Le secteur du transport sera l'un des enjeux cruciaux de la transition écologique. Équipée il y a peu de camions électriques, les 2 seuls des Hauts-de-France, l'entreprise Stock Logistic se veut précurseure dans le domaine. Avec un coût plus élevé que celui des camions conventionnel et une autonomie limitée, il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir avant d'infiltrer ce mode de transport dans notre quotidien.
Un camion rouge vif, floqué d'un cercle blanc arborant fièrement la formule "100% electric". Sur le parking de Stock Logistic à Leers dans les Hauts-de-France, deux imposants 44 tonnes de ce genre se côtoient. Reconnaissables de loin, ces poids lourds d'un nouveau genre carburent uniquement à l'électricité. Un investissement tout récent pour l'entreprise, désireuse de réduire son empreinte carbone. Il faut dire que le levier est ingénieux, quand on sait que les poids lourds sont responsables de 23% des gaz à effet de serre du pays. Derniers à convaincre : les conducteurs de l'entreprise. Ce jour-là c'est le grand saut pour l'un d’eux, Nicolas Bouyon.
Silence sur la route
La journée commence par un "nouveau geste" pour le conducteur de poids lourds. Dans un cliquetis, il détache la prise de charge de son support éclairé de vert. Première réaction : "c'est sensiblement différent à un plein de gasoil mais ça s'y rapproche", frémit-il.
Agilement, il se hisse dans sa cabine, et s'installe dans un rebond sur son siège flambant neuf. La clé met l'engin en marche, sans chasser le silence. Le bruit habituellement assourdissant des moteurs thermiques est remplacé par le doux cheminement de l'appareil : "c'est la magie du truc contrairement au gasoil pas de son, juste quelques voyants allumés et on est partis", souligne Nicolas.
C'est la magie du truc contrairement au gasoil pas de son, juste quelques voyants allumés et on est partis.
Nicolas Bouyon, conducteur de poids lourds
Sans un bruit, le camion rouge vif quitte le parking, avec à son bord un conducteur déjà convaincu. Clignotant, premières accélérations puis premiers arrêts au feu rouge, c'est un carton plein : "aucune vibration, pas de mouvement de transmission comme avec un camion classique, linéaire, commente Nicolas, c'est sur le même principe qu'une mobylette, on accélère, on freine".
Pour la mission du jour, Nicolas ne devra parcourir que 10 kilomètres, le temps de se familiariser avec son nouveau compagnon de route. Comme lui ce jour-là, un camion sur trois en France parcourra moins de 150 kilomètres pour effectuer sa livraison. Une réalité de terrain que le marché de l'électrique aura tout intérêt à exploiter pour se développer dans le pays.
@france3hautsdefrance Les camions électriques arrivent sur nos routes #decarbonation #camions#chauffeurs#routiers ♬ son original - france3hautsdefrance
À l'heure actuelle, seulement une dizaine de camions de ce genre sont déployés dont 2 dans les Hauts-de-France chez Stock Logistic. Une rareté qui s'explique par leur prix : 300 000 euros par exemplaire, soit trois fois plus que le prix habituel.
Un test concluant pour le chauffeur
Malgré l'air convaincu de Nicolas, confortablement installé, une inquiétude se dessine sur son visage : "je pense qu'il faudra constamment surveiller l'autonomie, avoir un œil sur la jauge même si ça n'est pas du gasoil", regrette-t-il. Les infrastructures en France ne permettent pas de dépasser la limite de l'autonomie des camions, d'environ 250 km.
Un constat déplorable pour Hugo Stock, co-directeur de l'entreprise de logistique : "aujourd'hui parce que la France n'a pas les infrastructures on est bridés, c'est là où l'ensemble des politiques doit avoir un effort commun pour nous permettre de rouler."
Aujourd'hui parce que la France n'a pas les infrastructures on est bridés, c'est là où l'ensemble des politiques doit avoir un effort commun pour nous permettre de rouler
Hugo Stock, co-directeur de l'entreprise Stock Logistic
Arrivé sur place, le chargement du camion s'effectue de la même manière qu'avec un camion conventionnel. Au détail près que le client du jour salue l'effort : "on a fait notre bilan carbone avec l'objectif de réduire cette empreinte dans les années qui viennent et donc le transport en fait partie comme on a pu réaliser l'impact de nos livraisons."
Sur le retour, Nicolas Boyon savoure encore quelques minutes ces nouvelles sensations. Ravi, il relève la légèreté de conduite de son nouvel engin : "on a l'impression qu'il ne force pas, c'est pas un feignant", plaisante-t-il.
Une fois de retour sur terre, le verdict est sans appel. Pour le chauffeur le camion est validé : "c'est pas désagréable, c'est sans à-coups, très linéaire, très silencieux, plutôt confortable donc pour l'instant plutôt agréablement surpris", détaille-t-il.
L'entreprise, les clients et le conducteur sont conquis, ne reste que la question économique "qui nous empêche pour l'instant de mettre toute notre flotte en électrique", termine Hugo Stock, co-directeur de l'entreprise de logistique. Une évolution souhaitable pour l'avenir dans la lutte contre le dérèglement climatique.