A l'heure où l'on parle qualité de l'air et décarbonation, l'entreprise Terrao, installée à Coudekerque-Branche, dans le dunkerquois fait de la lutte contre la pollution son fer de lance.
Dans les ateliers de Coudekerque-Branche (Nord), de gros tuyaux d'inox sont en cours d'assemblage. Cette grosse machine qui semble sortir tout droit d'un film de science-fiction des années 50 est en fait un système innovant qui permet la filtration des fumées et la récupération de chaleur sur une chaudière. Elle va bientôt partir près de Lyon pour équiper une chaufferie communale. Son nom : Terrao. Elle a été conçue par Jaouad Zemmouri, professeur de physiques à l'université de Lille.
"Comme une grosse machine à laver"
"Le système Terrao est un système de traitement des fumées sur une biomasse", explique son concepteur. "Il permet de récupérer la chaleur des fumées. On regagne ainsi 1 mégawatt sur une chaufferie qui fait 4 mégawatts. Les fumées ressortent avec moins d'eau, moins de polluants car on prend les fumées, on les fait rentrer dans un bain d'eau et on crée une turbulence par les passages des fumées dans l'eau. C'est comme une grosse machine à laver : les fumées sont lavées, traitée, filtrées". Ça paraît simple, dit comme ça, mais le processus est un peu plus compliqué. Il équipe déjà depuis 2018 la chaufferie du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer et selon Ludovic Fayeulle, responsable du développement durable à la ville, le procédé permet d'économiser près de 5% de combustible.
Purifier l'air des JO de Paris
"La pollution n'a plus d'avenir" affirme l'entreprise sur son logo et elle s'attaque à de nombreux domaines : la purification de l'air confiné dans les stations de RER à Paris et bientôt dans les villages olympiques à Paris.
Jaouad Zemmouri veut également faire de la décarbonation son nouvel objectif. Il a mis au point une nouvelle technologie baptisée "Carbodown". Il destine son invention à tout site émettant des rejets carbonés. Dans la cour de l'entreprise à Coudekerque-Branche, une chaudière fait office de prototype, "pour montrer que nous sommes capables de capter facilement le CO2", explique-t-il.
"Nous venons de signer un accord commercial avec Air Liquide pour déployer cette technologie chez différents industriels en France et également en Europe, car nous avons des projets en Suède. Aujourd'hui, on discute aussi avec de grands industriels chinois pour capter le CO2 de leurs cheminées", précise le physicien.
Paradoxalement, dans le dunkerquois où cette technologie est fabriquée, aucun industriel n'a pour le moment fait appel à ce process, à un moment pourtant où la décarbonation est dans l'air du temps !