens dès le mois de mars.
La grève des enseignants et des surveillants du bac a débuté lundi 20 mars 2023, premier jour des épreuves de spécialité des élèves de terminale qui se poursuivent demain. En cause, l'usage de l'article 49 alinéa 3 pour faire passer la réforme des retraites mais aussi le refus du ministère de l'Education nationale de reporter les épreuves de spécialité au mois de juin.
Pour le moment, "il est difficile de savoir à quel point c'est suivi", explique Laurie Rohart, déléguée syndicale du SNES-FSU et professeure à Dunkerque. "Il y avait une assemblée générale des collègues la semaine dernière mais il n'a pas été décidé de blocage des épreuves", précise-t-elle.
Jean-François Caremel, secrétaire académique SNES-FSU de Lille, note que des assemblées générales sont en cours "de 11h à 13h". Celles-ci dessineront les contours des grèves et mobilisations des jours à venir chez les enseignants.
Une double mobilisation contre la réforme des retraites et celle de Blanquer
Les enseignants dénoncent une réforme des retraites "brutale, injuste, inutile et injustifiée". Celle-ci "frappera d'abord les femmes, les plus précaires et les plus fragiles". De plus, ils constatent que malgré le rejet de cette réforme "avec le soutien d'une majorité de la population", l'usage du 49.3 par le président de la République Emmanuel Macron "fait preuve d'un mépris de la démocratie, que les personnels de l'Education nationale connaissent bien depuis 2017".
Au-delà de la mobilisation contre la réforme des retraites et l'utilisation du 49.3, un autre problème de taille se pose pour les enseignants et surveillants en grève : l'abandon de la réforme Blanquer. "Depuis toujours, le SNES demande l'abandon de la réforme Blanquer et le décalage des épreuves au mois de juin. Les passer au mois de mars n'a pas de sens", souligne la déléguée syndicale.
"Ça fait des mois qu’on demande le report des épreuves en juin, on sonne la sonnette d'alarme depuis le mois de janvier et l'idée du ministre est de les maintenir coûte que coûte pour que survive la réforme du lycée", ajoute Jean-François Caremel. Certes, il devait quand même y avoir une mobilisation de la part des enseignants, réforme des retraites ou non, mais l'utilisation du 49.3 pour faire passer de force la réforme des retraites a donné "une autre ampleur" au mouvement.
Dans son communiqué, le SNES-FSU Lille pointe du doigt le fait que "les programmes de spécialité ont dû être bâclés pour finir dans les temps" ou encore que "les élèves ne sont pas prêts et n'ont pas eu le temps de réviser". Laurie Rohart observe que tous ces facteurs rendent "les élèves extrêmement stressés depuis la réforme. On dit que le contrôle continu éradique le stress mais les épreuves arrivent trop tôt".
Depuis l'instauration du nouveau bac en 2019, les épreuves "n'ont jamais eu lieu normalement : il y a eu les grèves, le Covid année 1, le Covid année 2 et la mobilisation contre la réforme des retraites. On n'est jamais écoutés."
Ils ressentent également un "manque de respect" de la part de l'Education nationale. La semaine dernière, les enseignants ont reçu un courrier du ministre de l'Education Pap Ndiaye "nous demandant de banaliser les cours pour permettre aux élèves de réviser... à trois jours du weekend". Alors qu'en réalité, une telle banalisation "demande une organisation en amont sur plusieurs semaines".
De nombreux lycées en grève
Même s'il est trop tôt pour évaluer le nombre de personnes mobilisées, force est de constater que cette double mobilisation est assez suivie. "Il y a plusieurs établissements où le mouvement sera suivi : Condorcet à Lens, Picasso à Avion, Henri d'Arras à Liévin et Forrest à Maubeuge", énumère Laurie Rohart. Le SNES-FSU de Lille rappelle aussi que plusieurs rassemblements et manifestations auront lieu durant cette semaine du 20 mars : Lille, Béthune, Lens, Calais, Roubaix, Armentières, Arras, Dunkerque, Boulogne-sur-Mer ou encore Douai.
Quant aux critiques qui peuvent être faites aux enseignants en grève en cette période d'examens, Laurie Rohart tempère : "c'est un moment important pour les élèves donc on n'a pas voté de blocage". Elle rappelle également que les manifestations contre la réforme des retraites durent depuis plusieurs semaines et que "si le gouvernement avait écouté les manifestants, on n'en serait pas là".
Les deux professeurs sont unanimes : si une grève a lieu aujourd'hui, les enseignants sont totalement conscients "que l'administration a les moyens de faire en sorte que les surveillances soient assurées" et ne se font pas "d'illusion sur la tenue des épreuves car le but n'est pas de bloquer mais de continuer à mobiliser sur les retraites jusqu'à jeudi", assure Jean-François Caremel.
Laurie Rohart, quant à elle, rappelle que "les chefs d’établissement peuvent demander à des assistants d’éducation ou des collègues non-grévistes" de venir surveiller les épreuves.
"On ne peut pas s'interdire d'agir ces jours-ci à cause du bac parce que ce sont des jours décisifs sur la réforme des retraites", conclut Jean-François Caremel. D'autant plus que "les collègues en grève sont ceux qui ont préparé les élèves aux épreuves du bac, ils n'entravent en rien leur réussite".