Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, est désormais aux mains des Talibans. Des dizaines de ressortissants français sont actuellement coincés dans la ville. Un Nordiste actuellement réfugié à l'ambassade de France livre le récit d'un week-end de chaos.
"Tout est allé très vite, personne ne s'attendait à ce que les Talibans arrivent aussi tôt à Kaboul". Dans la capitale, un Nordiste d'origine afghane a assisté au moment où tout a basculé, ce dimanche 15 août, quand les Talibans ont pris la capitale et le palais présidentiel. Une journée particulière qui restera marquée dans l'histoire du pays.
"Tous les sourires avaient disparu, les gens étaient tous en panique, bien avant l'arrivée des Talibans parce que les provinces et les autres grandes villes tombaient les unes après les autres", raconte-t-il au bout du fil, à 7000 kilomètres de Lille.
"Kaboul est devenue une ville fantôme"
Dans un premier temps, le matin, "jusqu'à midi, il y avait du monde partout. Les routes étaient embouteillées, c'était du jamais-vu". Les ambassades sont prises d'assaut, les agences de voyage aussi. L'aéroport, de son côté, est envahi "par plus de 30.000 personnes". La terreur est palpable. Tout le monde cherche une issue de sortie du pays. Peu importe la destination, il faut partir. Certains réussissent à embarquer à bord de vols à destination "du Canada et des Etats-Unis".
Kabul airport chaos.
— Fahad Shah (@pzfahad) August 16, 2021
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Puis les rues congestionnées de la ville se vident brusquement l'après-midi. "Kaboul est devenue une ville fantôme. On ne voyait personne, personne n'osait sortir. Moi-même, j'ai quitté l'endroit où je logeais pour partir à l'ambassade de France", décrit le Nordiste, "en panique", craignant d'être interpellé avec des papiers français, car les Talibans sont arrivés.
Heureusement, selon lui, "il n'y a pas eu de morts. S'il y avait eu la guerre, la résistance, on aurait eu beaucoup de pertes civiles et aussi la destruction de la ville." Mais à ses yeux, les autorités et le gouvernement ont fait de Kaboul "un cadeau aux Talibans, en échange d'épargner les constructions, les bâtiments, les immeubles et aussi de sauver des vies civiles".
Quelque 200 personnes réfugiées à l'ambassade de France
Dans la même journée, le Nordiste passe un appel à l'ambassade de France quand il voit que "la situation allait dégénérer". Ils le rassurent et lui proposent de s'y réfugier. L'homme accepte et s'empresse d'y aller. D'autant plus que son vol retour fin août est annulé. "Je cherchais une solution pour sortir, ajoute-t-il. Ils m'ont dit qu'ils allaient chercher une solution pour nous faire évacuer."
Lui et sa famille se rendent sur les lieux le soir même. Et, sans surprise, ils sont loin d'être seuls. Quelque 200 personnes trouvent également refuge dans l'enceinte de l'ambassade. Parmi eux, des Français et résidents, mais également des Afghans qui tentent de quitter le pays. "La bonne nouvelle c'est que tous ceux qui se trouvent à l'ambassade seront évacués vers la France, mais on ne sait pas quand." Les diplomates, eux, sont déjà à l'aéroport. Seuls les services de sécurité sont restés sur place. Tous les documents officiels ont été brûlés.
Mais le rapatriement s'annonce plus compliqué que prévu. Dimanche, les Américains étaient censés les emmener par hélicoptère de l'ambassade vers l'aéroport. "Mais ça a été annulé, donc il faut qu'on trouve une solution par la route."
L'aéroport de Kaboul n'est pas loin, "mais les services de sécurité de l'ambassade ne font pas confiance aux Talibans pour décider de prendre la route". Peut-être qu'ils partiront demain matin, "mais ce sont des informations officieuses, officiellement, on ne nous dit rien."
L'homme tente toutefois de rester optimiste et se dit actuellement en sécurité au sein de l'ambassade, dans laquelle il passe sa deuxième nuit, en espérant que la situation évoluera rapidement et qu'il pourra rentrer en France sain et sauf.