Reprise de Carelide : "On est arrivé au bout du bout, si on n'a pas de repreneur, c'est la fermeture définitive"

Des croix marquées Carelide alignées dans un cimetière improvisé. L’image est forte, les salariés de l’usine en sursis veulent marquer les esprits. Ils attendent ce vendredi le nom des repreneurs potentiels pour sauver le seul fabricant français de poches de perfusion.

"On a marché, on a chanté, on a ri. Pour l’instant, on espère encore". La déléguée CGT de l’entreprise y croit encore. "Mais si on n’a rien à la fin du mois, alors là, on va changer de ton". C’est en effet le 25 janvier que le tribunal de commerce de Lille devra trancher : y’a-t-il un repreneur, ou pas, pour ce fleuron régional de l’industrie pharmaceutique ?

"Jusque-là, on est resté discret, on ne voulait pas perturber les visites des personnes intéressées", ajoute Laëtitia Boumaza. Trois visites ont eu lieu ces derniers jours dans l’usine de Mouvaux mais pour l'instant, pas plus d'informations. 

Xavier Bertrand, le président Les Républicains de la Région Hauts-de-France, présent dans le cortège, l'affirme : "il y a un repreneur. Il en existe un, sérieux et solide. Et il y aura en plus des investissements, de l'Etat et de la région". Rien d'officiel encore alors les salariés qui manifestent ce vendredi restent prudents. Pas de fausse joie dans ce cortège de 200 personnes environ.

Le maire DVD de la ville, lui, espère une reprise par l’Etablissement français du sang. "C’est une des pistes, affirme Eric Durand, c’est un établissement public, ça serait logique que l’Etat agisse. Pendant la crise du Covid, ils sont tous venus visiter Carelide, les ministres, les élus. Maintenant, il faut agir."

Symbole de la souveraineté française

Carelide, symbole de la souveraineté française en matière de santé, seule entreprise à produire du paracétamol en poche de perfusion. 43 millions de chiffres d'affaire en 2019, mais à cause d’une "impasse de trésorerie", le tribunal de Lille place l'usine en redressement judiciaire, en octobre dernier.

"Le groupe Verdoso qui nous a repris en 2019 a reçu 34 millions d'euros de la part de Gérard Mulliez qui nous détenait avant, s'agace la déléguée CGT. Mais depuis, ils nous lâchent, ils n’investissent plus".

L’Etat a pourtant versé 5 millions d’euros d’aide en pleine crise du Covid. « Pas suffisant », pour l’organisation syndicale.

 Surtout pour faire face à la concurrence drastique des deux autres entreprises spécialisées, une Allemande, une Américaine. "Face au dumping, on doit utiliser nos armes, défend le maire de Mouvaux, c’est le moment de privilégier la production française".

A côté de lui, interpellé par les manifestants et les nombreux journalistes, le député de la Somme, François Ruffin, interpelle le président Macron : "Il nous dit, en plein Covid, que déléguer notre santé à d'autres est une folie, il a raison mais alors, comment fait-on pour être autonome demain ?"

450 familles à l’abandon

La fermeture définitive, pour l’instant, les salariés n’y pensent pas mais "on est vraiment arrivé au bout du bout", se désole Vincent Wyon, technicien chimiste depuis 16 ans. Comme lui, 450 personnes environ travaillent pour l’entreprise. "On ne va quand même pas laisser toutes ces familles à l’abandon?", alerte Laëtitia Boumaza à la fin de cette marche solidaire. "Au moins, aujourd'hui, on est dans la lumière, dit la représentante CGT, on a des compétences, si elles se perdent demain, ça serait un malheur".

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