Les sapeurs-pompiers du Nord expriment leur mal-être grandissant et reprennent le mouvement de grève

Les sapeurs-pompiers du Nord reprennent le mouvement de grève de l'année dernière. En cause : un mal-être et un malaise grandissants qui leur font craindre une situation similaire à celle d'une profession voisine : la police, et son taux élevé de suicides. 

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Une assemblée générale de l'intersyndicale du SDIS 59 (Services départementaux d'incendie et de secours du Nord) s'est tenue ce jeudi 27 mai et a réuni environ 150 personnes ce matin. En ligne de mire : le mal-être grandissant dans la profession et la détérioration des conditions de travail. 

"On est en sous-effectif, il manque 170 sapeurs-pompiers dans le SDIS du Nord, explique Marc Lehoucq, représentant syndical CGT. On a un règlement opérationnel écrit au rabais, et les conditions d'intervention ont un impact direct sur la population." Face à toutes leurs revendications, ignorées selon eux, l'intersyndicale a décidé de reprendre le mouvement social des pompiers de 2020.

Un mal-être au sein de la profession

Le préavis de grève déposé se base sur les résultats d'un sondage, réalisé par leurs propres moyens, concernant les conditions de travail de la profession. 600 pompiers sur les 2200 interrogés y ont répondu et "75% d'entre eux expliquent ressentir un mal-être au travail ; ces chiffres sont alarmants. Certains ont même eux des idées noires, poursuit le représentant syndical. Après, à combien de pourcents le SDIS est-il vraiment responsable ? On ne peut pas le quantifier."

75% d'entre eux [les pompiers] expliquent ressentir un mal-être au travail ; ces chiffres sont alarmants. Certains ont même eux des idées noires. Après, à combien de pourcents le SDIS est-il vraiment responsable ? On ne peut pas le quantifier.

Marc Lehoucq à propos d'un sondage sur les conditions de travail des pompiers.

Pour Benjamin Calvavio, sapeur-pompier, les traumatismes liés au travail représentent une part importante du mal-être. "Je suis intervenu sur des feux d'habitation où les gens brûlaient devant moi, raconte-t-il. Concrètement, j'ai vu des drames familiaux, j'ai vu des familles complètes pendues. Pour peu qu'à la maison ça ne va pas très bien, qu'il y a la pression de la hiérarchie, le cerveau décroche."

Les syndicats dénoncent également des pressions de leur hiérarchie. Les agressions, selon eux, ne sont pas seulement externes,  "elles sont internes aussi, ajoute Marc Lehoucq. Certains officiers en interne nous mettent la pression, on essaie de nous dissuader de faire grève. Certains craignent des règlements de compte sur les congés ou d'être relégués aux premiers engins."

Le spectre de la police

Finalement, la hantise est d'atteindre la situation qui contamine une profession voisine : la police, qui fait face à un taux de suicides élevé. "On a peur, c'est pour ça qu'on interpelle les élus, notre hiérarchie, la presse en disant qu'il y a un malaise, détaille Quentin de Veylder, délégué syndical. Ce n'est pas parce qu'on est vu comme des super-héros auprès de la population qu'il n'y a pas un grand malaise chez les pompiers. On s'oriente vers un copier-coller de la police." Des propos corroborés par Marc Lehoucq, qui confirme qu'il y a déjà "des burn-out" qui vont "jusqu’au suicide" au sein de la profession. 

Ce n'est pas parce qu'on est vu comme des super-héros auprès de la population qu'il n'y a pas un grand malaise chez les pompiers. On s'oriente vers un copier-coller de la police.

Quentin de Veylder

Pourtant, de son côté, la direction assure que tout est mis en place pour prendre en compte les remontées des sapeurs pompiers : "Chaque fois qu'il y a une intervention particulière avec une notion de malaise évoqué, les services agissent le mieux possible pour l'intérêt général du service et de l'agent", affirme Didier Durand, colonel adjoint aux services SDIS 59. 

Jacques Houssin, président du SDIS 59, quant à lui, abonde en expliquant que "le SDIS écoute toujours, entend et agit" et énumère les différentes mesures prises pour améliorer les conditions de travail du personnel : recrutement d'un officier chargé des violences, formations des agents sur les violences ou encore conventions avec la justice et les services de police... Selon lui, "les nordistes" ne pourront "pas comprendre des actions « à la carte » à travers une grève de « confort » qui s’inscrit dans la durée."

Malgré tout, le sentiment d’injustice perdure pour une partie du personnel, bien décidée à maintenir la grève. Les agents devront continuer d'assurer un service minimum, appelé "service du samedi, explique Marc Lehoucq. Le matin sont effectuées les tâches administratives, l'entretien des locaux et des engins, et l'après-midi, on a le temps de faire du revendicatif", en affichant des "calicots" sur les véhicules afin de sensibiliser la population et enfin se faire entendre par les décideurs.

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