JO de Paris 2024 : Wilfried Happio, licencié au Lille Métropole Athlétisme, accusé de violences conjugales par une ancienne compagne

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Il doit s'aligner sur la ligne de départ du 400 mètres haies le 5 août prochain, au Stade de France. À 25 ans, Wilfried Happio est une des figures de l'athlétisme français. Deux fois déjà, des femmes avaient porté plainte contre l'athlète pour violences.

Son prénom a été changé, elle aurait mis plusieurs semaines à accepter de témoigner auprès de nos confrères du Monde. Ce sont eux qui ont recueilli le témoignage d'une jeune femme qui a fréquenté Wilfried Happio pendant près de deux ans et demi. Les deux jeunes gens avaient 18 ans quand ils se sont rencontrés. 

Dans un long article, "Maria" raconte les premiers coups, et les suivants. Photos à l'appui sur son téléphone, elle remonte le temps des amours et des blessures. Mars 2018, elle montre les photos d'un hématome à la cuisse. Septembre 2018 : "là, c’est son jogging Adidas, avec mon sang dessus." Décembre 2018 : "il a pété un câble et m’a mis un énorme coup de poing dans la tête. J’avais un partiel, ce jour-là, j’y suis allée toute gonflée." Janvier 2019 : "il était 1 h 41 (du matin), il m’a mis une énorme gifle avec ses chevalières parce qu’il ne supportait pas que je fume" a-t-elle témoigné dans l'article du Monde publié mercredi 17 juillet.

La jeune femme raconte avoir mis du temps à réaliser l'emprise qu'avait son ancien compagnon sur elle. Désormais, elle envisagerait de porter plainte.

Déjà accusé de violences par des femmes

A l’automne 2020, Janet Scott, athlète de triple saut avec qui Wilfried Happio avait eu une relation, avait porté plainte contre lui pour des coups. Elle affirmait avoir été frappée le 27 août 2020, sur le parking d’un fast-food. Une plainte classée sans suite par la justice. La fédération d'athlétisme avait aussi relaxé l'athlète. 

En 2022, une athlète de l'Insep a aussi porté plainte pour agression sexuelle. Là encore, la justice classera l'affaire sans suite. 

Un palmarès impressionnant

Licencié au Lille Métropole athlétisme depuis 5 ans, spécialiste du 400 mètres haies, Wilfried Happio a été choisi pour être un des visages de la campagne de publicité de la marque Adidas pour les Jeux olympiques de Paris.

En 2021, le Français avait échoué en demi-finale aux Jeux de Tokyo en 2021.

Quintuple champion de France du 400 mètres haies, il a terminé 4aux Championnats du monde à Eugene, aux Etats-Unis en 2022. Il bat alors son record personnel et devient le 2e Français le plus rapide de l'histoire sur 400 mètres haies.

Une participation aux JO compromise ?

Contacté par Le Monde, l’avocat de Wilfried Happio, Anthony Mottais, a répondu que l’athlète "conteste évidemment être un homme violent ou misogyne, ou tout autre qualificatif qui pourrait être utilisé dans cet esprit" et qu’il "conteste les faits qui lui sont reprochés".

Le président de la ligue des Hauts-de-France, Philippe Lamblin est bien embêté par cette affaire. D'abord, il affirme "toute sa compassion pour la jeune femme" et il poursuit "si c'est avéré, c'est gravissime. J'ai demandé à la Fédération française d'athlétisme de saisir la Commission d'éthique. Mais la justice doit passer."

À la question de savoir si la participation de Wilfried Happio aux Jeux de Paris est compromise, il répond qu'il faut respecter la présomption d'innocence. Mais il ne veut pas se défiler : "le sport doit faire son coming out. Moi, je me suis engagé dans le sport parce que ça forme des caractères, des athlètes. Les sportifs doivent être des exemples, irréprochables".

Et il poursuit sa réflexion en pensant à cette jeune femme qui parle, des années après les faits : "est-ce qu'on ne peut pas en profiter pour mettre les choses à plat? Que les femmes puissent se sentir libre de parler plus vite, qu'elles soient entendues, écoutées. Si ça pouvait servir à ça..."

Le journaliste du Monde rappelle que selon la charte d’éthique et de déontologie de la FFA, les membres de l’équipe de France s’interdisent "aussi bien envers les autres acteurs de l’athlétisme qu’envers toute autre personne toute forme d’agression physique, de violence ou d’incitation à la haine".

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