Dès la rentrée de septembre 2024, les 400 élèves du lycée professionnel Antoine de Saint-Exupéry d'Halluin porteront tous la même tenue : jean, pantalon ou jupe sombre pour le bas et pour le haut des sweats et polos fournis par la région et fabriqués dans un atelier d'insertion de la Somme. Objectif : limiter les discriminations sociales et genrées. Explications.
Cinq polos dont un à manches longues et deux sweat-shirts, un à col rond et un zippé, c'est le trousseau que va recevoir chacun des 400 élèves du lycée professionnel Antoine de Saint-Exupéry d'Halluin en cette rentrée 2024. Ce lycée, qui compte 83% de garçons, est le seul du Nord à expérimenter cette année la tenue unique.
Le terme est important et la Région Hauts-de-France le privilégie volontiers à l'appellation d'uniforme. Malory Taglioli, proviseure du lycée, fait elle aussi bien la différence. "On est sur des vêtements proches des aspirations des élèves, sourit-elle, dans lesquels ils vont se sentir bien et qu'ils ont l'habitude de porter."
Revivez en vidéo le lancement de l'expérimentation de la tenue unique au lycée professionnel Antoine de Saint-Exupéry, en présence du vice-président @rigaud_laurent !
— Région Hauts-de-France (@hautsdefrance) August 28, 2024
✔ Une tenue pour renforcer la cohésion et réduire les inégalités en #hautsdefrance. pic.twitter.com/P8iN7C6e04
Un trousseau gratuit pour les familles
"J'ai tellement hâte de les mettre !", s'exclame une jeune fille en touchant un des sweats, apparemment très doux. Il faut dire que les élèves ont été consultés avant toute prise de décision. "On s'est concertés tout au long de l'année, raconte Sacha Kesin, élève de Terminale, et on a pu choisir ensemble les couleurs et la matière."
Sept pièces pour couvrir une semaine entière sans lessive à faire. Tout a été pensé pour le confort des familles, jusqu'au prix ; les 200 euros de vêtements par élève sont intégralement pris en charge par la Région et l'Etat. Cerise sur le gâteau, la production est 100% régionale puisque toutes les pièces sont produites dans un atelier d'insertion à Moreuil, dans la Somme, l'atelier Avre Luce Noye.
70% de nos élèves sont issus de milieux défavorisés.
Malory TaglioniProviseure du lycée professionnel Antoine de Saint-Exupéry d'Halluin
Limiter les discriminations sociales ou genrées
"Dans notre établissement comme ailleurs, explique Malory Taglioli, dont le lycée s'est donc porté volontaire pour cette expérimentation, nous avons des soucis liés à la discrimination sociale ou genrée. Nos élèves sont en perte de confiance, en précarité sociale. 70% d'entre eux sont issus de milieux défavorisés." Pour elle, la tenue unique pourrait changer la donne auprès de ces jeunes en formation commerce, menuiserie, conduite routière, transports ou logistique.
"Ce qui compte aussi beaucoup, ajoute-t-elle, c'est le sentiment d'appartenance." Les vêtements sont en effet personnalisés avec le logo du lycée sur la poitrine et celui de la Région sur la manche gauche.
"L’objectif, annonce Laurent Rigaud, vice-président régional en charge de l’éducation et des lycées, est de renforcer la cohésion entre les élèves, l'attachement à l'établissement lui-même, tout en effaçant au maximum les différences sociales. Nous sommes fiers de pouvoir proposer cette expérimentation dans deux lycées, afin de recueillir les avis et les ressentis auprès des enseignants et des élèves."
Pour le bas, jean, pantalon ou jupe de couleur unie et sombre
Les élèves porteront cette tenue unique dès la rentrée, sweat ou polo pour le haut et pour le bas,"ils mettent ce qu'ils veulent", précise Malory Taglioni. "Mais le règlement intérieur stipule que chacun devra revêtir un jean, un pantalon ou une jupe de couleur foncée et unie."
Et si l'un d'entre eux se présente un matin sans ladite tenue ? "Il sera pris en charge par la vie scolaire, annonce la proviseure, où nous aurons un stock tampon. Nous avons prévu 80 tenues supplémentaires, pour les éventuelles inscriptions en cours d'année. L'élève concerné devra rendre le haut prêté en fin de journée."
Un autre lycée professionnel de la région s'est porté volontaire pour cette expérimentation, Robert Desnos, à Crépy-en-Valois dans l'Oise. Cela représente donc 700 adolescents au total, pour un budget de 300 000 euros.