Le président de la Métropole Européenne de Lille sera convoqué en Juillet 2023 pour être jugé par le tribunal de Lille. C'est une information du site d'investigation Médiacités qui a publié en juillet des extraits de l'enquête préliminaire qui vise Damien Castelain, président de la MEL, pour détournement de fonds publics afin d'acquérir notamment des parfums, services de bien-être ou nuits en hôtel de luxe entre 2017 et 2018.
Damien Castelain a-t-il fait payer à la Métropole Européenne de Lille des frais personnels ? A lire l'enquête préliminaire dont Médiacités publie en exclusivité (article payant) des extraits, la réponse à cette question va clairement devoir être tranchée par un tribunal.
Pour les enquêteurs de la Police Judiciaire, des nuits d'hôtels de luxe, cadeaux ou restaurants posent question. « Au regard des investigations, Damien Castelain peut être poursuivi en qualité d’auteur de délit de détournement de fonds publics, favoritisme et prise illégale d’intérêts », écrivent les policiers à l'issue de leur enquête bouclée fin juillet.
"Damien Castelain alerte sa compagne que leur domicile va être lui aussi visité par la police. "
— Pierre Januel (@PJanuel) August 28, 2020
"A 17h13, sa compagne appelle son fils, pour qu’il fasse disparaître quelques effets personnels du domicile mais aussi des flacons de parfum Terres d’Hermès…"https://t.co/XFkcMqLwgv
Parmi les dépenses litigieuses : des nuits dans un grand hôtel parisien 5 étoiles. Damien Castelain a toujours affirmé qu'elles étaient justifiées dans le cadre de son mandat de président de la MEL. Mais la police a pu établir qu'il y passait des nuits (au moins deux) avec sa compagne. Une nuit a même été réservée et payée par la MEL, alors que personne ne s'est présenté à l'hôtel. Concernant les repas récurrents, à deux, dans un restaurant du Pas-de-Calais, les policiers ont pu établir que M. Castelain était toujours avec sa compagne.
Ecoutes téléphoniques
L'enquête apporte aussi des éléments concrets concernant l'usage présumé abusif du véhicule de fonction du président, une embauche litigieuse d'une conseillère presse, des places de matchs du LOSC distribués aux élus.
Le directeur général des services de la MEL, Bruno Cassette, est également dans le viseur des policiers, qui affirment que certains de ses repas payés par la MEL avaient des motifs professionnels douteux, avec des factures d'alcool très importantes.
Médiacités révèle également que Damien Castelain et sa compagne A.D pourraient avoir cherché à dissimuler des preuves et à se mettre d'accord pour mentir aux policiers. Leurs téléphones étaient sur écoute dès fin décembre 2018, au moment des perquisitions à la MEL et au domicile de la compagne du président à Saint-Laurent-Blangy.
En juin 2018, quand les premières informations sont sorties dans la presse, le président de la MEL s'était défendu en parlant d'une chasse à l'homme "téléguidée et organisée" : "J'ai une haine face à ces nouvelles attaques incessantes de Médiacités, avec des insinuations abjectes et infondées. Tant sur le fond sur sur la forme". Damien Castelain a depuis remboursé 20 542,43 euros pour tenter de mettre fin à la polémique. Il a été réélu président de la MEL en juillet dernier (et a fait voter une augmentation de 40% de ses indemnités) mais certains de ses soutiens avaient affirmé qu'ils ne le défendraient plus si des manquements graves étaient prouvés.
Le président de la Métropole Damien Castelain devrait être convoqué par le tribunal correctionnel dans cette affaire de frais de représentation. Le parquet a aussi récemment requis son renvoi devant le tribunal correctionnel pour "recel d'abus de confiance" dans une autre affaire : il est soupçonné, alors qu'il était vice-président de la MEL, d'avoir bénéficié au tournant des années 2010, de 18 000 euros de pierres livrées par le constructeur pour une terrasse personnelle en marge de la construction par Eiffage du Grand Stade Pierre Mauroy.
Le camp Castelain fustige Médiacités
Sollicitée, l'avocate de Damien Castelain, Florence Rault, a diffusé un communiqué.
"La Défense de Damien Castelain s’indigne qu’un tiers puisse accéder à un dossier d’enquête sans en être partie et ainsi revendiquer de se trouver en infraction des dispositions légales relatives au secret de l’enquête.
Damien Castelain déplore une nouvelle fois que ce média se substitue à l’autorité de poursuite, alors même qu’il n’en n’a ni la qualité ni les compétences ni la légitimité. La Défense de Damien Castelain entend réserver ses réactions à l’institution judiciaire à qui une certaine presse entend imposer une pression certaine et orientée choisissant de faire une analyse partiale voire partisane et exclusivement à charge d’un dossier, outrepassant largement un simple devoir d’information.
Une procédure pénale répond à des règles précises, règles de droit et de procédure qu’il serait souhaitable de voir respecter. La Défense de Damien Castelain, lequel bénéficie du principe de la présomption d’innocence consacré par la loi, refuse de participer à toute manipulation de l’opinion et à un quelconque cirque médiatique qui se substituerait à l’action légitime de la Justice."
Le président de la Métropole Européenne de Lille (MEL), Damien Castelain, est convoqué devant le tribunal de Lille. Il sera jugé à partir du 3 juillet.