Dans six circonscriptions des Hauts-de-France, c'est un coup dur pour les députés sortants. Issus des rangs de la majorité présidentielle ou de la droite, ils ont été éliminés dès le premier tour, laissant leur territoire changer de bord politique.
Turbulences le soir du premier tour des législatives 2022, ce 12 juin 2022. La NUPES qui savoure un pari gagnant, le parti présidentiel qui se cherche une stratégie d'entre-deux tours, le RN qui ne fait pas la performance espérée, LR en déroute... Les résultats du scrutin ont pu surprendre et, même si plusieurs députés se battaient pour conserver leur siège, jamais la prime au sortant n'a été aussi précaire. Ainsi, plusieurs figures locales élues en 2017 ont été éliminés dès le premier tour.
Dans le Nord
En 2017, c'est le marcheur Christophe Di Pompéo qui avait remporté la troisième circonscription du Nord, face à l'ancienne candidate RN Sylvie Goddin. Sa remplaçante, Sandra Delannoy, a conforté encore l'avance de son parti par rapport aux dernières élections : elle se classe en tête du premier tour, avec 31.2%. Face à elle, une candidature solitaire mais localement très implantée, celle de Benjamin Saint-Huile, qui part avec un difficile retard de quelques 13 points. Mais c'est bien le candidat sortant qui prend une claque : Christophe Di Pompéo termine troisième, avec 15% des voix, et pas assez d'assise électorale pour prétendre à une triangulaire. Quelle que soit l'issue du scrutin, la troisième circonscription aura changé de couleur politique dimanche 19 juin.
Revers de taille également pour Sébastien Huyghe, le président de la fédération du Nord des Républicains, élu dans la cinquième circonscription. En 2017, il avait assez facilement emporté le siège face à un candidat LREM en mal d'implantation locale, et espérait rempiler pour un cinquième mandat. Mais LR, en délicate position après sa contre-performance lors du scrutin présidentiel, est exclu du duel final qui se jouera entre la candidate NUPES et le candidat RN. Sébastien Huyghe ne peut même pas véritablement jouer les arbitres : il se classe quatrième, derrière le candidat Renaissance (ex-LREM).
Même déroute pour Valérie Six, députée élue en 2017 dans la septième circonscription du Nord. La candidate de l'UDI, soutenue également par Les Républicains, ne récolte que 17.93% des suffrages. Lors de la dernière élection, le candidat de son parti, Francis Vercamer, qu'elle avait remplacé à l'Assemblée, avait emporté plus de 25% des voix au premier tour. Le duel se jouera finalement entre la candidate de l'alliance Ensemble, Félicie Gérard, et la candidate de la NUPES issue des rangs écologistes.
Dans le Pas-de-Calais
Dans la huitième circonscription du Pas-de-Calais, c'est le député marcheur Benoît Potterie, adoubé par l'alliance Ensemble, qui échoue à se réinstaller dans son siège. Il récolte 21.36% des voix, en recul de près de 6 points par rapport au score obtenu en 2017. Il est devancé d'une courte tête par le candidat Divers Gauche Bertrand Petit, 22.54%, et plus largement par Auguste Evrard, en lice pour le Rassemblement National (27.46%). Benoît Potterie, opticien de profession, avait commencé sa carrière politique il y a 5 ans, avec En Marche. Selon nos confrères de la Voix du Nord, il souhaiterait désormais revenir à la vie civile.
Dans la Somme
Il n'aura eu que 18 mois dans le fauteuil de député, sans doute pas assez pour convaincre les électeurs de le réélire. Grégory Labille, le candidat LR-UDI, ne se classe qu'en 4ème position dans la cinquième circonscription de la Somme. Il avait succédé à Stéphane Demilly, devenu sénateur, qui lui avait réussi à être élu dès le premier tour en 2017. Dans la circonscription, qui va donc changer de couleur politique, la candidate RN Yaël Menache est arrivée en tête avec 34.49% des votes. Elle sera au second tour face à Guillaume Ancelet, le candidat de l'alliance de gauche NUPES, qui a obtenu 20.29% des suffrages.
Dans l'Oise
Cruelle défaite pour la députée sortante de la deuxième circonscription de l'Oise Agnès Thill. Celle-ci s'était présentée en 2017 sous l'étiquette En Marche, et avait recueilli 31% des suffrages au premier tour. Elle avait rapidement marqué des positions plus à droite que la majorité présidentielle et avait fini par être exclue du parti après des propos polémiques contre la PMA. Agnès Thill partait donc cette fois sous la bannière LR-UDI pour reconquérir son siège. Les électeurs de la 2e circonscription de l'Oise ne l'ont pas suivie : elle termine en 4ème position avec 8.57%, soit un écart d'environ 23 points par rapport à son score de 2017. Le duel du second tour se jouera entre le candidat RN Philippe Ballard (34.92%) et la candidate de la majorité présidentielle, Chanez Herbanne (21.53%).