Cinq matchs au stade Pierre Mauroy, les Anglais au camp de base du Touquet, les All Blacks en parade dans la région... Le rugby prend ses quartiers dans les Hauts-de-France à l'approche de la compétition (8 septembre 2023) et le président de la ligue, Sébastien Carrez, compte bien surfer sur cet élan.
La région commence à vibrer au rythme de l'ovalie. Le XV de la rose a pris ses marques dans son camp de base du Touquet et les All Blacks ont fait étape à Arras et dans la Somme pour rendre hommage à leurs aînés. La Coupe du monde de rugby à XV (du 8 septembre au 28 octobre 2023) arrive à grands pas et la métropole européenne de Lille sera au coeur de l'événement.
À quelques jours de l'échéance, le président de la ligue des Hauts-de-France et vice-président de la Fédération française de rugby, Sébastien Carrez se dit "impatient" et espère profiter de ce rendez-vous pour faire grossir le nombre de licenciés en club.
Cela vous fait quoi de voir la déesse Grand'Place à Lille porter un ballon de rugby ?
Le symbole est sympa. Et cela montre tout l'engagement des collectivités, de la Mel et de la Ville de Lille auprès de nous pour accompagner ce projet.
Dans quel état d'esprit êtes-vous à quatre jours du début de la compétition ?
Nous sommes tous prêts et nous attendons cela avec impatience, comme les joueurs. Il y a un vrai engouement populaire autour de cette Équipe de France. C'est une vraie opportunité pour nous ce focus rugby dans la région. On sait que ça va nous amener beaucoup de nouveaux licenciés.
L'Angleterre joue deux matchs à Pierre Mauroy, faut-il s'attendre à voir beaucoup de fans anglais ?
Oui, les Anglais sont friands de ce sport. Ils sont proches de chez nous, puis nous avons la chance d'accueillir deux de leurs matchs ainsi que leur camp de base au Touquet.
D'après nos chiffres, 80% des billets des cinq matchs à Pierre Mauroy ont été achetés par des Français et des Anglais. Par exemple, pour France-Uruguay (jeudi 14 septembre 2023 à 21h), il y aura 72% de Francais et 18% d'Anglais. Pour Angleterre Samoa (samedi 7 octobre 2023 à 17h45), il y aura 70% d'Anglais dans le stade.
Est-il encore possible d'acheter des billets ?
Oui, sur la plateforme officielle et sécurisé dédiée, sur laquelle des détenteurs de places peuvent les remettre en vente.
Pour celles et ceux qui n'ont pas de billet, comment suivre l'événement au plus près ?
Je leur conseille de se rapprocher du club de rugby le plus proche de chez eux pour se renseigner sur les événements organisés. Sachant qu'ils sont autorisés à retransmettre les matchs. Par exemple, je sais qu'à Amiens, il y a une retransmission du match France Nouvelle-Zélande vendredi prochain. A Lille, il y aura le village rugby aussi... (A Grand'Place, 9 jours d’ouverture, entre le 13 septembre et le 8 octobre 2023).
Combien de nouveaux licenciés espérez-vous gagner grâce à cet événement ?
Nous savons qu'un événement majeur mondial, quelque soit le sport, amène entre 20% et 25% de licenciés supplémentaires dans les clubs. Donc nous savons qu'il y aura des arrivées à la rentrée dans les écoles de rugby. Nous en aurons une vision claire la semaine prochaine.
"Nous avons 65 clubs, avec plus de 11.000 licenciés, donc oui de ce point de vue là nous sommes une terre de rugby."
Sébastien Carrez, président de la ligue de rugby Hauts-de-France
Maintenant, le but, sera qu'ils veuillent rester et qu'ils ne repartent pas comme ce fut le cas après la Coupe du monde de 2007 (organisée par la France NDLR). Nous souhaitons leur offrir une pratique ludique et sécurisée. Pour cela, nous avons formé plus d'éducateurs pour accueillir ces jeunes, en mettant en place des formations de proximité.
La région pourrait-elle devenir une terre de rugby ?
De quoi parle-t-on avec la notion de "terre de rugby" ? Certes, nous n'avons pas de club professionnel en Top 14 ou en Pro D2, c'est pour cela qu'on ne nous considère pas comme une terre de rugby. Pour autant, nous avons 65 clubs, avec plus de 11.000 licenciés, donc oui de ce point de vue là nous sommes une terre de rugby.
Puis, j'aime rappeler que dans l'histoire, le rugby est arrivé en France par la Normandie et par les Hauts-de-France. Le club d'Amiens est un club plus que centenaire ce qui n'est pas le cas des clubs du Sud (créé en 1900 NDLR).
A un moment donné, il faudra un club professionnel en Pro D2 ou dans le Top 14 dans la région.
Sébastien Carrez, président de la ligue de rugby des Hauts-de-France
Donc la terre de rugby existe, le problème c'est que nous avons un problème d'attractivité. Nous formons bien les jeunes, nous avons des bons joueurs, mais nous n'arrivons pas à les garder, ils partent ailleurs, dans d'autres clubs.
Un club des Hauts-de-France pourrait-il accéder au monde pro, un jour ?
A un moment donné, il faudra un club professionnel en Pro D2 ou dans le Top 14 dans la région. Celui de Marcq-en-Baroeul (évolue en Nationale 2, 4ème division française) est certainement le plus avancé, mais il y a aussi beaucoup d'autres beaux projets comme à Amiens (Fédérale 2, 6ème division) ou encore à Beauvais (Fédérale 1).
Le rugby à XV féminin n'est toujours pas professionnel, mais le club de Villeneuve- d'Ascq innove en offrant des contrats pro cette saison. Un exemple à suivre selon vous ?
S'ils veulent rester dans l'Elite (le Stade Villeneuvois évolue en Elite 1, l'équivalent du Top 14 NDLR) et si nous voulons que nos meilleures joueuses restent, il faut leurs donner les moyens de s'entraîner, donc leur donner du temps libre pour s'entraîner. Donc oui, il faudra arriver à cela. Pour le Stade Villeneuvois, c'est un projet mûrement réflechi et abouti qui va sûrement porter ses fruits.