Ils se battent pour faire l'école à la maison

Alors que l'année scolaire débute à peine, de nombreuses familles des Hauts-de-France ont fait le choix de scolariser leur enfant à domicile. Mais depuis deux ans, une nouvelle loi rend ce choix plus compliqué.

"Tu fais bien le rond, après, tu descends, super !", Lydie Desière accompagne son fils Tom, quatre ans, dans l'apprentissage de l'écriture. Elle n'est pas enseignante mais a simplement choisi l’instruction en famille. Tom ne va pas à l'école, il apprend chaque jour à la maison. 

"J’avais vraiment envie de respecter ses besoins physiologiques, lui permettre d’apprendre à son rythme" confie la mère. Alors elle a organisé un emploi du temps adapté aux besoins de Tom : activités d'apprentissage le matin, jeux éducatifs l'après-midi puis sport ou musique chaque soir.

Un choix devenu une évidence depuis le diagnostic posé sur Tom : "c'est un enfant qui présente un haut potentiel intellectuel et émotionnel avec une suspicion d’hyperactivité et de troubles de l’attention" précise Lydie. Alors que le petit Tom peine à se concentrer, elle le calme tout en continuant la leçon. Franck, son papa, sourit : "on essaie de trouver des stratégies pour le faire avancer". 

Un parcours de plus en plus difficile

Fort de leur équilibre trouvé, les parents de Tom sont alors tombés des nues quand leur première demande a fait l'objet d'un refus. "On n'a pas compris puisque l’instruction est obligatoire mais pas l’école. En plus, c’était en maternelle, avant l’école était obligatoire à partir de 6 ans" s'insurge le père.

Depuis la loi d'août 2021 sur le séparatisme, il faut obtenir une autorisation préalable alors qu'avant seule une déclaration suffisait. Beaucoup de familles s'inquiètent. Le père d'un autre enfant scolarisé à la maison témoigne : "on se demande si on pourra poursuivre notre projet, avec l'incertitude des critères, on ne sait pas trop sur quel pied danser". 

Environ 350 familles de la métropole lilloise ont rejoint le collectif IEF des Hauts-de-France. Carine Biancardini, représentante, l'assure : "j’ai passé l’été à recevoir les demandes de soutien de nombreuses familles qui n’arrivaient pas à recevoir l’autorisation du rectorat".

Depuis le passage de la nouvelle loi, la pression a augmenté.

Carine Biancardini, représentante du collectif IEF des Hauts-de-France

Alors, dans un parc de Wasquehal, plusieurs familles se rassemblent pour échanger et se rassurer. Selon la maman de Tom, c'est l'argument du manque de sociabilisation qui leur est trop souvent reproché. Elle affirme : "l’idée qu’on se fait de l’instruction en famille est un préjugé, on laisse penser que ce sont des enfants non socialisés et en réalité ils le sont". 

Carine Biancardini constate dans les dossiers des familles qu'elle suit une importante "redirection vers les écoles". Elle évoque une "institution juge et partie, qui a le pouvoir de donner une autorisation aux familles". Plusieurs d'entre elles, en colère, manifesteront le 15 septembre pour défendre l'instruction en famille. 

En France, 53 000 familles ont fait le choix de l’école à la maison et sont contrôlées chaque année par l'Education nationale. Avec ces nouvelles contraintes, certaines ont pris la décision de déménager en Belgique pour ne pas abandonner leur projet. 

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