Tandis que le tunnel sous la Manche fêtera bientôt ses 30 ans de mise en service, sa société gestionnaire a indiqué vouloir doubler le nombre de liaisons tout en répondant à un objectif de décarbonation.
Nous sommes le 6 mai 1994. La Reine Elizabeth II et le président François Mitterrand montent à bord de la toute première navette ferroviaire entre la France et le Royaume-Uni, au terminal de Coquelles, pour inaugurer ensemble l’Eurotunnel. Au printemps 2024, le tunnel sous la Manche fêtera ses 30 ans de mise en service.
Pour l’occasion et avec un temps d’avance, sa société gestionnaire, Getlink, a annoncé plusieurs développements : un contrôle biométrique à l’automne 2024 pour fluidifier le trafic, et le nombre de liaisons directes entre Londres et les capitales européennes doublé sous dix ans. De nouvelles liaisons avec l’Allemagne et la Suisse devraient ainsi voir le jour d’ici six ans. Elles s’ajouteront à celles déjà existantes au départ de Londres, à savoir Paris, Amsterdam et Bruxelles.
Miser sur la décarbonation
Aujourd’hui, 400 trains transitent chaque jour, dont une quarantaine d’Eurostar à destination des voyageurs et le reste destiné au fret, avec un départ toutes les dix minutes Un quart de l’ensemble des marchandises qui vont de l’Europe des 27 à la Grande-Bretagne passent ainsi par le tunnel. Mais l’entreprise souhaite écrire le deuxième chapitre de son histoire : celui de la décarbonation des échanges, en prenant le pas sur d’autres modes de transport.
Il reste un énorme potentiel de croissance parce qu’une partie des biens prennent les ferrys, qui eux émettent beaucoup plus de CO2. C’est cela que l’on veut réduire en étant encore plus dynamique dans notre politique de développement
Yann Lerich, président d’Eurotunnel
"Une très grande aventure"
Une orientation à laquelle participeront les 2.800 personnes travaillant sur le site de part d’autre de la Manche, dont Laurent Brouttier, manager énergie caténaire. En même temps que le tunnel, il fête lui aussi ses 30 ans de carrière. “C’est une très grande aventure. J’avais 21 ans quand je suis arrivé en sortie d’école et aujourd’hui je suis encore là. C’est une grande fierté d’avoir accompagné Eurotunnel durant toutes ces années”, raconte celui qui a commencé dans l’entreprise en tant que conducteur de train, avant d’évoluer à six postes différents.
Trois décennies après son inauguration, ce tunnel unique au monde de 50 kilomètres dont 37 sous la mer a permis de transporter 480 millions de voyageurs. Une mécanique bien huilée dans ce qui fait encore office de prouesse technologique pour rester à la pointe.