A partir du 15 octobre prochain, les pêcheurs professionnels devront se passer de l’aide de 20 centimes par litre de carburant attribuée par l’État. Dans un courrier adressé au ministre de la mer, le président de la région Xavier Bertrand demande au gouvernement d’agir sans délai.
Encore un coup dur pour les pêcheurs. À Boulogne-sur-Mer, bassin Napoléon, l’inquiétude règne. Ibrahim Doukanssi est propriétaire de son chalutier depuis quatre ans. Au début, il payait le litre de gazole 30 centimes d’euros. C’est trois fois moins qu’aujourd’hui. Sans l’aide au carburant mise en place par le gouvernement il y a un an et demi, le pêcheur ne sait pas comment il va pouvoir tenir. "Si les trois-quarts de votre chiffre d’affaires passe dans le gazole, alors ce n’est plus rentable du tout, s’indigne Ibrahim. On va perdre nos matelots, nos entreprises vont faire faillite, c’est sûr."
Pour les professionnels, les dépenses en carburant constituent en moyenne 40% de leur chiffre d’affaires. Une situation de plus en plus compliquée, d’autant que le prix d’achat des poissons est en baisse. Pour Stéphane Ramet, patron du bateau Jean-Paul II, c’est la double peine. "Si l’inflation suivait des deux côtés entre le prix du poisson et le prix du gazole, cela ne serait pas gênant mais le problème, c’est que le prix du poisson baisse, déplore-t-il. C’est toujours la base de la chaîne qui paye…"
"Une menace économique considérable"
Du côté des politiques, certains affichent leur soutien aux pêcheurs. C’est le cas du député Renaissance du Pas-de-Calais, Jean-Pierre Pont, qui se montre optimiste pour la suite. "Jusqu’à présent, l’Etat et le gouvernement ont toujours défendu nos marins-pêcheurs", soutient-il. Dans un courrier à Hervé Berville, ministre de la Mer, paru ce mardi 19 septembre, Xavier Bertrand demande au gouvernement "d’agir sans délai sur la hausse des prix du carburant en prolongeant le dispositif d’aide d’État à la filière pêche". Selon le président de la région Hauts-de-France, la hausse des prix du carburant "fait peser une menace économique considérable sur les entreprises de pêche et sur le salaire des pêcheurs. Celui-ci étant indexé sur le coût du carburant dans une logique de rémunération à la part, cela se traduit par une perte de plusieurs centaines d’euros par semaine pour les marins."
Si certains professionnels attendent beaucoup des assises annuelles de la pêche qui se tiennent à Nice jusqu’à vendredi, d’autres comme Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches, n’y croient plus. "Il va falloir prendre le taureau par les cornes et arrêter de nous perfuser comme à chaque fois, s’indigne le Boulonnais. L’aide gouvernementale doit se poursuivre en attendant une mesure pérenne". La solution réside peut-être dans l’installation à l’avenir de batteries électriques sur les bateaux. "Décarboner la flotte ? On est d’accord avec l’idée", assure Olivier Leprêtre. Là aussi, selon lui, les pêcheurs risquent d’en payer les frais.