Les longues périodes de fermeture en raison de l'épidémie de Covid-19 sont terminées depuis deux ans, mais leurs conséquences commencent à peine à s'estomper. Après une année 2022 en "dents de scie", les exploitants de cinéma des Hauts-de-France espèrent faire le plein dans les mois à venir, malgré l'explosion des coûts de l'énergie.
En ce mois de janvier 2023, les exploitants commencent enfin à souffler. Merci aux héros bleus de James Cameron qui explosent, n'ayons pas peur des mots, le box-office depuis le 14 décembre dernier : "Avatar 2 : la voie de l'eau a attiré 100 000 spectateurs en trois semaines, alors que Top Gun : Maverick a fait 80 000 entrées en six mois. C'est notre n°1 sur les cinq dernières années", confirme François Minebois, directeur du plus grand cinéma de France, le Kinepolis à Lomme dans le Nord.
Le nouvel opus de la saga écologique profite d'ailleurs à tous les exploitants, même les plus petits, à l'image du cinéma municipal Le Vox à Fort-Mahon, où la version en 3D "a cartonné", se réjouit Dany Mehinovic. Selon la responsable de l'établissement, "les gens attendent les blockbusters".
Les chiffres publiés en janvier par le Centre national du cinéma (CNC) lui donnent raison : le fort rebond constaté en 2022 dans les salles obscures françaises (152 millions d'entrées, en hausse de 59,2% par rapport à 2021) a essentiellement été porté par des suites de méga productions hollywoodiennes (Top Gun 2, Avatar 2, Black Panther 2, Jurassic World 3).
Retrouver les chiffres d'avant Covid
La reprise avait commencé dès le mois de mai 2021, après 300 jours de fermetures administratives dues à la crise sanitaire. Une éternité. Dans son rapport annuel sur la fréquentation des cinémas dans les Hauts-de-France publié en décembre 2022, l'Acap - pôle régional image constate "à la fois une proportion plus importante de spectateurs 15-34 ans (+3 points), une augmentation de 43% des entrées par habitant, une part constante des publics assidus et une remontée des publics réguliers (+3 points) tout comme des occasionnels (+8 points)."
Mais comme le rappelle François Minebois, 2022 avait commencé timidement, avec un "pass sanitaire obligatoire jusqu'en mars et on ne pouvait pas vendre de confiseries jusqu'en février. (...) C'est une année en dents de scie."
Selon le CNC, la fréquentation l'an passé restait effectivement inférieure de 27% par rapport à l'avant-Covid et les 213 millions d'entrées de 2019 semblent encore hors de portée : "Tout le monde aimerait atteindre les 200 millions d'entrées de 2019. Mais on n'aura pas Avatar tous les ans", prévient Quentin Delcourt, le directeur du Majestic à Compiègne.
Prendre en compte l'inflation et le coût de l'électricité
D'autant que les conséquences des confinements, qualifiées par l'Acap "d'externalités négatives induites" se font toujours sentir : matériel mis à mal, départs volontaires d'employés et des fonds de caisse qui peinent à se remplir : "On ne parvient pas à reconstituer la trésorerie en raison des coûts de l'électricité. Notre facture a été multipliée par 3 à 4,5", s'inquiète Quentin Delcourt.
Les exploitants s'adaptent comme ils peuvent. Au Majestic, "on a essayé de chauffer un peu moins, on allume les lumières moins tard. On n'est pas habitués, c'est très compliqué" ; au Kinepolis, géant du secteur de 40 000 m2, "les éclairages intérieurs sont presque totalement en LED et nous avons installé des détecteurs de mouvement dans des couloirs peu utilisés", précise son directeur François Minebois.
2023 s'annonce donc comme l'année de tous les dangers pour les 119 cinémas des Hauts-de-France. Et contrairement à l'année précédente qui n'a vu aucun film français dans le top 10, une première en 34 ans, le salut pourrait venir des animations et des productions nationales comme Astérix : l'Empire du milieu et Les trois mousquetaires : "Les spectateurs ont envie d'événements, comme les venues d'équipes de film, de festivals et de contact", assure Quentin Delcourt, directeur du Majestic de Compiègne.
L'avant-première au Kinepolis d'Alibi.com 2, la nouvelle comédie de Philippe Lacheau semble le confirmer : les deux salles prévues pour l'avant-première ont affiché complet.