Journées européennes de l’archéologie. Un weekend pour découvrir une discipline qui ne se fait pas que sur le terrain : "il y a tellement à dire et à montrer"

Samedi 15 et dimanche 16 juin, à l'occasion des journées européennes de l'archéologie, une quarantaine de sites dans les Hauts-de-France ouvrira ses portes pour faire découvrir au grand public la richesse du patrimoine de la région et les dessous de la discipline. Beaucoup de professionnels espèrent ainsi contribuer à la création d'une image beaucoup plus juste de ces professions.

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En huit ans, c’est la deuxième fois seulement que le Centre de recherches archéologiques Inrap de Glisy, situé dans la Somme, ouvrira ses portes ce samedi 15 juin à l'occasion des Journées européennes de l'archéologie.

Le programme est riche dans les Hauts-de-France et l'ouverture du principal centre archéologique de la région représente une opportunité de bénéficier d'une approche plus complète de l’archéologie. Pourtant, les inscriptions sont loin d’être prises d’assaut. "Dès qu’on ouvre une fouille, les gens sont très intéressés. En revanche, alors qu’on ouvre rarement les centres archéologiques, (…) je me rends compte qu’il est plus difficile de faire venir les gens et pourtant, il y a tellement à dire et à montrer", raconte Estelle Bultez, chargée du développement culturel et de la communication à l’Inrap Hauts-de-France.

Ce n’est pas son directeur, Pascal Depaepe, qui dira le contraire. Pour lui, ces journées inédites permettent "de mesurer que l’archéologie ne se fait pas que sur le terrain, contrairement à un certain nombre d’idées reçues". Car la moitié du temps des archéologues est consacrée au traitement du mobilier archéologique exhumé, qu’il s’agisse de l’étude en laboratoire, du lavage, de l’inventaire ou de l’étude.

C’est tout ce parcours que les visiteurs pourront découvrir dans ce centre où travaillent en moyenne 80 personnes. Avec des ateliers spécifiques sur l’anthropologie et la céramologie. Des visites théâtralisées sont même programmées. Des membres de la compagnie La petite main déambuleront avec les visiteurs dans les salles du centre de recherches.

Une manière d’insister sur ce pan méconnu de l’archéologie : "cela fait partie de nos missions de transmettre tout ce qui a été découvert, les vestiges mis au jour, reconnaît Estelle Bultez, mais c’est la recherche qui donne les perspectives, et permet de décrire des activités à des époques".

Corriger une vision faussée de l’archéologie

Les fouilles sont davantage connues du grand public, mais ouvrir un site permet tout de même de "corriger une vision un peu faussée de ce qu’est l’archéologie, selon Pascal Depaepe. Tout de suite, on imagine les pyramides, mais l’archéologie préventive, c’est très différent".

Les organisateurs ont donc décidé d’ouvrir le site de Lagny-le-sec, dans l’Oise, où ont été découverts des vestiges paléolithiques, des silex taillés et des vestiges d’habitat médiévaux, pour comprendre ce fonctionnement et expliquer le système de la préservation par l’étude.

"On va fouiller le site, en tirer les enseignements historiques, archéologiques, scientifiques pour le comprendre et à partir du moment où on considère qu’on a récupéré les informations, on va s'autoriser à détruire, sachant qu’on aura prélevé ce qui permet de comprendre. (…) Il s’agit de concilier préservation du patrimoine et développement économique", détaille le directeur.

Profiter des vitrines existantes

Bien conscient de ces enjeux, le parc archéologique Asnapio, situé à Villeneuve-d’Ascq, qui accueille environ 40 000 visiteurs par an, a décidé pour la première fois d’inviter des partenaires lors de ces journées européennes de l’archéologie.

Le service régional de l’archéologie, l’Inrap, Archéopole, le CNRS, l’université de Lille, le département viendront tour à tour évoquer l’intérêt de l’archivage, les différents métiers, l’archéologie privée, le rôle de la recherche ou encore la mise en valeur des découvertes par le biais de la médiation dans les musées.

"Nous avons une vitrine dans la métropole. Les gens vont plus facilement vers nous (…) et eux ont des branches de médiation, des équipes qui sont là pour expliquer", précise Kilian Morin, responsable du contenu scientifique pour le parc Asnapio.

Des ateliers de reconstitution d’argile, d’initiation au dessin archéologique ou encore de remontage de tessons de céramiques seront également proposés. D’autres pour fabriquer des perles en verre par exemple permettront de découvrir l’archéologie expérimentale, c’est-à-dire de comprendre le geste et comment il était réalisé avec les matériaux d’époque.

Avec cette offre éclectique, le parc espère élargir son public, en attirant des étudiants et des visiteurs davantage intéressés par le contenu scientifique que par les spectacles.

"L'archéologie des territoires a sa place"

Attirer de nouveaux visiteurs, c’est aussi l’un des objectifs du parc archéologique et musée Arkeos, situé à Douai. Dans cette structure qui fêtera ses dix ans en juin, la mise en valeur de la diversité de l’archéologie semble plus simple, car le musée est né de découvertes archéologiques et donc associé à un service qui procède à des fouilles préventives.

"On a toujours fait le choix de fouiller sur le secteur de l’Ostrevent, territoire historique. La population douaisienne sait que d’importantes recherches ont été menées sur ce territoire et l’activité du service était reconnue", explique Adeline Perrotte, chargée de la programmation et de l'événementiel.

Cela n'empêche pas le parc de vouloir renforcer les connaissances du grand public sur l'archéologie en faisant appel à des spécialistes. Le site mise notamment sur la présence de Dominique Cliquet, conservateur en chef et responsable du chantier de fouilles de Rozel, site normand qui a livré un nombre impressionnant d'empreintes de pieds Néandertal. En plus de cette projection-débat, une balade dans la nature est prévue aux côtés de professionnels, des géomorphologues par exemple pour découvrir l'histoire du paysage.

Le paléo-défi, une enquête préhistorique davantage destinée aux familles, permettra de compléter l'éventail, et d'inciter le grand public à s'intéresser davantage à la discipline. "C'est aussi l'occasion de montrer que les musées ne sont pas des lieux réservés à certaines catégories de personnes. La partie parc rend l'histoire plus immersive et nous permet de faire venir des visiteurs qui ne seraient pas venus de manière immédiate", ajoute Adeline Perrotte.

Et de conclure : "Tout doucement, on sent qu'on ne nous parle plus seulement d'Indiana Jones ou de l'Égypte. L'archéologie des territoires a pris sa place."

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