Le 31 mai dernier, Francis Chevalier s'est éteint à l'âge de 98 ans. Retour sur la vie de ce résistant, syndicaliste et maire communiste d'Escaudain pendant 20 ans. Francis Chevalier sera inhumé ce mercredi 5 juin.
C’est à 16 ans, en 1941, lors de la Seconde Guerre mondiale, que Francis Chevalier se lance dans la résistance. D'abord, avec son épouse, « simplement porteur de tracts ou d’affiches, en se cachant », il « termine la guerre en étant chef d’un groupe des Francs-tireurs et partisans français ». Avec humilité, toujours, Francis ne s’attarde pas sur les détails. Mais son ami et collègue Jean-Luc Dehopere l’assure, ces années représentaient « une grande fierté dans sa vie ».
Syndicaliste engagé et communiste, il rejoint la SNCF puis devient maire d’Escaudain en 1977. « C’était un homme sincère, droit et franc, à la fois engagé et ouvert d’esprit. Les gens aimaient bien l’aborder » reconnaît Jean-Luc, devenu alors son directeur général des services à la mairie. Marc Gernez, son ancien directeur de cabinet, ou plutôt « secrétaire particulier, je préfère », peine à le décrire : « on était tellement proches que c’est dur de trouver les mots justes, il était très attentif aux autres ».
De paroles de ses administrés, Francis aimait les gens et leur faisait confiance. « Il allait vers les autres et croyait en la jeunesse » assure Marc, qui a travaillé à ses côtés dès le début de son mandat. Michel Chevalier, son unique fils, aujourd'hui âgé de 79 ans, résume : « c’était un grand monsieur, qui a fait énormément pour la ville, il n'a pas été maire pour lui mais pour la population ».
La fermeture d’Usinor : « on a eu nous à se battre, c’était aussi une guerre »
12 décembre 1978. Usinor supprime brutalement près de 9000 emplois. C’est un tournant pour le bassin minier. Francis Chevalier décide de se battre pour sa commune : « on ne voulait pas rester les bras ballants, il fallait réagir » confesse-t-il au micro de Jean-Louis Manand il y a quelques années. Il interpelle et envoie une lettre au président de la République Valéry Giscard d'Estaing. Aucune réponse. L’élu s’en désole : « je pense qu’on n’existait certainement pas pour eux ».
Nous, petits maires, on a essayé de faire ce qu’on pouvait mais les responsables au plus haut niveau n’ont pas les mêmes intérêts dans l’affaire.
Francis Chevalier, ancien maire d'Escaudain
« Il a donc fallu se rendre à l’évidence » regrette Marc. La ville d’Escaudain souffre d’un immense déséquilibre budgétaire, mais Francis « savait comment intervenir » assure Jean-Luc. Il ajoute : « on est allés plusieurs fois au ministère de l’Intérieur pour obtenir une dotation importante ». Une main de fer dans un gant de velours, Francis Chevalier restera maire pendant vingt ans, jusqu'en 1997.
Une carrière distinguée
Il fut aussi conseiller régional et conseiller général du canton de Denain. Précurseur de la Communauté d’Agglomération de La Porte du Hainaut, il en deviendra le Président. Il sera ensuite distingué Officier dans l’Ordre des Palmes Académiques et Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, « l’apothéose de son combat » selon Jean-Luc.
C'est un autre (et dernier) hommage qui marquera Francis, le 20 mai dernier. La commune inaugure le complexe sportif qui portera son nom. Un symbole : « Papa aimait énormément le sport, surtout le football » assure Michel, son fils. Jean-Luc ajoute "ce rendez-vous lui a redonné quelques forces, il tenait à ce rendez-vous-là, il en était très fier". "Ça le maintenait en vie" livre Marc, la voix tremblante. Francis Chevalier s'est éteint onze jours plus tard, entouré de ses proches.
Bruno Saligot, actuel maire de la commune salue la mémoire d'un homme qui aura consacré toute « son énergie au service de ses concitoyens et contribué à changer durablement l’image du Denaisis et de la commune, pour en faire une ville tournée vers l’avenir ». Ses obsèques auront lieu le mercredi 5 juin, à 10 heures, sur le parvis de la mairie d'Escaudain.