"Ça va être une saison catastrophique" : la pêche aux coques suspendue à cause d'une importante mortalité des coquillages

Ouverte le 19 juin, la pêche aux coques subit un coup d'arrêt. La préfecture suspend leur ramassage. Une mortalité importante de coquillages est à l'origine de cette décision. La cause n'ayant pas été identifiée, elle peut présenter un risque sur la qualité sanitaire des coques.

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Mauvaise saison pour les pêcheurs à pied. Alors que la pêche aux coques (Cerastoderma edule) avait été rouverte le lundi 19 juin jusqu'au vendredi 28 juillet 2023, elle a été suspendue à compter du lundi 3 juillet par arrêté préfectoral en baie de Somme nord à titre professionnel et de loisir.

L'information a été publiée sur la page Facebook de la réserve naturelle nationale de la baie de Somme, précisant qu'une forte mortalité sur les gisements de coques nord baie de Somme est à l'origine de cette décision.

"L’eau était tellement chaude, que les coques ont cuit"

Plusieurs constats motivent cette décision dont la "présence importante de coquillages morts ou moribonds sur l'estran", "l'absence d'identification de la cause de la mortalité" ainsi que "l'impact potentiel de ces coquillages morts sur la qualité sanitaire des coques". Et comme en l'absence d'analyses, la non-dangerosité des coquillages ne peut être démontrée, la pêche aux coques est suspendue jusqu'à nouvel ordre.

Un coup dur pour les pêcheurs à pied qui avaient pourtant bien démarré la saison : "on a fait dix jours de pêche à 90 kg par jour, rapporte Samuel Gamain, président des pêcheurs à pied. On avait demandé à augmenter le quota à 120 kg tellement il y avait de coques."

Ça devait être une saison exceptionnelle mais là, ça va être une saison catastrophique dans l'exception.

Samuel Gamain, président de l'association des pêcheurs à pied.

La perte est énorme. 80 % du gisement est mort. Une situation qui ne surprend pas Samuel Gamain : "on a eu de forts orages accompagnés d'inondations, donc trop d'eau douce, et surtout on a ce fameux Vibrio, cette bactérie qui se développe à forte température. Comme on a eu les grosses chaleurs du weekend, il y avait plus de 40°C au soleil, et c’est tombé sur une marée de morte eau, donc il n’y a eu qu’un filet d’eau sur les côtes. L’eau était tellement chaude, que les coques ont cuit."

"On a perdu 60 à 70 % du chiffre annuel

Responsable de l'association des pêcheurs à pied, mais aussi vice-président du comité régional des pêches, Samuel Gamain a arrêté, il y a six ans, les salicornes et les palourdes. Les coques sont sa seule source de revenus. Le manque à gagner sera d'autant plus important. "Ce sont les coques qui font la majorité du chiffre d'affaires d'un pêcheur à pied. Avec ces 80 % de perte, on a perdu 60 % à 70 % du chiffre annuel". Et pas question pour lui d'espérer une aide de l'État. "Toutes les conditions étaient réunies pour faire une saison exceptionnelle, on a démarré avec 21 % à 23 % de chair. Une semaine après, tout a crevé. Et que demander ? Étant donné que c'est un gisement naturel, on n'a pas semé ce qu'on récolte. On récolte seulement ce que la nature nous donne. On a le droit à rien. On ne peut pas être indemnisé. Même si on avait des assurances, elles ne nous assureraient pas puisqu'on n'a rien semé."

Sur les 333 pêcheurs licenciés, certains possèdent des licences extérieures qui leur permettent de se rendre à la Baule ou en Normandie. Mais là aussi, même si la pêche est ouverte, la situation n'est pas meilleure. "C'est pareil là-bas. Ils ont 70 % de coques crevées. On est tous dans le même cas."

Les analyses sont en cours pour définir l'origine de cette mortalité de masse et devraient être rendues publiques d'ici à une dizaine de jours. Les pêcheurs ne comptent pas sur un miracle, mais ils espèrent reprendre l'activité avant la fin de la saison pour limiter les pertes.

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